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tournoyemens d’eau dangereux pour les petits vaisseaux ; mais les mariniers les connoissent, & sont si bien expérimentés, qu’ils les évitent, ou passent par dessus avec beaucoup d’adresse. (D. J.)

PENTURE, s. f. (Serrur.) morceau de fer plat replié en rond par un bout, pour recevoir le mammelon d’un gond, & qui attaché sur le bord d’une porte ou d’un contrevent, sert à le faire mouvoir, à l’ouvrir, où à le fermer.

Penture flamande, c’est une penture faite de deux barres de fer soudées l’une contre l’autre & repliées en rond, pour faire passer le gond. Après qu’elles sont soudées, on les ouvre, on les sépare l’une de l’autre autant que la porte a d’épaisseur, & on les courbe ensuite quarrément pour les faire joindre des deux côtés contre la porte. On met quelquefois des feuillages sur ces sortes de pentures.

Penture de gouvernail, (Marine.) voyez Ferrure de gouvernail.

Penture de sabords, voyez Ferrure.

Penture à gonds, (Marine.) ce sont des bandes de fer, ou des plaques qu’on cloue en quelque endroit pour y faire entrer un gond sur lequel elles se meuvent comme sur un pivot, pour s’ouvrir & se fermer. (Z)

PENULA, s. f. (Littérat.) espece de manteau des Romains, long, étroit, & qui n’étoit ouvert que par le haut. On le vêtoit en passant la tête par cette ouverture, & on ne le prenoit que pour se garantir de la pluie & du froid ; c’étoit proprement un manteau de campagne, quoiqu’on le portât aussi en ville dans les grands froids. Horace parle du penula dans son épître à Bullatius, ep. xj. l. I. il lui dit :

Incolumi Rhodos, & Mitylene pulchra facit, quod
Penula solstitio
.


« Si votre esprit, mon cher Bullatius, étoit dégagé des passions qui le tourmentent, vous ne trouveriez pas plus de plaisir à demeurer à Rhodes ou à Mitylène, toutes charmantes que sont ces villes, qu’à porter un gros manteau au mois de Juin ».

Spartien remarque qu’Adrien faisant la fonction de tribun du peuple, eut un heureux présage de la continuation de cette dignité dans sa personne par la perte qu’il fit de son manteau appellé penula, que les tribuns portoient dans le tems de pluie ou de neige, & dont les empereurs ne se servoient jamais. Tribunus plebis factus est canaido & quadrato, & iterum coss. in quo magistratu ad perpetuam tribuniciam potestatem, omen sibi factum asserit, quod penulas amiserit, quibus uti tribuni plebis pluviæ tempore solebant ; imperatores autem numquam. (D. J.)

PÉNULTIÈME, adj. (Gramm.) dans un ordre de choses, c’est elle qui occupe la place d’avant la derniere. La pénultieme leçon. Le pénultieme de sa classe.

PÉON, s. m. (Poésie greq.) c’est-à-dire pié. Les anciens comptoient quatre sortes de piés qui s’appelloient péons. On leur donna ce nom parce qu’on les employoit particulierement dans les hymnes d’Apollon, qu’on nommoit Péan. Le premier péon est composé d’une longue & trois breves, comme colligere ; le second est composé d’une breve, une longue & deux breves, comme resolvere ; le troisieme est composé de deux longues, une breve & une longue, comme communicant ; & le quatrieme est composé de trois breves & une longue, comme temeritas.

PÉONE, (Jardinage.) voyez Pivoines.

PÉONIEN ÉPIBATE, rythme, (Musique anc.) le rythme péonien épibate étoit composé, 1°. d’un frapé, ou d’une longue ; 2°. d’un levé, ou d’une autre longue ; 3°. d’un double frapé, ou de deux longues ; 4°. d’un levé, ou d’une cinquieme longue. (-|-|--|-|)

PÉONIQUE rythme, (Musique anc.) étoit un des trois rythmes de la musique vocale des anciens ; les

deux autres étoient le rythme dactylique, & le rythme jambique.

