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Vasu à liiîiTc.

tagés par des auteurs s(^rieux. La bière est indigcsle ’, enge’ndre des flaluosités et des liiimcurs pernicieuses ; ce diurétique est funeste aux reins et au système nerveux : il provoque i elépliantiasis - ; il est caustique et échnullani ’. Ces griefs sont encore formulés, sauf excepUons, contre le çouxêë ; l)yzantin *. Aristote ne craignait pas de déclarer ’• que l’ivresse des vins de raisin faitpenclier les buveurs principalement en avant ; celle du vin d’orge, qu’il appelle tiîvov, les fait toujours tomber à la renverse. Tandis que, d’après Dioscoride", la bière a une fâcheuse action sur la peau du visage, les Gauloises et les Espagnoles en utilisaient l’écume pour entretenir la fraîcheur de leur leint ’. Les auteurs d’Occident sont plus favorables à ce breuvage : la variété dite ciirmi guérit la toux’ ; on la préconise en cas de vers intestinaux ; la levure est efficace contre l’entlure des glandes ’, etc.

Le pain, en (iaule et en Esijagne, passait pour plus léger qu’ailleurs, parce que les boulangers rem- plaçaient le levain par de l’écume de bière ’". Chose singulière , la boisson d’orge ou de blé n’est signalée en Germanie ni par César ni par Pline ; Tacite ", le premier, en fait men- tion. Elle devait y être plus ancienne, car, d’apuès les Commentaires du dictateur, l’importation du vin étjiil proiiibée chez les Suèves, convaincus que cette liqueur énervait les lempéramenls et alTaiblissail les courages ’-. On a soupçonné " avec raison qu’ils redou- taient plutôt l’invasion des marchands Italiens, avant- coureurs des armées romaines.

Aliuu’nt et remède, la bière avait encore, en raison de son acidité, un emploi industriel : on s’en servait pour amollir l’ivoire et le travailler à son gré ’*.

Il a dû exister, pour cette boisson, des récipients spéciaux (lig. 1338) ’°. A Gordion (Phrygie), on aexhumé des vases, imités de formes métalliques, qui peuvent bien avoir contenu delà bière (fig. 7(508) "’ : le déversoir, très allongé, est modelé en escalier ; sur quelques exem- plaires, il présente même un rebord saillant à l’exlré- niité, ayant pour destination apparente de retenir les parties solides pendant que le liquide s’écoule au-dessus. Pour mieux l’éclaircir, on ménageait aussi parfois, à l’ouverture supérieure, une sorte de tamis. Non moins caract(M-istif[ue est l’anse qui se prolonge au-dessus du vase ; elle permettait de puiser dans le grand bassin- réservoir sans tremper la main et en laissant le bec hors

I Orjh. Co((. mrrf. V, il. 12. — i Ilioscor. |1, lOU sj. — 3 Galeii. XIV, 10, 10 ; l-aul. Apgin. Vll.’s. - <• Sini, pplli. ff. | l’J. — i A},. Ailiun. I. 34 lij X, U’ a-b ; Euslatli. Ifiç. cil. note il, p. 1073. — G Cf. nqlc i. -T ’ (Min. ;V«(. /.. XXII, lili. — SMarccM. KmniC : XVI, 33. — s Id. XXVI||, i. — 10 flin. A’<i(. A. XVMI, es. — Il Germ. j :t. - 12 De brll. gall. IV, i, 6.

— (’ !t. Pilliard, L^ ngne il(ins fniUiquiti-, |,yon, 19(3, p. SO. — U l’iul. Au M(((os. fift (ii/’cj : ««^c. 4 (lUoroi. p. 4119 K| ; bioscQr. e Sini. Sclli. II. ce- -=- 1^ l.’inscrinlipit <lf. ccUc l(ifena est maiiitcnunl an Corp, inscr. lat. Xtll, 1001s, î. — !’• (j. cl A’ K"’ !», Ar(h. Anz. XVI (|901|, p. 7-8 (iipirc fijiHro 1608 = ^. ti. — I" Xcn, Anah. IV, 5, Ï6 »q. — " Cf. nplc 3, p. 1075. — 19 J. Ilarrissqii, ^uHr-i. o( hell. t(Hd. ]jîi|ll (ISQS), p. 323. — 20 Carp. inscr. lat. VII, I7û.

— i p|in. jYa(. *■ .NV !I !, «îi pcpl ?, Oloft. («(. V, ?47, 13 ; VO ;t, 65 ; 616, S6.

