Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VEI

— 6G9 —

VEI

inscriptions africaines ’. 11 est assez curieux de remar- quer qu’au Bas-Empire le terme vectigal, par une res- triction de sens notable, s’applique uniquement aux taxes perçues sur les véhicules (y compris les navires), comme le montre V/nterprelatio de la constitution par laquelle, en 321, Constantin réglementait l’ad- judication triennale de la ferme des verligalia -.

P. Coi.LINET.

VEIOVIS [Vediovis, Vediusj K — Celle divinité italique, de nature fortement controversée, parait être une des plus anciennes du Panthéon latin et sabin. Devenue notoire à Rome, elle y est probablement venue d’Albe-la-Longue. Le plus ancien monument connu qui nous ail conservé son nom est un autel de Bovillao, bourgade située au pied du Mont Albain et colonie d’Albe, avec l’inscription : vediovei patrei geotileis ivLiEi ■-. Un texte de Tacite, relatif au règne de Tibère, confirme les rapports spéciaux du culte en question tant avec Veiovis et avec Bovillae qu’avec la famille des Iules ^ La date de l’inscription n’est pas antérieure aux Gracques ni postérieure à l’avènement d’Auguste.

Sur la signification du nom de la divinité les anciens ne sont pas d’accord, la particule ve étant aussi bien susceptible d’ennoblir le nom lovis ou Diocis que d’en amoindrir le sens ’ : Veiovis peut signifier ou le Grand Jupiter ou Jupiter soit Jeune et même che’tif [vescua], soit méchant et iioslile ; Ovide a reproduit ces dilTé- rentes interprétations, sans doute d’après Varron et les annalistes "•. La vieille religion latine connaissait des incarnations diverses de Jupiter, telles que simmanis, dont nous avons parlé ailleurs", ei Jupiter Anxurus dont le nom était interprété bizarrement par ivEu çuooO : quia barbain nuinqiiani rasisset, ce qu’Ovide rend par ce vers : Jupiter est Juvenis ; juvenules adspice vultus ’. Il existe par ailleurs un Jupiter Puer et aussi un Jupi- ’ 1er Crescens, ce dernier sur une monnaie d’Antonin le Pieux’. Klausen, qui a consacré à Veiovis un chapitre presque entier de son ténébreux ouvrage, sans d’ailleurs réussir à le ramener à une idée précise, dit que Veiovis est « l’enfant inabordable {uncugaenglic/i) des dieux, pénétré de toute la puissance de Jupiter’ ». Sa mère n’est nommée nulle part, mais elle est probablement BONA DEA, qui le conçut de Faunus, avec intervention de MATER MATITA comme éducatrice ’".

Une interprétation longtemps en faveur est celle qui

1 Cagnal, loc. cit. p. 593, n. 7. — 2 CoJ. Theo’l. IV, i, l = Cod.Just. IV, Cl, 4.

VKIOVIS. — I Vediovis dans les iiiscripUons et chez les poêles ; Vedius ap. Mari. Capell. Il, 16i, IliC ; Mijlhogr. Vat. 111, tf, 1. l’rolialjlemenl cliei Vari-on, Liny. lai. V, Ti. V. dans Oiidc, l’ast. 111. 437-tt8, une curieuse discussion linguis- li.|ue. Cf. Prellcr-Jordan, Hoem. Myth. I, iOi S(|. ; Mari|uardl, Handbach d. rôm. AUerIh. VI, p. C«. — 2 Uilsclil, ilonum. epigr. p. ÎO ; cf. Corp. inscr. tut. I, 807 = XIV, 3387 ; KUaicn, Aeneai und die Penalcn, f.lOS.i,aole ai. L’autel csl aujour- dhui dans les jardins Colouua à Uorac. Cr. Orclli, Imcr. IS87. — 3 Tac. .ànn. Il, 41 ; avec la noie de Mpperdcy, I, p. IC8. Cf. XV, 23. — * Aul. Gell. V, ii, 9-tn : « e particiila ... et auge-idac rei et minuendue valet. » Ùiiovis est nommé eu même temps chez Ouint. I, 4, 17 ; Aulu-Gcllc se rcfcre à d’anciennes prières : preealionibtfS au lieu de spectationil/iis r|uc donnent les MS. Cf. Paul. f). p. 3 ;’J. — i U». rasi. III. 4 :l7-tk8. Cf. Hreller-Jordan, ’//,. cit. I, p. 263. — 6 1. IV. i. p. 1303. — 1 Aen. VII, 790, cl la note de Scrvius. Cf. Kasclic, Lexik rei nuin. Anxur. Les vers d’Ovide prouvent (|u’aulour de lui Veiovis cl Jupiter Anjurut se confondaient. — S Ecklicl, Itoctr. Niim. Vil, p. 31 ; 3’J8. — ’■> Op. cit. p. (J3ft. — *0 V. uATBit MATUTA, III, 2, p. 1025, noie 15 ; Di)NA dea, cliez Klausen, loc. cit. Cf. FoBTusi, 11, 2, p. 1270, 1271 ; Jupiter Puer et les textes cités, not. 14, 15 ; Ferui(|ue. Ktude sur Prêneste, p. 79, et lievue arclièol. 1878 : Les dernières fouilles de f’réneate. — " Ap. Macrob. Hat. 111, 9, 10 ; Slart. Cap. 1. 5S ; II, 142, 106 ; cf. rVcIlcr-Jordan, /loem. Mytii. I, p. 67, et p. 203, not. I. Uenys d Italie. Il, tu, 3, l'appelait un Zeus ><T<i/t< ;.,<>:. Wissowa, Itelig. und Kultas, reprend ce point de vue (p. 190 sq.) que Preller rejette, sembic-t-il, avec raison. Cf. Monimscii, Itoem. Forsch. I, p. 384. — >- Loc. cit. : Pluton, gitem etiam Oitem

