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monnaies qui rcprésenlenl, an droit, Veiovis{fig. 734’2)’.

En plus de la chèvre, Vciovis a encore pour symbole un faisceau de flèches ou de rayons qui représentenl la foudre -. Ammien Marcellin, qui les cite d’après les livres de Tagès, nous apprend que les hommes touchés par elles étaient saisis d’une telle stupeur qu’ils ne perce- vaient plus ni le bruit du tonnerre, ni d’autres sons plus violents encore. Ovide, qui a eu peine à se recon- naître parmi les témoignages relatifs à ce dieu, dit, là oii d’autres arment Veiovis, que le dieu est sans armes ^ Sur les monnaies, Veiovis porte un faisceau de traits qui sont des foudres ’. Lorsque, sur le tard, on lui faljrique une image cultuelle, on choisit le type ou de Jupiter juvénile ou d’Apollon portant l’arc et les flèches, celles-ci représentées par des rayons (lig. ~3ii>. Pline inenlionne une image archaïque de Veiovis, placée dans le sanctuaire I/iter duos lucos ; elle était en bois de cyprès et datait de 91’ av. J.-C". J. A. IIii.d.

VKLAMEX, VEL.MEiTU.l. — Ce nom désij^ne en général tout ce qui sert à voiler’. Mais il s’applique plus particulièrement au voile de tète^. Comme élément du costume féminin, le voile de tête se retrouve en Orient, en Grèce et à Rome. .-V l’époque homérique, le x3r|S£jji,v(iv, le xiXuixiAa, la xotXÛTrxça sont des étofTes de lin posées sur la coiffure et tombant dans le dos ou rame- nées sur les épaules ; les femmes s’en couvraient le visage en signe de deuil ou pour ne pas être reconnues ’. Grecques et Romaines relevaient volontiers sur leur tète les plis de leur himation ou de leur palla [pallicm, fig. .5472, oiSl], de même que les Romains se voilaient, dans certains cas, d’un pli de leur toge. La rica, la ricnln, le ricinium sont des pièces d’étoffe carrées, en laine, bordées ou non de franges, que les Romaines perlaient sur la léle [rica]*.

Le voile de tête n’est pas toujours une parure ; très souvent il présente une signification nettement reli- gieuse. C’est à ce titre, du moins en principe, qu’il sert d’attribut à plusieurs divinités gréco-romaines, telles queCronos-Saturne, Cybèle, Déméter-Cérès, Héra-.lunon, Hestia-Vesla, ainsi qu’à des divinités purement orien- tales, comme r.rtémis d’Éphèse (fig. 2387-88) ’.

En tant que rite religieux, il reparait dans des mani- festations très diverses du culte, mais n’a pas pris la même importance dans tous les rituels.

1 l’rclliT, Op. cit. p. 261, n. 3. La chèvre sur les niniinaics dAiilonin le l’ieui cl île (Jallicn ; EcHicl, Doctr. Num. VII, p. 33, 398 ; cf. Ov. l’ast. III, 4i3 : M Sttit quoque capra simul ... Babelon, Monnaies de la République. I, 500-508. Nolro fig. 73*2 d’après deux exemplaires du Giibinet des Médailles. — - Amni. Marc. XVII, IC.cf. Kiauscn, O/i. ci7. p. 1088, not. 2I/+. I.c inôrae cite des mounaics {Caesia, Fonlexa el Licinia) (jui représentent Veiovis sous les traits d’Apollon. V. Babelon, Op. cit. I, p. 77, n« 256 : tète laurée, type d’.pollon, au-dessous un foudre, p. Ï81 ; p. S07, et le commentaire, p. 304 sq. (voir notre fig. 7342). — 3 l’ast. III, 438 : • fulmina nulla lenel. - Aulu lielle dira au contraire, V, )2 : « Sanilliis tcnel. « Cf. Klugmann, Archaeol. Zeil. 1878, p. lOS s(|. — » Prcllcr. Op. cit. I, p. 2«i si|. noie 3. — ’• Plin. Nat. hist. XVI, 10, 79 ; cf. Wissowa. /teligion und Kntlu !, p. 2H,cl l’art. MOUS, III, 2, p. SOOiî sq. Oulrclcs ouvrages cités, v. Merckel, M. dOvide, /’asti, p. CX.XVIII el CCXIII ; Arabroscli, /loem. Studien, I, p. 101 S(|. ; I,. Prcllcr, llericlitc der sncclis. Gesclisch. der Wissenschaften, 1835, p. 203.

VEI.AItlEN. — 1 Cf. par exemple Ovid. .Met. VI, !iC6 ; Juv. III, 178 ; sans doute aussi Virg. Aen. III, 545 ; Isidor. Oriij. XIX, 24, à propos do la toge. — ’- Cf. Seii. Dial. VI, 13, 3 ; Cypriau. De laps. 2 : S. Ilicronym. Ep. CXXX, 2. — 3 BliJmner, Griech. Privatallertli. 1882, p. toi, n. 4 ; llolbig, l’Épopée hnmi- rit/ue, Ir. Trawinski, 1804, p. 270-275. — 4 V. les textes réunis par Bcckor-Grtll, Oallus, 1891-82, 11, p. 29, et III, p. 2fi» «i|. Sur le voile dans l’art anlit|ne, en dehors ilo tout symbole, cf. Kalkmann, Hippolijtos, dans Archaeol. /eitung, XI.I, 1883, col. 113. — li Par conséc{uent aussi difl’érentcs Artéuiis d’Anatolic, apparentées à celle d’Éphèse el dérivées de l’Artémis persir|ue, avaient gardé le voile ; cf. l’Artémis l.cucopliryéné, d’après les monnaies de Magnésie du .Méindre (Bg. 2393). el une statue de Diane trouvée à Gables, mais inler-

