Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/183

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Monsieur Hardouin.

À vous obliger, si je puis ; je n’aime pas à demeurer en reste avec mes amis. Il me vient une idée…

Monsieur des Renardeaux.

Quelle ?

Monsieur Hardouin.

Mais en retour du service que vous me rendez en me dissuadant d’entamer une mauvaise affaire, car je n’y pense plus, si par hasard je finissais la vôtre ? Savez-vous que cela ne me serait pas du tout impossible ?

Monsieur des Renardeaux.

J’y consens, j’y consens de tout mon cœur, et s’il ne vous fallait qu’une procuration en bonne forme, procuration par laquelle je vous autoriserais à terminer, procuration par laquelle je m’engagerais à ratifier sans exception tout ce qu’il vous aurait plu d’arbitrer, faites-moi donner encre, plume, papier, et je la dresse et je la signe.

Monsieur Hardouin.

Voilà sur cette table tout ce qu’il vous faut… (L’arrêtant.) Mon cher Des Renardeaux, bride en main. Je ferai de mon mieux, vous n’en doutez pas, mais à tout événement, point de reproches.

Monsieur des Renardeaux.

N’en craignez point.

Monsieur Hardouin.

Que sait-on ? (Tandis que Des Renardeaux écrit.) Ah ! ah ! ah ! si l’avocat bas-normand savait que j’ai là dans ma poche la procuration de la dame !… Voilà qui est fort bien ; mais la pièce que j’ai promise ?… Allons, il faut suivre sa destinée, et la mienne est de promettre ce que je ne ferai point, et de temps en temps de faire ce que je n’aurai pas promis.

Monsieur des Renardeaux.

La voilà. Je soussigné, Issachar des Renardeaux…

Monsieur Hardouin.

Je ne doute point que cela ne soit à merveille.

Monsieur des Renardeaux.

Mais encore faut-il prendre lecture du titre en conséquence