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rendent très vraisemblable Thypothèse de cet em- prunt. Mais il nv a pas eu que lÉgyple pour donner cette leçon à Tlonie. L’art chaldéo-assvrien avait ample- ment tiré parti de cette disposition décorative : bandes sculptées à plusieurs registres sur les dalles qui pro- tègent la partie inférieure des massifs de brique, bandes peintes sur l’enduit qui revêt la partie haute des murailles, briques émaillées de Nimroud, faisant une large place à la figure de l’homme et de Taniinal ’. Enfin l’origine de la frise architecturale est également dominée par la tradition de la frise ornementale, tradition fort ancienne en Asie, si Ton en juge par les cylindres gravés de la Chaldée, tradition très répandue, dont témoignent quantité d’objets usuels et à laquelle semblent obéir avant tout les sculpteurs d’Assos. Toutes ces raisons permettent d’expliquer : i° l’importance exceptionnelle que prend le décor par bandes imagées dans l’architecture archaïque de ces mêmes régions (temples, autels, murs d’enclos sacrés, tombeaux, sarcophages) = ; 2° la variété des emplacements tout d’abord assignés au sophoros^, qui n’est encore qu’une transposition plastique de la décoration peinte*, mais ne constitue pas un membre distinct ; 3° la superposition de plusieurs zones historiées sur un même monument (tombeau d’Hoiran °, hérôon de Trysa^, monument des Néréides à Xanthos sarcophages lyciens*). La richesse de ce décor convenait à l’exubérance naturelle de l’Ionie et à son goût pour l’ornementation prolixe ; l’Ionie en tira le plus grand parti possible. Au temple archaïque d’Assos, en Troade, la sévérité du dorique dut s’accom- moder d’une architrave historiée, véritable zophoros sous la frise de l’ordre, dont les métopes ont également reçu des sculptures. A l’hérôon de Trysa (Lycie, fin du v« siècle), 108 mètres de reliefs ioniens se déroulaient sur deux registres superposés, le long des assises supérieures du mur d’enceinte (tig. 6o3i et 7t>03) ’. Au monument des Néréides, tombeau-temple d’un chef lycien, vers l’an iOO, et prototype du Mausolée d’Hali- carnasse, la frise sculptée de la colonnade ionique occupait tout le champ de l’épistyle ; une autre frise courait sur la face extérieure du mur de la cella ; deux frises paraient d’une double ceinture historiée le soubas-

1 Riils :e^vay, toc. cit., expose les raisons pour lesquelles uue induence ass)Tienne na lui parait pas possible ; il est certain que, si l’on prend pour point de départ la di»coralion de la maison liomérique. les grands reliefs de Ninivc sont postérieurs : toutefois, en Asie Mineure, on ne saurait méconnaître l’inlluence de Tart assyrien sur les reliefs rupcstcesde Phrygie (vue s.), où l’on retrouve des scènes continues. Chei les Terses, la toiture était une épaisse terrasse, dont la tranche, au-dessus des solives, ofTrait un champ pour une frise de reliefs, tels que les lions émaillés de Suse ; mais il s’agit là d’une époque relativement récente. — 2 Aux monu- ments cit/-s infra ajouter le « Monument des Harpies », à Xanthos, tombeau sur pilier rertançulaire avec frise sous la toiture : Perrot-Chipiei, Uist. de l’art dans Canl. VIII, p. 331 sq. et (ig. li»-li^< : S. Reinacb, flt’per». de reliefs, 1. p. 470-471. I^s bas-relufs arcbii ques de Thasos, avec Apollon, les Nymphes, Hermès et les Kbarites, sont le parement don autel monumental ou ti’un mur d’enclos sacré : Perrot-Chipiei. op. cit. Vlll. p. 3.ï| sq. : S, Heinacb.op. cit. I, p. 4i5-4i6. — 3I’oler que, conformément à la tradition égyptienne, on commence par décorer de préfé- rence les parties supérieures de plans unis, murailles, soubassements ou piliers, tandis i|u’en Mésopotamie les sculptures se trouvent sur les parties inférieures. Tbiersch, toc. cit. p. 49, lire de ce f.iit nn nouvel argument en faveur de l’origine égyptienne du ;o ;iAoroi. — * A propos du bas-relief né sur les murailles du temple el issu do dessin colorié cf. Lerliat, La sculpture nttigiic avant Phidias. p. ’J5 el ÏSfi. — •’ Perrol-Cbipiei, op. cil. V, p. lliS, tig. i5l. — S Beundorf- Nicmann, lias Ueroon ton Gjôlbaschi-Tnjsa. IS8’J ; cf. Colliguon. op. cil. Il, p. iOÏ-JI5 ; Keiuach, op. cit. I, p. Wh3-464, et Kocpp dans Areh. Jahrbuch d. Intl. XXII, H07, p. 70-77. — ’ Oarm, op. cit. p. 301, .loi, bibliogr. p. : !8ii ; Collignon, op. ci(. II. p. ÎI5-SI9, cl La statues funêr. dans l’art grec, p. i43- i45 ; S. lieinach, op. cil. I, p. 47i-4s5. — » Beundnrf-Nieraann, Jteiscn m Lyibien, 18S4, p. 107 ; F*etersen-t.u>cbaD, Beisen in Lykicn, 1889, p. 1 et 23 ;

sèment rectangulaire. Quant au Mausolée, on y a res- titué les fragments de trois frises sculptées. Enfin, au grand autel de Pergame (fig. 3504), la frise du soubas- sement finit par envahir le champ tout entier, sur une hauteur de 2 mètres 30.

