la paix et dans l’union. L’humeur inquiète et tyrannique de cet homme nous a tous séparés. On se craint, on s’évite, on me laisse ; je suis solitaire au sein de ma famille, et je péris… Mais le jour est prêt à paraître, et mon fils ne vient point ! Germeuil, l’amertume a rempli mon âme. Je ne puis plus supporter mon état…
Vous, monsieur !
Oui, Germeuil.
Si vous n’êtes pas heureux, quel père l’a jamais été ?
Aucun… Mon ami, les larmes d’un père coulent souvent en secret… (Il soupire, il pleure.) Tu vois les miennes… Je te montre ma peine.
Monsieur, que faut-il que je fasse ?
Tu peux, je crois, la soulager.
Ordonnez.
Je n’ordonnerai point ; je prierai. Je dirai : Germeuil, si j’ai pris de toi quelque soin ; si, depuis tes plus jeunes ans, je t’ai marqué de la tendresse, et si tu t’en souviens ; si je ne t’ai point distingué de mon fils ; si j’ai honoré en toi la mémoire d’un ami qui m’est et me sera toujours présent… Je t’afflige ; pardonne, c’est la première fois de ma vie, et ce sera la dernière… Si je n’ai rien épargné pour te sauver de l’infortune et remplacer un père à ton égard ; si je t’ai chéri ; si je t’ai gardé chez moi malgré le Commandeur à qui tu déplais ; si je t’ouvre aujourd’hui mon cœur, reconnais mes bienfaits, et réponds à ma confiance.
Ordonnez, monsieur, ordonnez.
Ne sais-tu rien de mon fils ?… Tu es son ami ; mais tu dois