1" Dans les sacrifices de rite romain, l’officiant devait avoir la tête voilée, tandis que dans les sacrifices de rite grec il restait tète nue ’^. C’est avec le sinus de la toge, ramené sur la tête, que se voilaient les hommes (fig. 6004-06, 700.o)[toga]. On désignait ce type de voilement sous le nom de ritus Gabinns ; si l’on en juge par les monuments figurés, il était en corrélation très étroite avec le cinclus Gahinus, arrangement de la loge qui permettait de garder l’entière liberté des bras’. Les femmes aussi devaient se soumettre à celte obligation du voilement de la tète, lorsqu’elles sacrifiaient ritu Romnno ". Dans le culte de la déesse indigèle Fuies, c’est la main droite que l’officiant doit recouvrir d’un voile blanc’" ; un rite analogue subsistait dans les cultes ombriens ". Toutefois le rite italique du voilement admettait quelques exceptions. Trois dieux romains, Saturne ’% Hercule à l’Ara Maxima’^ et llonos", étaient adorés apcrto cnpile ; mais l’on ne saurait dire si cette tradition remonte à des temps très anciens’^ ou si leur culte fut grécisé’ D’autre part, on retrouve en Grèce même certaines survivances de l’usage du voile : à Olympie, la prêtresse du héros local Sosipolis pouvait seule pénétrer dans le sanctuaire, mais la tète et le visage cachés sous un voile blanc’". Enlin nous retrou- vons le voile en Orient : dans les cérémonies du culte de Cybèle el d’Atlis, l’archigalle porte un grand voile sous sa couronne (fig. 3482).

2° Dans l’atispication comme dans le sacrifice propre- ment dit, le rite romain comporte le voilement de la tète’* [Aini’RESj.

{" j.i’ fondateur de ville, pendant qu’il traçait avec

la (harrtie l’emplacement de la future enceinte, se cou- vrait la tête d’un pan de sa loge ".

4° Dans la consecralio bononini, atlrihtianl une pro- priété privée à un dieu, le magistrat opère la tète voilée -".

5" Dans la cérémonie du ver SACitrii, les jeunes gens des deux sexes que l’on chasse du territoire, pour rem- placer le sacrifice humain [devotioI, sont couverts d’un voile ^’.

6° Le même rite se retrouve dans la r/ern/io sur le champ de bataille : en 340 avant J.-C, le pontife Vale- rius, qui dévoue le consul P. Decius, lui voile la tète, après l’avoir revêtu de la robe prétexte ; et c’est la lêle

pn’lanl un type anatolien (fig. 2400). — f. Cic. Pro domo. 121 ; Varr. /. lai. V,13li ; Uiou.’llal.XII, 22 ;T. Liv. X, 7, 10 ; Virg. .Ici. III. W. (amicin purpureo) : Propert. Il, 2S, 45 ; Val. Place. V, 97 ; Plut. Qmest. rom. 10 ; Macroli. I, 8, 2 ; III, 0, 17 ; Serv. ad Acn. V, 755 ; Fcstus, p. 3J2 B, 33. Marquardl, Culte clie : les Jtom. tr. Brissaud, 1889, 1, p. 211 et 223 ; cf. Klausen, Aeneas, p. 700, 91 ? ; Uicls, Sibi/llin. Blâltei-, p. 122. — 7 Scrv. ad Aen. V, 735 ; » ritu gaiiino, id est togae parle capul velali ». — * Wissowa, Itelii/ion der Jlamer, 1002, p. 352, n. 1.

9 Varr. loc. cit. ; Kestus, p. 154, à propos du culle do Mulinus Tulunus ; cf.

Wissowa, op. cil. p. 195.— 10 T. Liv. I, 21,4 ; Ilor. Carra. I, 33, 21 (albo panno) : Serv. ad Aen. I, 292 : « ci albo panno inroluta manu sacri/icalur v ; cf. licilTer- scbeid, Ohserv. critic. et archaeol. 1878, p. 4. La statue de /•’irfos n avait elle pas aussi la main recouverte d’un voile blanc ? S. Heinacli, Culles^ Mi/thes et Heti’ gions, I, 1903, p. 3DS. — " B ;ielicler, Vmbviea. p. 63. — 12 Dion. Hal. I. 34 ; VI, 1 ; Plut. ()uae. !.t. nom. tl ; Macrob. I, 8, 2 ; 10,22 ; Feslus, p. 322 ; Paul. p. 119.

— 13 Macrob. III, 0, 17 ; Serv. orf Aen. Vlll, 27(5 ; cf. T. Liv. I, 7, 3 ; Dion. liai. I, 411, :{. _ Il Plut. (Juaest. nom. 13. — ’" Comme lo croit Macrobe, d’après Gavius Bassus, pour le culte d’Hercule. — lu Wis.sona, op. cit. p. 137. 170. 222.

— I" Pausau. Il, 20. Mais lorsque Quinto-Curce, IV. 13, 13, nous montre le devin, avant la bataille d’Arbèles, sacrifiant en robe blanche el la tète voilée, peut-élio eniprunle-t-il ce détail aux coulunies de ses compatrioles ; cf. S. Beinach, Cultes, ilijlhes et ndiiiions, I, p. oD3. — 18 Wissowa, op. cit. p. 333, n. I. — 19 Calo ap. Serv. ad Aen. V, 753. — 20 Cic. Pro domo. 124 : cf. Wissowa. op. cit. p. 320 ; S. Beinach, op. cit. p. 306. — 2’ l’eslus, p. 379 : •. Pueros ac puellas per- dnctos in advllam aelatem relabant algue ita ej’trn fines suos exiyebant ». Cf. Wissowa, 0. (. p. 351.