— >- M. Iliilicrl, (lanH les MiHanfjet Cagnat, l’ari», 1012, p. 290 sq. Sainte brigilte au v* iitrle, lions garderait le soiivrnir d’une déesse irlandaise de la

de la masse liquide. ’. chaque palier de celui-ci la bière se décantait et du même coup on remplissait les coupes sur la lable Ces vases sont d’assez petite taille ; sans doute n’absorbail-on qu’une faible quantité, ou bien Ton ajoutait de l’eau dans les vases à boire. On opérait autrement chez les Arméniens du Nord, où passèrent les Dix mille en retraite [cervisia, p. 1087] : là, dans les cuves, l’orge elle-même lloltait jusqu’au bord ; pour n’en rien avaler, on aspirait au moyen d’un grand chalumeau Ireuipé dans la bière.

Ce breuvage, comme toutes les autres productions, a joui du patronage d’une divinité. Du moins, chez les Thraces ’*, Dionysos fut le dieu de la bière avant d’être le dieu du vin ; la mijslica vannus lacclii [vamnus], ou X ?xvov, était à l’origine le v ;in nécessaire au cultivateur de ci’réales ; elle devint une simple corbeille <à fruits, quand le vin de raisin l’emporta ". Les pays celtiques paraissent avoir connu des cultes analogues. Dans une province de Bretagne est venue au jour une dédicace-" au dieu Mars liraclaca, qui dut être le dieu du malt (bracis)^’ ou du brassage. Sucellus, l’idole gauloise au maillet, employait cet instrument, nous diL-on *", à fabriquer le chaudron du brasseur et le tonneau où se conservait la bière. Plusieurs monuments le représen- tent avec un barillet à ses pieds ; ils proviennent. Il est vrai, de régions à vignobles. ÏS’antosvelta, parèdre de Sucellus, serait elle-même déesse de l’hydromel, et tous deux auraient présidé à des libations mystiques et rituelles procurant une ivresse sacrée.

Sur un tonneau se lisait l’inscription : Cc»*i’es^< ;’(ù’«  féliciter) ’" ; elle nous donne le nom des fabricants de bière en Gaule. En Egypte, il est plus d’une fois question des "uTOTcotoi ^’ ; on ne distingue pas nettement, dans la î^uTOTtoita ’■'% le rôle du Çuuo’jpyô ; ^^ : peut-être se bopnall- il à livrer au brasseur un ferment. On trouve en outre des marchands de bière', distincts sans doute dos fabricants.

Mais ici se pose la question du régime fiscal de cotte denrée en Egypte ^’. Fut-elle l’objet d’un monopole d’État ? Plusieurs auteurs hésitent beaucoup à l’ad- mettre" ; d’autres ’° concluent à un monopole de fabri- cation et de vente, car il est fait mention d’une aùvxalii des ÇuTc, :roioî. La matière est fort obscure. Sous les Plo- lémées, ces industriels acquittaient un orlço ; mensuel : on voit deux associés payantà ce litre pour un mois 8 talon ! s de cuivre". Le chiiïre est bien élevé pour se rapporter à une patente ; il paraît plus probablement indiquer une redevance de fermier. Le droit de brasser la bière aurait été afTermé exclusivement par le souverain, en vertu d’un monopole à rapprociier de ceux de l’huile et des tissus. Nombre de papyrus, d’autre part, portent la trace, à l’époque impériale, d’une ÇiJTT,pà (Ù)vyî), doal

bière. — 23 Corp. inscr. lat. XIII, 10.012. 7. Cf. lo teite de liiei : fled^it) et cer»i[siitms T], ibid. 5(11.372, 6. — ^Hjienfell et llunl, ^lyl|m loums, 1900, Oslr. 8, 1 ; (d. Hibell Vapyri, I 11900), 94, 10. — ^’ AViyi.m louas. Sl’i ; Oslr. lOj 4. _ 16 lOiJ. 533 ; 11). Amherst pafyri, Il (1908), 126, 4-.-> ; 128, ï» ; Wcssaly, t’oi/i. pnp. Hermupolil. Lips. 1 (lOo.î), 127 1(, 39. — " Oxi/rk. paf. Qli N, 4 ; litrl. ,/r. i/r*. |, 38, lij. — 3» Cf. ti. Wilckop, Grtind :ige dtr Papijraskiindi-. I.eipi. 1912, |i. 2.ÎI-252. — 2» A. I !ouoli«-I.eclorc(|, /iist. dtt Uiiiides, l’aris, III (lUUli). p. 2(8-249 ; W. OIto, friesler und Tcmpel, I.elpi. l’jûs, II, p. 2S7. II. Masporo [Les finances de l’Éyijple sous les Lagidet l’Uris, lOO’i, |i. 8.1) parle il’nn incinopolc Iktif. — 30 (irunfell el llunl, Telilgnis pini. .o»iion, I (|90i|. p. 48 eq. ; Wilckco. loc. eil. — >l Or«i|- fell <ii Himl, Aew fiagiutnls, 1897, 39 ; Wilclvo.i, Chcslomalhie. I.eipi. I, 2 11912), 310 ; cf. p. 2 ;i| el 369 ; Id. Urieeh. Osiriika, Uipi. 1899, l, p. 372.