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ral & naturel, mais encore dans l’ordre surnaturel.

Quant à la grace ; Pélage soutint d’abord que les forces naturelles du libre arbitre suffisoient pour remplir tous les commandemens de Dieu, vaincre les tentations ; en un mot, opérer toutes sortes de bonnes œuvres dans l’ordre du salut. Mais attaqué de toutes parts & poussé vivement par les Catholiques, il admit d’abord des graces extérieures, comme la loi, la prédication de l’Evangile, les exemples de Jesus-Christ. Il alla ensuite jusqu’à reconnoître une grace intérieure d’entendement pour les vérités revélées, non qu’il la jugeât absolument nécessaire, mais simplement utile pour en faciliter la connoissance. Enfin, il admit une grace intérieure de volonté, mais réduite presque à rien par ses subtilités & par celles de ses disciples ; car ils soutenoient que cette grace n’étoit nécessaire que pour achever les bonnes œuvres, & non pour les commencer ; qu’elle n’étoit pas absolument nécessaire pour opérer le bien, mais pour en faciliter l’opération ; & enfin que cette grace n’étoit point gratuite, puisque Dieu ne la conféroit aux hommes, qu’en considération de leurs mérites & à titre de justice. Or, selon eux, ces mérites étoient purement humains, produits par les seules forces de la nature. S. August. lib. de Gert. Pelag. de grat. & lib. arbitr. de grat. Christ. & contr. Julian. Tournély, trait. de la Grace, tom. I. disput. 1. art. 3.

On voit que ce système tend à anéantir la nécessité de la grace ; Pélage eut pour principaux disciples, Célestius & Julien, évêques d’Eclane en Sicile. Condamné en Afrique & en Orient par divers conciles, il trompa le pape Zozime par une feinte profession de foi ; mais ce pontife mieux instruit par les évêques d’Afrique, condamna Pélage & Celestius dans un concile tenu à Rome en 418 : leurs erreurs furent proscrites de toutes parts, tant par la puissance ecclésiastique, que par l’autorité séculiere. On tint sur cette matiere vingt-quatre conciles en dix-neuf ans, & les empereurs Honorius, Constance & Valentinien ayant appuyé par leurs lois les décisions de l’Eglise, le pélagianisme parut écrasé, mais il reparut en partie dans la suite sous le nom de semipélagianisme. Voyez & Semi-Pélagiens.

Ce fut en combattant ces hérétiques, que S. Augustin composa les divers ouvrages qui lui ont mérité le titre de docteur de la grace. C’est aussi contre eux que S. Prosper a fait son poëme intitulé contre les ingrats ; S. Hiérome, S. Fulgence & plusieurs autres peres ont aussi réfuté les Pélagiens.

PÉLAGONIE, (Géog. anc.) Pelagonia, contrée de la Macédoine, dont la capitale portoit le même nom, selon Tite-Live, liv. XLV. c. xxix. il est vraissemblable que cette ville fut ruinée du tems de la guerre de Macédoine, car depuis Tite-Live aucun écrivain n’en fait mention. Les habitans de la Pélagonie étoient appellés Pélagones & Pœones, parce que leur pays étoit quelquefois compris dans la Pœonie. Cellarius place la Pélagonie au midi du mont Hémus, entre la Mygdonie & la Pœonie. (D. J.)

PELAGUS, (Lexic. Géogr.) nom dont les Grecs usoient pour désigner la mer, & que les Latins reçurent dans leur langue ; quoiqu’il semble dans sa propre signification vouloir dire la haute mer ; Ptolomée néanmoins donne ce nom à toutes les mers particulieres. Voyez Mer.

2o. Pelagus est dans Pausanias, l. VIII. c. xj. une forêt d’Arcadie, qui faisoit la borne entre les Mantinéens & les Tégéens.

PELAINS, s. f. pl. (Comm. de la Chine.) ce sont des satins de la Chine, mais qui passent par les mains des Indiens, de qui les commis de la compagnie les re-

çoivent & les achetent ; leur longueur est de huit

aunes sur sept seiziemes de largeur.

