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Dans une antre maison on découvrit deux embrasses à chaque pilastre, de formes dillërenles, l’une contre l’entrée même, la seconde un peu plus en arrière, ce qui laissait la faculté d’éloigner plus ou moins le rideau de la baie. Ces embrasses consistaient en un disf|uedebronze,

d’où sortait une proue de navire, celle-ci or- née, sur deuxexem- p 1 a i r e s , d’une pro- tome de t a u r e a u (fig.TSH)’. Cer tains

documents figurés, comme la miniature représentant l’entrée du palais de Didon-, ou la mosaïque qui domine la façade du palais de Tliéodoric à Ravenne (fig. 13io feraient croire que, même au seuil des constructions, on trouvait ainsi de simples portières ; mais certainement ces façades étaient construites sur cour, en arrière d’une clôture avec portes véritables et résistantes, pouvant seules garantir la sécurité, nolam-

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ment la nuit^ Sans doute encore, lorsque, dans les décors de théâtre, une portière encadrée servait à indi- quer un logis’, on entendait en réalité le vestibule [vestibullm]. La mosaïque de Ravenne nous mon- tre à la fois les différentes manières d’arranger les rideaux, quand on ne les laissait pas tomber naturelle- ment. Aux trois baies centrales, principal passage, des embrasses ou cordons les fixent de chaque côté de la

iMau, iOid. p. i6i, fig. 133 ; cf. p. oij ; des listes .1 embrasses analogues ont encore été déterrés dans la maison de M. Lucrelius Ironlo. —2 Codices e Valicanis selectipliotolijpiceexpressi, Uomae, I ()S’J9) [Cod. Vergil. 3S25], pict. 24 ; ajoutez la pict. ;c, à gauche de la scène montrant Didon sur son biiclicr. Cf. le diptyque de Monza (Durur, Hi$t. des Itom. V, p. 177). — 3 Pculôtre cependant mettait-on de jour, aiil façades estcrieurcs, des rideaux vile enlevés, et qui ne remplaçaient pas les portes ; cf. 0. Jlarucchi, / Monumenti del Vuseo PioLateranensc. Milano, 1910, pi. xxu, i A et 2 B 1= Eeissel, op. cit. infra, p. 25. lig. i*, et p. et. (ig. ii). — * Il y en a de nombreux exemples dans les vignettes du ms. latin 7899 de la Bibliothèque nation.-ile, contenant les Comédies de Ti-rence (publié par II. Oniont, Paris ; ce sont des dessins carolingiens d’après des modèles anticiucs). Parfois la draperie est nouée gros iéremcnt en son milieu (pi. 13 et 19) ou, sans façon, enrou- lée une on deux fois au-dessus de la traverse supérieure horizontale (pi. 10, SO, 25, 3C, 58), ou encore attachée en chiffon à cette traverse (7i, 83, 8*. 9i, 97, tOO, 109, 111, 114, 121, 129). On se borne même, dans (pielques représentations, aux deux montants et à la traverse. — Ex. fréquents dans les monuments chrétiens : cf l’éralé, L’Arclirol. chrétienne, Paris [1892 J, p. 173, lig. 129 ; p. 219, (ig. 1*4 ; p. 3k2. (ig. 233 (embrasses) ; p. 329, fig. 222 (crypte de Saint-Maximin du Var : série de riilraux relevés chacun par un nœud). — J. Strzygowski, Koptitche

porte ; dans les entre-colounements des portiques, ils sont seulement plissés et noués en leur milieu, laissant un passage de part et d’autre". Les spécimens sont très rares d’une décoration de porte comprenant tout ensemble deux rideaux (jui tombent de droite et de gauche, et un troisième suspendu entre eux, au sommet de l’ouverture ; c’est ce qu’on voit sur des coffrets de mariage en bois et en ivoire ’^.

