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la deuxième moitié du iiie siècle (fig. 7591). On voit au centre, sur un fond d’or, le Soleil conduisant son quadrige ; il est entouré de douze figures de femmes nues ; ce sont les Heures, blanches si elles sont diurnes, noires si elles sont nocturnes[1]. Plus loin douze personnages, visibles jusqu’à mi-corps et que distinguent des attributs divers, représentent les Mois ; enfin contre le bord extérieur sont rangés les signes du zodiaque. Des inscriptions indiquent avec précision la date du mois et l’heure du jour ou de la nuit où le soleil entre dans chacun des signes, car tel est l’objet de cette composition astronomique.

Table astrologique - planisphère Bianchini
Fig. 7592. — Table astrologique dite « Planisphère de Bianchini ».

Monuments astrologiques. — Le plus célèbre de ces monuments est celui qu’on appelle fort improprement le « Planisphère de Bianchini », du nom du savant italien qui le fit d’abord connaître par une communication à Fontenelle (fig. 7592)[2]. Trouvé à Rome sur l’Aventin, en 1705, il est entré au Louvre sous Napoléon Ier[3]. Lorsqu’il était complet, il formait une table de marbre de deux pieds romains de côté (58 cent.), où étaient gravées au trait un grand nombre de figures réparties en cinq cercles concentriques, subdivisés par des rayons. Dans les écoinçons étaient placés les bustes des Vents soufflant des quatre points cardinaux, disposition fréquemment adoptée[4]. Le médaillon central est occupé par les constellations polaires, le Dragon et les deux Ourses ; dans le cercle suivant sont disposés les douze animaux de la « Dodécaoros »[5], chacun d’eux étant placé auprès du signe du zodiaque auquel il se rapporte ; la série de ces signes remplissait la zone contiguë, entourée elle-même par un second zodiaque, semblable au premier et, comme lui, offrant une combinaison curieuse d’éléments égyptiens et grecs. Au-dessus de chaque case, des chiffres indiquent, selon le système égyptien, les « confins » (ὅρια), c’est-à-dire ceux des trente degrés où chacune des sept planètes a sa puissance la plus grande[6]. Trois figures égyptisantes, debout sur chaque signe, personnifiaient les trente-six décans[7] ; mais il n’en reste plus que huit. Enfin, en dehors de la dernière circonférence, une série de bustes nimbés, placés au-dessus des décans, représentent les planètes (πρόσωπα) qui passaient pour appartenir à chacun d’eux[8]. Cette

Thème de géniture trouvé à Abydos
Fig. 7593. — Thème de géniture trouvé à Abydos.

table doit avoir servi à un usage pratique ; elle paraît avoir été destinée à faciliter l’étude des combinaisons astrologiques ; c’est probablement dans ce but que furent gravés côte à côte deux zodiaques identiques, répétition dont on n’a pas encore fourni d’explication satisfaisante[9].

Il ne s’est conservé en Occident aucune représentation monumentale d’un horoscope comparable à celles que nous avons signalées en Syrie[10], bien qu’il on ait certainement existé à Rome[11]. Certaines compositions, où les planètes sont juxtaposées aux signes du zodiaque sur des pierres gravées, doivent peut-être s’expliquer comme indiquant la constellation où se trouvait telle étoile à un moment donné[12]. On notait sommairement l’état du ciel au moment d’une observation, en dessinant un cercle partagé en douze secteurs égaux, attribués chacun à un des signes, et l’on y inscrivait les noms des planètes suivant leur situation, en y ajoutant l’indication de l’ascendant (ὡροσκόπος), c’est-à-dire du point qui émergeait à l’Orient sur l’horizon et dont l’importance était capitale (fig. 7593)[13]. Dans leurs ouvrages, les mathematici [mathematici] figuraient les thèmes de géniture par un procédé sommaire et mystérieux pour les profanes. Substituant le rectangle au cercle et la règle au compas, ils traçaient une figure carrée ou oblongue subdivisée par des lignes transversales, de façon à former douze cases

  1. Cf. supra, p. 1048 n. 25.
  2. Fontenelle. Histoire de l’Académie, 1708, p. 110.
  3. Fröhner, Sculpture du Louvre, no 4, p. 15 sq., Clarac, pl. 248 bis, no 410 = S. Reinach, Répert. stat. I, p. 118 ; cf. Boll, Sphaera, p. 229-305 et pl. v. Un fragment d’une table analogue est publié d’après un ms. de Peiresc par Montfaucon. Ant. expl. t. I, pl. ccxiv, et Suppl. t. I, pl. xvii = Boll, op. l. p. 303.
  4. Cf. Cumont, Mon. mystères de Mithra, t. I, p. 95 ; 96, n. 1.
  5. Cf. supra, p. 1047.
  6. Bouché-Leclercq, Astrol. grecque, p. 206 sq.
  7. Les noms grecs des divinités des décans sont énumérés par Cosmas de Jérusalem, Cat. codd. astrol. gr. V, pars III, p. 122. Cf. supra, p. 1048, n. 17 et infra, p. 1059, n. 6.
  8. Bouché-Leclercq, op. l. p. 224 sq.
  9. Cf. Boll, op. l. p. 310, n. 1. Les planètes devaient être représentées par des jetons, qu’on plaçait sur les signes du zodiaque où elles s’étaient trouvées au moment du l’observation. Si deux ou plusieurs planètes étaient réunies dans le même signe, on se servait commodément du double zodiaque. Comparer l’instrument dont use l’astrologue Nectanébo dans le Pseudo-Callisthène, p. 4 (Müller et Budge, The history of Alexander the great, Cambridge, 1889, p. 5, sq.
  10. Supra, p. 1047 sq.
  11. Supra, 1048, n. 9. La distribution des planètes dans un Mithréum d’Ostie indique peut-être leur position au moment de la fondation du temple ; cf. Mon. myst. de Mithra, t. I, p. 115. Horoscope de l’église Sainte-Sophie à Constantinople ; cf. infra, p. 1060.
  12. Capelle, Prodromus iconicus sculptilium gemmarum, Venise, 1702, no 8 : Gori. Thesaurus gemmarum astriferarum, 1750, 1. pl. 34 (= Kopp, Palaeographia critica, III, 1829, p. 531) ; pl. 89 sq.
  13. Reconstitué d’après Perdrizet et Lefebvre. Graffites grecs du