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Le mesocora, mesocorus, chez les Romains étoit celui qui dans les jeux publics, donnoit le signal à propos pour les acclamations, afin que tout le monde battît à la fois des mains.

Il ne faut pas confondre le mesocore avec le mesocure, μεζοκουρος ; ce dernier mot designoit une actrice de tragédie, qui avoit la moitié de la tête rasée. (D. J.)

MES-OFFRIR, (Comm.) faire des offres déraisonnables, & bien au-dessous du prix que vaut une marchandise. Dictionn. de commerce.

MESOIDES, en Musique, sons moyens. Voyez Lepsis.

MESOLABE, s. m. (Géom.) instrument mathématique, inventé par les anciens pour trouver méchaniquement deux moyennes proportionnelles ; il est composé de trois parallélogrammes qui se meuvent dans une rainure, & se coupent en certains points. Eutocius en donne la figure dans son commentaire sur Archimede. Voyez les articles Duplication & Moyenne proportionnelle.

MESOLOGARITHME, s. m. (Arithm.) Kepler s’est servi de ce terme, pour exprimer les logarithmes des co-sinus, & des co-tangentes ; mais Neper appelle antilogarithmes les logarithmes des co-sinus, & logarithmes differentiels, differentiales, les logarithmes des co-tangentes ; ces expressions ne sont plus usitées.

MESON, adj. est dans la musique des Grecs, le nom du second de leurs tetracordes, en commençant au grave ; & c’est aussi le nom par lequel on distingue chacune de ses quatre cordes, de celles qui leur correspondent dans les autres tetracordes. Ainsi dans celui dont nous parlons, la premiere corde s’appelle hypate-meson, la seconde parypate-meson, la troisieme lichanos-meson ou meson diathonos, & la quatrieme mese. Voyez Systeme.

Meson est le genitif plurier de l’adjectif μεση, moyenne, parce que le tetracorde meson occupe le milieu, entre le premier & le troisieme ; ou plutôt, parce que la corde mese donne son nom à ce tetracorde, dont elle forme l’extrémité aiguë. (s)

MÉSONYCTION, (Litterat.) mot grec que les Latins traduisent par media nox, le milieu de la nuit. Ce terme est assez rare, même dans les auteurs grecs, qui nous restent. Anacréon s’en sert comme adjectif au commencement de sa jolie chanson sur l’amour, en y ajoutant ὥραις

Μεσονοκτίοις ποθ’ὥραις
Vers le milieu de la nuit.

Il paroît par M. du Cange, qu’on donna le nom de mesonyctium dans le bas empire grec, à un des offices de l’église, qui se récitoit vers le milieu de la nuit. Tel étoit chez les payens le pervigilium ordinaire des sacrifices ; il consistoit proprement dans quelques prieres nocturnes, que Constantin, au rapport d’Eusebe, changea en celles que l’Eglise catholique appelle matines, & qui sont encore le mesonyctium de la plûpart des moines. (D. J.)

MÉSOPOTAMIE, (Géog. anc.) Mesopotamia ; vaste contrée de l’Asie, renfermée entre le Tigre & l’Euphrate ; le mot grec Μεσοποταμία, signifie un pays renfermé entre deux fleuves. Le Tigre, dit Strabon, borne la Mésopotamie à l’orient, & l’Euphrate à l’occident ; au nord le mont Taurus la sépare de l’Armenie, & l’Euphrate lorsqu’il a pris son cours vers l’orient, la baigne au midi.

Les Hébreux appellerent cette contrée, Aram ou Aramasam, & elle est fameuse dans l’écriture sainte, pour avoir été la premiere demeure des hommes, avant & après le déluge. Souvent l’Ecriture lui donne le nom de Mésopotamie syrienne, parce qu’elle étoit occupée par les Araméens ou Syriens.

Nos historiens ont divisé la Mésopotamie en diverses provinces, qu’ils appellent la Mésopotamie propre, l’Osroène, la Mygdonie, la Sophimène & l’Arabie Scénite.

Les différentes puissances qui possederent des portions de la Mésopotamie, ont occasionné d’autres divisions de ce pays ; par exemple, après les expéditions de Lucullus & de Pompée, la partie qui joint l’Euphrate fut presque toute occupée par les Romains, tandis que les Parthes possedoient presque tout ce qui étoit du côté du Tigre. Enfin, comme le succès des armes n’est pas toujours le même, plusieurs empereurs de Rome furent depossedés de toutes les terres que leurs prédecesseurs avoient conquises au-delà de l’Euphrate.

Aujourd’hui, les arabes nomment Al-Gézirah, le pays renfermé entre le Tigre & l’Euphrate, & ils le divisent en quatre parties, qu’ils appellent diars ou quartiers. Ces quatre quartiers sont celui de Diarbekr, nommé vulgairement Diarbek, qui donne souvent son nom à toute la Mésopotamie. Le second est Diar-Rabiat, le troisieme Diar-Rachat & le quatrieme Diar-Moussal.

Les villes capitales de ces quatre cantons, sont dans le premier quartier Amida, que les Turcs appellent Carémit & Diarbek ; dans le second quartier, Nisibe ; dans le troisieme, Racah, que nos historiens nomment Aracta ; & dans le quatrieme quartier, la ville celebre de Moussal ou Mosul. (D. J.)

MÉSOTHENAR, en Anatomie, nom d’un muscle décrit sous le nom d’anti-thenar. Voyez Anti-thenar.

MESPILEUS LAPIS, (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes à une espece d’échinistes ou d’oursins petrifiés, à cause de leur ressemblance avec la nefle.

MESQUIN, en Peinture, est une sorte de mauvais goût, où tout est chétif & amaigri, & où il regne un air de secheresse qui ôte le caractere & l’effet à tous les objets. On dit, les ouvrages de ce peintre sont secs, mesquins ; composition mesquine, caractere mesquin, mesquinement dessiné.

MESQUINERIE, s. f. (Morale.) dépense & épargne sordide ; en effet, ce vice opposé à la libéralité paroît autant dans un avare, lorsqu’il donne, que lorsqu’il épargne. Theophraste a fait un tableau vivant des mesquins de la Grece ; il faut en transcrire ici quelques passages.

Cette espece d’avarice, dit-il, est dans les hommes une passion de vouloir ménager les plus petites choses, sans aucune fin honnête ; c’est dans cet esprit, que quelques-uns faisant l’effort de donner à manger, lorsqu’ils ne peuvent l’éviter, comptent pendant le repas, le nombre de fois que chacun des conviés demande à boire. Ce sont eux encore dont la portion des prémices des viandes que l’on envoie sur l’autel de Diane, est toujours la plus petite. Ils apprécient les choses au-dessous de ce qu’elles valent, & de quelque bon marché qu’un autre en leur rendant compte, veuille se prévaloir, ils lui soutiennent toujours qu’il a acheté trop cher. Implacables à l’égard d’un valet qui aura laissé tomber un pot de terre, ou cassé par malheur quelque vase d’argile, ils lui déduisent cette perte sur sa nourriture. Ne prenez point l’habitude, disent-ils, à leurs femmes, de prêter votre sel, votre orge, votre farine, ni même du cumin, de la marjolaine, & des gâteaux pour l’autel ; car ces petits détails ne laissent pas de monter à la fin d’une année à une grosse somme. Ces sortes d’avares portent des habits qui leur sont trop courts & trop étroits : ils se déchaussent vers le milieu du jour pour épargner leurs souliers ; ils vont trouver les foulons pour leur recommander de se servir de craye dans la laine qu’ils leur