L’usage païen en cette matière — qu’évoque trop va,guement la mention des TroixtÀTï ! (apparemment des tapissiers) embauchés par Phidias pour la décoration du Farthénon " — s’est intégralement transmis au monde chrétien, auquel nous devons une bien plus grande abondance de documents*. Des veln étaient suspendus en masse dans les églises ’ : d’abord un grand rideau de portail (corlina), de plus petits pour les autres portes ; des tapisseries fixées aux murailles du chœur, à l’arc triomphal, entre les colonnes de l’entrée du chœur’", et autour de l’autel entre les piliers du ciborium " : comme le paganisme, la foi nouvelle pensait augmenter l’im- pression de mystère et la dévotion en voilant le « Saint des Saints » ; ces vêla n’étaient tirés qu’à certains moments des cérémonies. Surtout les tentures se déployaient entre les colonnes séparant la nef et les bas- côtés, car on ne passait pas librement de l’une aux autres ’-. Plus d’une basilique de Rome " conserve encore les vestiges des tringles sur lesquelles couraient les anneaux supportant les tentures, à la hauteur de 3 mètres à 3 m. 50 au-dessus du sol. Quand ces portiques n’exis- taient pas, on plaquait les tapisseries contre les murs latéraux : la basilique civile du consul Junius Bassus (iv° siècle), dédiée ensuite à saint André, n’avait qu’un vaisseau ; contre lesparoison avait imitéen mosaïque de riches tapis alexandrins ’■. Constantin avait donné des vêla brodés d’or à l’église de Constantinople ’^ et à l’église de la Nativité à Belhléhem ", et il s’en trouvait en tous pays. "Le. Liber pontificalis énumère à foison, pour les vin’-ix’ siècles, des dons de tapisseries (venant en général d’Alexandrie ou de Tyr) faits aux églises par les papes, suivant une pratique bien antérieure que révèlent d’autres sources encore, comme la CItarta Cor- nutiana (a. -471), lettre de fondation d’une église dans un village voisin de Tibur’^ Il lui est fait prosont de trois séries [parnlurae) de rideaux de soie [olosericus), soie mélangée (tramosericus, subsericus) ou laine, pour les grandes fêtes, les fêtes ordinaires et les jours de la semaine. Quelques pièces sont dites telrai-eln, peut- être pour leur forme carrée, ou leur quadruple épais-

Ktmst {CtUnl. rirn. des antiq. éijypt. du ifiiséc du Caire. .l, Vienne, lOOV), p. 171 s(|. ; n» 70C0. — 7 plut. Pericl. 12. 4. — 8 Cf. Marligny, Victionn. d’areli. chrét’. Paris, 1SS9, p. SOO-801 ; St. Beissel. Bilder ans der Gesch. dcr ttitchr. Kimst und Liturgie in Italien, Freiburg, 1893, p. 200 sq. — l’acian. Episl. III, 27, p. 98 ; Ambres. Epist. V, 33 : Uex. III, 1,5 : ccclesiam sanctam, in qua refulgent aiilaea caclcslia. — ’» Cf. Theodoret. U. eccl. XVII. — " Voy. Paul. Silent. Oescr. .Ç. Soph. Il, 340 sq. — ’2 Les rideaux séparaient aussi parfois les sexes ; cf. Synes. ISpist. IV. — 13 Saint-I-iurcnt, Saint-Clément, Saintc-.Marie in Cosmedin, Saint-Georges in Yelahro (Croslarosa, Le Basiliche cristiane, Roma, IS92, p. 65 sq.). — ’l De Rossi, Bullelt. di arch. crist. 2’ sér. II (1871), p. 51-59 : cf. lav. III-IV. Mais, dans les paroissi-s modestes, on devait tendre des tapisseries sans valeur ou même faites do morceaux raccordés [cE.tro]. — ’" Chron. pasch. p. 294. — lOEuseb. Vit. Const. III, 43 (Patrol. gr. de Migne, XX, col. 1104). — "Epipban. Cypr. Epist. 9 (Patrol. gr. XXII, 526) : église de Palestine (tenture aux image» du Christ et d’un saint) ; Aster. Amas. Homil. XI {Patrol. gr. XL, 333 SI].) : voile de Clialcédoinc (commenté par J. Strzygonski, Orient oder /lom, Leipz. 1901, p. Ilssq.). If. P.iuliu. Nol. Pocm. XIV. 9S ; XVIII, 31 sq. (.Patrol. lat. LXI, 1911. — I» Publié par L. Lluclicsuc, lnirod.au Liber pontificalis, I, p. cxLvi sq.