Conslilutiond’un type canonique. — Dèsle vi’ siècle, avec l’inlluence de l’ionisme, la frise ionique passe sur le continent grec. Delphes en a fourni un remarquable exemple dans le trésor des Siphniens, construit vers 530. Cet édicule in atitis, où tout l’elTet se concentre sur la sculpture, s’orne à son pourtour d’une frise présentant une suite ininterrompue de reliefs ’". Ici, le soplioros con- stitue dans l’ordre un membre distinct, dressé au-dessus de l’architrave, dont une large bande d’oves le sépare. On en voyait un autre exemple dans le trésor de Cnide, qui a servi de modèle au trésor de Siphnos". Mais ce sont là œuvres d’Ioniens. La Grèce proprement dite, avant d’adopter pour ses temples un nouvel ordre d’architec- ture, commence par incorporer le zophoros d’importa- tion ionienne dans son architecture nationale. A Olym- pie, dans cette seconde moitié du vi’ siècle, le trésor des Mégariens olTraitune combinaison de la frise ù triglyphes et métopes el de la frise continue ; la première décorait la principale façade, sous le fronton, etla seconde formait un étroit bandeau cosmophore sur les faces latérales ’". C’est surtout dans les grands temples d’.thènes, alors toute pénétrée d’influences ioniennes, que se manifeste la préoccupation de corriger l’austérité dorique par un ingénieux emploi du so/>/toros. Quand les Pisistratides transforment l’ancien Hécatompédon, temple d’Atliéna Polias sur l’.Vcropole, cl le font agrandir en périptère par l’adjonction d’un péristyle extérieur (perislasis), l’ordre périptère comporte une frise dorique ; mais l’ordre intérieur reçoit une frise continue sur le mur du sécos. Ainsi, la prrislasis dorique enveloppait un sécos ionisant’*. Les architectes du Parthénon, sous Périclès, ne firent que reprendre ce dispositif. Ils main- tinrent à la colonnade de lapéristasis l’entablement nor- mal, avec sa frise de triglyphes etde métopes sculptées ; mais une véritable frise ionique encercle le sécos amphiprostyle ’* : c’est la frise des Panathénées. Notre figure 7tiO-2, qui représente une coupe sur le péristyle et

s. Keiuach, op. cil. I. p. 487, 488. — 9 Perrot-Chipiex, op. cil. VII, p. 477 (élévation du temple d’Assos d’après les relevés de Clarkc) ; VUI, p. i56-ï65 ; S. Reinach, op. cit. I, p. 3-6 ; SatUaux, Les sculptures et la restauration du temple d’Assos, 1915 (combat le principe de la restauration de Clarke). Beaucoup Irop rajeunis par Clarke, ces reliefs doivent dater de la seconde moitié du vi’ siècle. — 10 Fouilles de Delphes, H. 1902. Relevés et restaurations, pi. xi ; IV, 1906. Monuments figiirés, Sculpt. pi. ix-x, xiii-iv, iii-iiiii ; Perrol-Chipiei, op. cit. Vlll, p. 303-366, fig. 159, 163-177 ; S. Heinach, op. ci(. 1,1909, p. ti7-133 avec références bibliogr. p. 116 ; Dinsmoor, dans Uull. corr. hell. 1913, p. 63-67 (observations sur l’encadrement de la frise, rapprochements avec les frises ioniennes de l.ycie, connexion de la frise et de lépistylc, cf. fig. 10) ; Bourguel, Les ruines de Delphes, 1914, p. 79-S8. Hauteur de l’édiculc, 6 m. 95 environ ; hauteur moyenne de la frise, m. 645. — I’ Malheureusement il ne reste à peu près rien de ce premier clief- d’teuvre de l’architecture ionique. A propos du trésor de Sicyone, qui remonte à Tan 570 environ, Furlwacuglcr a pu supposer qu’il comportait une frise continue, à cause de la forme très allongée des plaques sculptées : Phiiol. Wochenschr. 1894, p. 1275 ; mais le peu de liaison entre les sujets porte à croire qu’il s’agit plutôt de métopes : cf. Homolledans Bull. corr. hell. 1890, p. 657. et Perrol-t.hipiez, op. cil. VIII, p. 455. — 12 IVrrol-Chipiez, op. cit. VII. p. 490 ; cf. Olympia, Tafelband, pi. xxivi. — 13 Schrader, Der Cellafries des alten Mhenatempels, dans .Uhen. .Vitth. XXX, 1905, p. a05-3ii ; Diirpfcld, ibid. XXXVI, 1911. p. 41 : Colliguon, Le Parthénon, Paris, Eggimann, 1912, p. 4, et Hachette, 1914. p. la- ie ; pour les reliefs de celle frise, voir Léchai, op. cit. p. 40S-4I3, et Diclins, Calai, of the Acropolis Mus. I, 1342-1344. — I* l’errot dans Mélanges H. Wcil, p. 363 sq. 370 ; Fougères, Les origines du Parthénon et l’influence de l’ionisme svr l architecture dorique à Athènes (hommage à L. Olivier), Paris, 1911 ; Id. .l(/i.iics, 1912, p. 76-78 ; Colliguon, op. cil. Eggimann p. 23-S4 ; ilacbelU