Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T1-0-Introductions 01.djvu/57

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D~ L.. "fEllSIFlCATIOX FnAXCAISE.

J.V

• retient par cœur, malgré sot, be :iaconp de ,·ers. Il y en a beaocoup de 1 • cette t5pècc dan.s les belles tratrèclies de Corueillc. Le lecteur judicieux . .

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• fer-a aisëmcnt ltt comparai.sou de ces ’Cr~ n :1t11reh, u :1r1uorneux et c11e1·- • giques n,·cc cen,c qui ont les dêfonu conlni1·e !>, cl c’c- ;~ ~ar ceu~ cu1~ - • paraison c1ue le goût clt :.s jeune~ gcrls pourra ac former ruwrncnt. ~ e , ;out • ju.ste est bien pins r :u·e c1u•on oc J)(>H5c ; J>~u ~1~ pcn,onn_cs ~avent ))lcn leur • l :mmc · peu. di.tinnucnt J’conure cfo fa d1gn1te ; peu tlemdtnt lc.s convco’

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• oances. On a applamli, pcnd :mt plo~tcm· :; :mnces, a c ~-" _pcnsec.<1 1 :i.u~s~s ..

et rè,oltaotes ; oo l.t3ttait des mains lorsauc lla1vu (coU1cdieu) prononçau • ce,·ers ;

n est, comme à la vie, nn terme :’1 l3 verto. • On s’est réc1ié ,,uelqucfois d’admiration j <les maximes non moins fausses. • Cc qu’il y n d’étrange, c’c :i.t ,1u’u11 peuple qui n pour modèle cle style les • pièces de Racine, ait pu applaudil’ loog·temps de :; OU•rages où la l.1ogue •

tt la raison sont t.>6alemcnt ble-5- -,éc~ d’un bout à l’aut,·e. n Lê~ rjmcs cntrcrll~~lt !e :; ~•emploient plus o,·diuaircmeot <l :ins les bl :ince.s 401

ailleun.

[. La sta11te est composée d’un certain nombre c.le ’Crs, qui oc sont pns ordinail’cment moÎU’i de qoa1rc, ni plus <le di.x . Lc.s ,·ers peuvent y être, ou t ous srands, ou t<nh petils, ou mèlê~ Jes nos avec }C5 a11t1c.s. Les s1 :inces sont rigulières ou irri&uJù.ires ; régu1iêrcs, lol’.s’(u’elles ont nn même nombre Ùf.’ , :ers , un mélange t~g :d de rime :; croisé,·s , çt lo1·sque Ici gramls ve1·s et le-$ 11ctits y sont dhtribuês également ; irrégulièn :s, qu :md cette S) 1nétrie n’y existe pas.

Pour que les st :in<"es frauc ;ai$eS soient parfaites, on exige, 1 ° que le !i,f. !IIS tioi~)e avec le dernier ,ers de cl.Jacnue ; 2° ’IUC le dernier vers d’une :stance ne rime pas a,·eo le premier de la suivante ; 3° que les mê1ucs rime, ni : r epa.r.ii !l -sCnt pas d ;ms deux ~taures con :.éculi.•cs. Une stance peut fo1·111cr seule un petit potimc. Alors elle prcud, selon le nombre de verS dont elle c. :;t co1nposëe, le 110m de qualrai11, de sixain , d’oclaPe ou de di :.ain. Il y a :ltll>5Î des 5taoccs de nomdre impail’, de cinq, de sept et c1e ncnf ,•ers.

t·n morceau compo5ê cle plasienrs stances, conscn·e Je nonl ,le stances, loutpùl roule sur un .rnjct :simple, qnc l’expres,ion en est douce, oatu· rrlle, et que le.s mou·emcrus n’ont ni dC.sordt·e ni impétuo~ité ; telle1 !lOlll ce, sMnces de Chaulieu sua· b rett·aite : L~ Coole dt P,tri.s à présent m’importune ; l..es ;ms m’ont détrompé des rnan~gt•s Je cour ;, Je vois bien que j’y suis dupe de 1a fol’tuue, Autant <1ue je l’étais n111refoi$ de l’amour. Je rends srâces au ciel, t1ue l’cspdt de retraite le prCS$C cb1quc jom· d’~tller bientôt chercher Celle que tnts aïeux pins s.1ges s’étaient faite, I)’où nc5 foUes erreur :! ! .1,·nient ~u m’arr ;icbcr. C’e :,t 1. que, jouissant de mon in<lèpendauce, ’ Je ~crai mon h~ros, moo sou,•erain, mon 1·oi ; Et de ce CJDC je ,·cmx. fa 011ttetbC ignor :’Ucc Ne me lais :.ern ,•oir rien an-des :,us Je mol, etc. Exemples dts stances rt/ ;ulii :r-e.s . ..