PELAMYDE ou THON D’ARISTOTE, s. f. (Hist. nat. Icthiolog.) limaria limosa, poisson de mer qui est fort ressemblant au maquereau par la forme du corps, par le nombre & par la position des nageoires, & qui n’en differe que par la couleur & par les taches qui sont sur le dos. Voyez Maquereau.

La pelamyde a le ventre blanc, & le dos est de couleur livide & quelquefois blanc ; il y a sur les côtés du corps des traits noirs, fort près les uns des autres, qui s’étendent depuis le dos presque jusqu’au ventre. On confond souvent ce poisson avec la bise qui lui ressemble à tous égards, par la forme & par la couleur ; il en differe en ce qu’il a le corps en entier, lisse & sans écailles ; au lieu que dans la bise, la partie qui se trouve au-dessous de la nageoire des ouies est couverte d’écailles : les traits noirs des côtés du corps sont moins près les uns des autres dans la bise, que dans la pelamyde. Voyez Bise. Rondelet, Hist. nat. des Poissons, part. I. liv. VIII. ch. x. Voyez Poisson.

PELARD, Bois, (Comm. de bois.) sorte de bois à brûler, dont on a ôté l’écorce pour faire du tan.

PELARDEAUX, (Marine.) voyez Palardeaux.

PÉLARD s. f. (Myth.) fille de Potnéus qui ayant rétabli à Thèbes le culte des dieux Cabires, mérita qu’après sa mort on lui décernât les honneurs divins par ordre même de l’oracle de Delphes.

PELASGICUM ARGOS, (Geog. anc.) c’est un des noms qui furent donnés à la Thessalie. Elle en a souvent changé, comme Pline, liv. IV. ch. vij. nous l’apprend. Celui-là lui appartint lorsqu’elle fut habitée par les Pélasges, peuples de l’Argie.

PÉLASGES, (Géog. anc.) Pelasgi, ancien peuple de la Grece ; il habita d’abord l’Argie, & tiroit son nom du roi Pélasgus, fils de Jupiter & de Niobé. On peut lire dans les mémoires de littérature les savantes recherches de M. l’abbé Geinotz, tom. XIV. & tom. XVI. in-4o. sur l’origine des Pélasges, & leurs différentes migrations ; c’est assez pour nous de les parcourir d’un œil rapide d’après Denys d’Halycarnasse, liv. I.

Les Pélasges, dit-il, après la sixieme génération, laisserent le Péloponnese, & se transporterent dans l’Hémonie, appellée depuis la Thessalie. Les chefs de cette colonie furent Achæus, Phthius & Pelasgus, fils de Neptune & de Larisse. Après avoir chassé les habitans du pays, ils s’y établirent & la partagerent entr’eux, donnant à chaque portion le nom d’un de leurs commandans. C’est delà que sont venus les noms de Phthiolide, d’Achaïde & de Pélasgiotide.

Après la cinquieme génération dans cette seconde demeure, les Curetes, les Léleges, & divers autres habians les chasserent : une partie se sauva dans l’île de Crète, & une autre partie dans les îles Cyclades ; quelques-uns se retirerent sur le mont Olympe, & dans le pays voisin ; d’autres dans la Bæotie, dans la Phocide & dans l’Eubée ; il y en eut qui passerent en Asie, & qui s’emparerent d’une partie de la côte de l’Hellespont & des îles voisines, entr’autres de celles de Lesbos ; mais la plus grande partie alla dans le pays des Dodonéens leurs alliés, & y demeurerent jusqu’à ce que devenant à charge au pays par leur grand nombre, ils furent conseillés par l’oracle de passer en Italie, appellée alors Saturnie. Pour cet effet ils équiperent une flotte, sur laquelle ils traverserent la mer Ionienne ; & étant venu débarquer à l’embouchure du Pô, ils y laisserent ceux d’entr’eux qui n’étoient pas en état de supporter la fatigue de l’expédition qu’ils méditoient.

Ceux-ci, avec le tems, bâtirent une ville, qu’ils nommerent Spinæ, du nom de l’embouchure du Pô, sur le bord de laquelle ils avoient pris terre. Ils s’y