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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/399

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ont donnée à préparer, afin, disent-ils, que leur étoffe se tache moins.

Plaute s’est aussi diverti à peindre dans le personnage d’Euction, un vieillard romain de la derniere mesquinerie. On peut voir les plaisans exemples qu’en alleguent deux cuisiniers, dans la piece intitulée Aulularia, act. ij. scen. 4. où l’un d’eux après quelques traits que l’autre lui en contoit, s’écrie :

Edepol mortalem, parcè parcum, predicas.

Ce parcè pareus est une expression énergique, qui peint à merveille ce que nous nommons un mesquin, mot vraissemblablement tiré de l’italien meschino. (D. J.)

MESQUIS. On appelle bazannes passées en mesquis, celles qui ont été apprêtées avec du rédon au lieu de tan. Voyez Bazanne.

MESQUITE, (Bot. exot.) arbre de l’Amérique, qui est grand & gros comme un chêne, à feuilles plus petites & d’un verd moins foncé. Il produit une gousse semblable à celle de nos haricots, dans laquelle on trouve trois ou quatre graines plus grosses que nos féverolles. On seche ce fruit, & l’on s’en sert à faire de l’encre, à nourrir les bestiaux & quelquefois les hommes, du-moins c’est ce qu’on en dit dans le Journal de Trévoux, Novembre 1704, p. 1976.

MESSA, (Géog.) on l’appelloit autrefois Temese, ancienne ville d’Afrique au royaume de Maroc, dans la province de Sus, au pié de l’atlas proche de l’océan, dans un terrein abondant en palmiers, à 16 lieues O. de Sus. Long. 8. 40. latit. 29. 20. (D. J.)

MESSAGER, s. m. chez les anciens Romains étoit un officier de justice, ce terme ne signifioit originairement qu’un messager public ou un serviteur qui alloit avertir les sénateurs & les magistrats des assemblées qui devoient se tenir, & où leur présence étoit nécessaire.

Et comme dans les premiers tems de l’empire romain la plûpart des magistrats vivoient à la campagne, & que ces messages se trouvoient continuellement en route, on les appelloit voyageurs, de viâ, grand-chemin, viatores.

Avec le tems le nom de viator devint commun à tous les officiers des magistrats, comme ceux qu’on appelloit lictores, accensi, scriboe, statores, prœcones, soit que tous ces emplois fussent réunis dans un seul, soit que le terme viaton fût un nom genéral, & que les autres termes signifiassent des officiers qui s’acquittoient chacun en particulier de fonctions différentes, comme Aulu-Gelle semble l’insinuer, lorsqu’il dit que le membre de la compagnie des viatores, chargé de garotter un criminel condamné au fouet, s’appelloit licteur. Voyez Accensi, Scribæ.

Quoi qu’il en soit, les noms de lictor & viator s’employoient indifféremment l’un pour l’autre, & nous lisons aussi fréquemment : Envoyer chercher ou avertir quelqu’un par un lictor que par un viator.

Il n’y avoit que les consuls, les préteurs, les tribuns & les édilles qui fussent en droit d’avoir des viatores. Il n’étoit pas nécessaire qu’ils fussent citoyens romains, & cependant il falloit qu’ils fussent de condition libre.

Du tems de l’empereur Vespasien il y eut encore une autre espece de messagers. C’étoient des gens préposés pour aller & venir d’Ostie à Rome prendre les ordres du prince pour la flotte, & lui rapporter les avis des commandans. On les appelloit messagers des galeres, & ils faisoient leurs courses à pié.

MESSANA, (Géog. anc.) ville de Sicile, la premiere qu’on rencontre en traversant de l’Italie dans cette île. Elle est située sur le détroit, comme le dit Silius Italicus, l. XIV. v. 195. Incumbens Messana Frtto. Diodore de Sicile observe qu’elle s’appelloit

anciennement Zancla. Le nom de Messana lui vient, selon Strabon, des Messéniens du Péloponnese, qui en furent les fondateurs.

Dans les écrivains grecs, le nom de Μεσσήνη est indifféremment employé pour signifier cette colonie des Messéniens en Sicile, & leur ville capitale dans la Messénie au Péloponnese ; mais les écrivains latins ont appellé Messana celle de Sicile, & Messene celle du Péloponnese.

Lorsque les Messaniens d’Italie, nommés par les latins Messanienses, eurent admis parmi eux les Mamertins, ils prirent le nom de ces derniers en reconnoissance du secours qu’ils en avoient recu, voilà pourquoi Pline appelle les habitans de Méssana Mamertini, & que Cicéron nomme leur ville Mamertina civitas ; c’est aujourd’hui Messine. Voyez Messine. (D. J.)

MESSAPIE, Messapia, (Géog. anc.) contrée d’Italie, en forme de péninsule, qui avance dans la mer Ionienne, son isthme est entre Brindes & Tarente. Strabon dit qu’on appelloit encore cette péninsule Japygia, Calabria & Salentina, quoique le pays des Salentins n’en formât qu’une partie. (D. J.)

MESSE, s. f. terme de Religion, c’est l’office ou les prieres publiques que l’on fait dans l’Eglise romaine lors de la célébration de l’Eucharistie. Nicod, après Baronius, dit que le mot Messe vient de l’hébreu missach, qui signifie oblatum, ou de missa missorum, parce qu’on mettoit en ce tems-là hors de l’Eglise les cathécumenes & les excommuniés, lorsque le diacre disoit ite missa est, après le sermon & la lecture de l’Epître & de l’Evangile, parce qu’il ne leur étoit pas permis d’assister à la consécration, & cette opinion est la seule véritable. Voyez Cathécumene. Ménage le fait venir de missio, congé ; d’autres de missa, envoi, parce que la Messe, les prieres des hommes qui sont sur la terre, sont envoyées & portées au ciel.

Les Théologiens disent que la Messe est une oblation faite à Dieu, où, par le changement d’une chose sensible, on reconnoît le souverain domaine de Dieu sur toutes choses en vertu de l’institution divine.

C’est dans le langage ordinaire la plus grande & la plus auguste des cérémonies de l’Eglise. C’est le sacrifice non-sanglant de la nouvelle loi, où l’on présente à Dieu le corps & le sang de son Fils Jesus-Christ sous les especes du pain & du vin.

On donne des noms différens à la Messe, selon les différens rits, les différentes intentions, les différences manieres selon lesquelles on la dit, comme on va le voir.

Messe ambrosienne, c’est-à-dire du rit ambrosien, ou de l’Eglise de Milan.

Messe anglicane, selon le rit qui s’observoit autrefois dans l’Eglise d’Angleterre.

Messe gallicane est une Messe célébrée suivant l’ancien rit de l’Eglise de France.

Messe greque est une Messe célébrée suivant le rit grec en langue greque, & par un prêtre de cette nation.

Messe latine, celle qui se dit en latin dans l’Eglise latine, & selon le rit de cette Eglise.

Messe mozarabique ou gothique est celle qu’on célébroit autrefois en Espagne, & dont le rit est encore en usage dans les églises de Tolede & de Salamanque. On l’a nommée mozarabique, parce que les Arabes ont été maîtres de l’Espagne, & qu’on appelloit alors les Chrétiens de ce pays-là mozarabes, c’est-à-dire mêlés avec les Arabes.

Messe haute, qu’on appelle aussi grande Messe, est celle qui se chante par des choristes, & que l’on célebre avec diacre & soudiacre.

Messe basse, c’est celle qui se dit sans chant, mais