D :ins ce chormant dé5ert où les jeunes Zêphyrs (. ;ontent mille donceors à la di,·ine 1’1ore, Je forme d’innocents désirs,

Eo songeant :m berger que jime et qui m’adore ; Et je rève à lùn ::. le~ pl :.i :sirs

Que, s’il êtait ici I je goùtCl’. :IÏs encore. 1lclu ! ctot foi~ la uujt, helas ! cent lob le jour, Je m’imagine ,·oir d,ms ce bois solitaire Daphnis, prèJ <l’expirer d’rtmour,

ri.le dire en sonpirAol : L’astre qui nous écbirc Ne ,,oit rien• <1nantl a f.lit sou ton,· t Qu

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on doiYe pniférer au bonheul’ rlc vous p1alra. ( .l.... )

Les rime, sont irrégulières

lntl’CS, ou par le mêlouge des

ch.1qne vers.

qu3nd elles sont diffêrtntes les unes de :s rimes, on p :u· le nombre des syllabes de •

Ex~mplc.>s de Jlances irripli ;rn.

Soa"i ce berce30 qn’Amour exprès

Fit pour toucher quelque inhumaine,

. 1 -..lcimtdon, on jour au frai,

A.uL$ près de cette fontaine,

Le cœur bles :,ê <le mille trnits,

D’une mnin qu’il portait & peine

Graî’a ~es ,·ers ~ru· un cyprès :

. , Hêlas ! qu.c l’on serait beoreox, • D311s ct.s beaux lieux. dignes d’envie, • i, :;i, tonjonrs almë de S,-h -ie

.

., Ou pouvait, tuujom•s arnoureo..x, ..

A ,·ec die passer SA vie. ,)

(C....J

II. Quand le sujet a plus de grandeur, le style plus d'élévation et de force, les images plus de vivacité, et qu'un certain désordre qui nait de l'enthousiasme règne dans toute la pièce, elle prend le nom d'ode, et les stances, celui de strophes. Il est inutile de détailler ici toutes les formes que

les stances et les strophes pettî’ent avoi.. , fa difrél’entc me~mrc des vers, les di., ·ers entrelacement~ des iimc :s ; on s’in~unira sufli’) ;m1ment en Ji.sant les poé~ies de ~"ilall,~rl,e, de Rousseau, Ne. Us out tlonnê d~o ; modèle~ de strophe ::., quo l’on :"J fidclcment suivis ju$que aujourd’hui ; mais il 1 ;crait encol’e pos~ible de tt·ouvec. ·

de nonveltcs combinai :,oms de n1esures et de rime5, tt 1’011 ne }’fllt, : cet égn.rd, snl·1·e de meilleurs guides q_ue la délicatc.

1sc de l’oreille, et le ~eotâwent ju~te rie l’lmnnouie de :i Ters.

Du sonnet cl du rondeau.