a fait de Veiovis une doublure do Diupater, c’est-à-dire une divinité infernale tombée en désuétude". Il est nommé en compagnie de ce dieu et des Mânes par Mar- tianus Capella et même il leur est assimilé ’^ L’épisode du culte de Veiovis îi Rome qui nous permet le mieux de définir la nature du dieu, c’est son rôle dans le fonc- tionnement de I’asylus fondé par Romulus et dans la fête des Lucaria, célébrée les 19 et 21 juillet. A celle-ci correspondait la cérémonie en son honneur des Nones de Mars, inter duos lucns, dans la dépression de terrain entre la Citadelle et le Capitole,où son sanctuaire bordait lelieu d’asijle’^. Dans l’une et dans l’autre Veiovis inter- venait, nullement comme un génie de la Mort ni comme un dieu de nature funeste ou maligne. Vasylus, suivant la définition de Cicéron, est un emplacement consacre que les ancêtres ont en partie destiné à cHre un refuge en cas de péril. La fête des Lucaria se célébrait entre la via Salaria et le lit du Tibre où, suivant Feslus, les Romains, vaincus par les Gaulois, avaient trouvé un abri après leur défaite .

Ce qui achève de préciser le caractère salutaire et secourable de Veiovis, c’est son association, à partir de

l’an i’.)l av. J.-C, avec Acsculapius dans l’ilc du Tibre et son absorption graduelle dans la personnalité d’Apol- lon et aussi dans celle de Jupiter Salut aris "^. On lui sacrifiait une clièvre, ritu huinana, c’est-à-dire en substitution d’une viclime humaine, afin de conjurer les épidémiesfunestes qui sévissaienlau printemps. L’anna- liste Pison, versie milieu du 11= siècle av. J.-C, comparait Veiovis avec l’Apollon Lykoreus de Delphes". De toute façon, ces figures divines qui expliquent la véritable nature de Veiovis et ses fonctions religieuses sont de caractère latin ou sabin. Llles rendent improbables toutes les interprétations par lesquelles, à la suite de K. 0. Millier, on a tenté de lui fabriquer une provenance étrusque en accentuant son caractère sinistre ". La cliè- vre, chevauchée par un pelil génie ailé, figure sur les

Veirjienique dixere. Cf. Mi/lhof,r. Val. 111. C, I. el la formule de la r.evoTii., .ip. .Macrob. loc. cit. Veiovis Jupiter Juv^-uile était en môme temps une divinité solaire et redoutée, parce (|u’ellc sugj^érait t’idu’c des épidémies priiilanières de malaria. On célébrait une de ses fêtes aui Nones de mars. Kalcnd. Praeuest. ; Ovid. Fast. III, 429. Cf. Aul. Gell, V, 12, 1 1 : Sayitlas tenet quae sunt partite ad nocen- dum ; d’où son idenlirication avec Apollon : v, l’rcllcr-Jorda», Hoem. JJtjth. I, p. 300. — 13 Ov. Fust. 111, 429 si|. ; Serv. Aen. Il, 761 ; T. Liv. I, 8, 5 ; Fest. Fpit. p. 119. Cf. Prcller-Jordan, Jtoem. Mylh. 1, 201 ; Jordan, Topograpliie, 1, p. III, noie 113. La fétc des Lucaria, où Veiovis a du avoir un rôle, se célébrait les 19 el 21 juillet. — liCic.iey. agr. 11, 10, 36. Cf. asïlia, I, S.p.ôiO. Fasti Pracnesl. t’on. Mort. Cf. Momroscn, C. i. l. I, p. 3j8. A celle occasion Paul Diacre, p. 105, mcu- tiounc un sacritice linmain, celui-là sans doute qui fut remplacé par l’immolation de la cliévrc hnmano ritu. — li Kesl. Upit. loc. cit. et Macrob. Sat. 1, 4, 15. — 10 Cf. Jordan, dans les Commentaliones in honorem Mommseni : De Aescu- lapii, Fauni, Veiovis, /ovisgue sucris urbunis, p. 350 sq. : surtout p. 302. Le temple de Veiovis, qui devient avec le leinp» celui de Jupiter, ce qui prouve le discrédit où est tombé le premier, fut voué en 194 av. J.-C. Cf. Ov. Fast. I, 289 sq. ; Orelii, fnscr. 11, 382, 408. E’our Veiovis devenu Jupiter Salataris, cf. Trcb. Poil. Gallien. 3. — " Serv. ad Aen. Il, 761. Cf. Preller, loc. cit. p. 264, not. 2. Avxuçci ; devenait pour les Uomains lucoreus qui rappelait le rôle de Veiovis dans les Luca- ria. — f» K. 0. Mùller, Z/ie Flrusller, T. 11, p. 59 sq. C’est surtout en raison des cotés sinistres de Veiovis que Millier la annexé à la religion étrusque. 11 ligure dans la formule de la nF.voTio,cliei Macrob. S’oM 11, 9. iO. iJi^pate-. Vt/or :«, .Uanas, sire vos qao alla nomine [as est nominare. Cf. Martian. Capella, 11, 9, p. il.