On rapportoit au rythme péonique non-seulement les quatre péons, mais aussi tous les autres piés, dont la mesure se battoit à deux tems inégaux, suivant la proportion de 3 à 2, ou de 2 à 3.

Plutarque nomme le rythme péonique dans la proportion sesquilatere ou de 3 à 2, composé d’une longue & de trois breves ; & comme cette longue dans cet assemblage peut occuper quatre places différentes, cela forme autant de piés différens appellés péons : 1, 2, 3, 4, parce qu’ils étoient singulierement usités dans ces hymnes d’Apollon, qu’on nommoit pæans. Voyez Rythme & Pœan.

PÉOTE, s. f. (Marine.) c’est une espece de chaloupe très-légere qui est en usage parmi les Vénitiens. Comme cette sorte de petit vaisseau va d’une très-grande vîtesse, ils s’en servent quand ils veulent envoyer des avis en diligence.

PÉPARETHE, (Géog. anc.) Peparethus, île de la mer Ægée sur la côte de la Macédoine, selon Ptolomée, liv. III. ch. xiij. qui y place une ville de même nom. Elle produisoit d’excellent vin & de très bonnes olives. Pline, liv. XIV. ch. vij. dit que le médecin Apollodore conseillant le roi Ptolomée, touchant le vin qu’il devoit boire, préféra celui de Péparethus. Ovide, Métam. l. VII. v. 470. fait l’éloge des olives de cette île :

Et gyaros, nitidæque ferax Peparethos olivæ.

Des géographes modernes appellent cette île Lemene, Saraquino, & Opula.

Diocles né dans l’île de Péparethe, est le premier des grecs qui ait écrit des l’origine de Rome. Il vivoit avant la seconde guerre de Carthage ; car Plutarque in Romulo, nous apprend que cet auteur avoit été copié en plusieurs endroits par Trabius Pictor.

Je dois observer en passant, que les Grecs ont eu plusieurs écrivains du nom de Dicolès. C’est Dioclès de Rhodes qui étoit auteur d’une histoire d’Etolie ; le même, ou un autre Dioclès avoit fait une histoire de Perse. Diogene Laërce se sert très-souvent des vies des Philosophes écrites par un Dioclès, qui est, selon les apparences, différent de ceux dont on vient de parler. On doit encore distinguer entre les hommes de ce nom, deux Dioclès de Caryste, l’un médecin, qui vécut dans un tems peu éloigné d’Hippocrate, dont il égala presque la réputation, si l’on en croit Pline, qui le cite souvent ; l’autre Dioclès de Caryste, étoit un rhéteur du tems d’Auguste, de qui Séneque fait mention dans sa premiere controverse. Dioclès d’Athenes est un poëte comique souvent cité par Athénée. Dioclès d’Elée est un musicien qui ne nous est connu que par Suidas. (D. J.)

PEPASME, s. m. terme de Médecine, qui signifie l’action de digérer & de mûrir les humeurs morbifiques. Voyez Maturation, Digestion, &c.

PEPASTIQUE ou PEPTIQUE, adj. terme de Medecine, c’est le nom qu’on donne à une sorte de médicament, dont la consistence est semblable à celle d’un emplâtre, & qui a la propriété de guérir les humeurs vicieuses & corrompues, en les disposant à la suppuration. Voyez Murissant & Digestif.

Ce mot, ainsi que le mot pepasme, est formé du mot grec πεπαίνεν, digérer ou mûrir.

Les beurres, les racines de mauve ou fleurs de lis, les oignons & les feuilles de l’oxylapathum passent pour de bons pepastiques ou maturatifs.

PEPERIN, s. m. (Architect.) sorte de pierre grise & rustique, dont on se sert à Rome pour bâtir.

PEPHNON, (Géog. anc.) ville de la Laconie, selon Etienne le géographe. Pausanias, l. III c. xxvj. qui en fait une ville maritime, la met à vingt stades de Thalami, & ajoute qu’il y avoit au-devant une