Restent }c sonnet et le rondeau, d,ms lt<1c1ncls les rime ; dui’rent être croisées ,·êgulil’rctneut, mais qui no sont pins guf :re d’u~age ni l’on ni P :mtre. Le sonnrt a toujour :s paru, en fr :,nçai,, d’une difficulté cxtr~me. Nos pn :mlers poëtcs en ont fait un g1aud nomhre, parmi lt :squch il en est pru Je sopportnLJes. lloiJeaa en a nin :si tlonnt ; les règles, f :,h i,entlr les diffi. cultés, et pcut•ê11·e on peu trop C) ;alté le n.édte. Il fejnt qu’.pollon, Voufaut pousser à bou~ tons lc.s rimeur$ fraoçois, Ju,·enta tin sonnet ]es rigonreusrs lob ; Youlut qu’en deux qaa1r,1in, de mesure p.,reme L"’ rime :’cC deux sons frappiH huit fois l’orci lle I :t <ru’cnsuhe .six vera, :n ti ::.temcnt r :’lng, :s, Fn»ent en deux tercets p.ir le scus p.t1 tat ;ês. Sortout <le ce priënrn il bannit ln licence, Lui•111t~mc en mesura Je nontbl’c l’l l :1 catlcncc ; Défentlit c1ti’tm ,•c1·s Bible )- ptit j :im :1is entrer, l"i qn’on mot dt"jà mis os :,t : :.’y lt’HCOJ.ti·cr. Dn n :slc , il l’enrichit d’une beauté 5llpl· ~ mc : Un sonnet ~ans ùéf :tot ,·aut seul un Joug poiime. lfoi :J en vn !n mille aotenrs y pcment . !lrti·er, Et cet· heure~ phéoi.x : Cl)t encore à tt’OU’CI’. lll. Le sonnet c :-st donc composé cle quatorze H :1·s J’une mc,ure ég.ilc, tt orclinoirerncnt ùe douze syllabes. Ce5 ,•çrs sout partagés en deux <1u :uroios, suivi cle deux tercçt.s, ou srnnccs Je ll’ois ·c,-s. Les rjmcs urnsculincs et féminines sont semLlaLlea dans les deux qua• trains, et cotremêlées dans l’un de là même m :,.nière <JUC dans l’au1 rc. Les denx preulÎCr$ vtrs cle cba<JUe tel’<'ct riment cns.i :mhlc ; la rirue en est diffén :ntc dans les deux tercets. Le trOÎbieme ,-er :. de l’un rime avec Je second de J’ ;_mlre : cela est ainsi en fr :nu :; ;1is. Le.s Italiens, qui ont foü one si 1,ramlc qu :mtité de sonnets, et qui eu font tfe ~i beaux, r-eulcnt, poar l’oxtrème l’é ;nlarité, que les tercets, comme lc.s quatrains, n’aient que dcnxrimes. ~fais ils oc s

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.istreigocmt ptis tonjonu :1 cette règle, et une crantle partie de~ sonnets, même de p, :tJ•arque, ont pour le :, deox. l<~rcets la mèmo lil> t’r lé que les nôlres.

Il fout, dans chatJuc <1uatrain, un repos après le second ,trs J et mi repos Jllas m :irqué apri-s le quatrième. 11 doit y t :I avoir un aus :.i .i la Liu dn premier lcrcet ; mai ; il n’est pas nécessaire qu’il soit plus fou qne cclni du scco :id vers de cbnqne qutitraio.

Quelques sounch peuvent titre dons le genre si01ple, et mê1,nc da :u h~ senrc pluisant ; rulis l<’s ~ ;ujels série1Lt et .snblüuts y con’riennent da,·antage ; alors tout y doit être noble, les pensé<’s, les imngcs, le style. Le sorrnct ne doit sooff’rir, scion J3.oileno, ni la répétition <l’un mot dtjà mis, ui ln fai• hle~se <-l’o,1 seul des vers qui le compo1>eut. On cite toujonrs ponr exemples du sonnet, on celui dr Dc~barrtanx. on ctlui de l’A'Ol’ton ; eu ,·oici un de Voiture. clans lequel Builc.io lrou.v ~it toute. !i les perfections dont cc genre est iasceptible. Des por1c.s du matin ram :mtc ,le Cfphale Ses 1 oses êpan<bit dao, ; le milieu de~ airs, Et jetait SUl’ le~ cieux UOU’ellcmcnt oo•erts Se3 traits d’or et d’ :iz.ur eu nais~ant clJe étnle ; Quand la nymphe di.vine, :’t mon repos fa1alc, Apparut, el bril1a de tant d’attraits di,·ers, Il semblait qn·eue seule êcl :lir :iit l’uaiver !J, Rt ttwplissait de (eu la rive orientale- . Le soleil , se bâtant ponr la gloire <les cieu :, : , VUlt. oppoier M fbwme ia l’éclat <le bé.’S yeux, Ct prit tous fo.s rAyoni dool l’Olympe se dort. L’onde, la Ierre et l’ :iir s’.a)lomaient à l’truourt 1,1.ais aoprês de Pbilis on le prit pool’ l’Aurore, Et l’on crut qne Philis êt3Ît l’asHe du joui’. •