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Sur le duvet, sur le lit le plus voluptueux & le plus doux, entre des draps de satin, sur le sein d’une femme dont la blancheur efface celle du satin-même qui l’enveloppe, il se trouve toujours, je ne sans comment, une feuille de rose qui nous blesse.

PERFORANT, est le nom qu’on donne en Anatomie, à deux muscles de la main & du pié, qu’on appelle aussi à cause de leur action, fléchisseurs communs des doigts. Voyez Planch. anatomiq. & leur explic. Voyez Perforé.

Le perforant de la main, ou le profond, est situé le long de la partie interne de l’avant-bras, & est couvert par le perforé. Il vient charnu de la partie externe & supérieure du cubitus, & du ligament interosseux ; & après avoir formé un corps charnu & assez épais, il se divise en quatre tendons ronds qui passent sous le ligament annulaire, & à-travers les sentes des tendons du perforé, s’inserent à la partie interne & supérieure de la troisieme phalange de chaque doigt. Voyez Doigt.

Le perforant du pié est le nom d’un muscle du pié, appellé aussi profond, & à cause de son action, fléchisseur de la troisieme phalange des doigts du pié, ou grand fléchisseur. Ce muscle est situé à la partie postérieure de la jambe, entre le tibia & le peroné, & sur le ligament interosseux.

Ce muscle vient de la partie supérieure & postérieure du tibia & du peroné ; & passant derriere la malléole interne & le ligament qui joint le tibia avec le calcaneum, il se divise en quatre tendons qui passant par les trous du perforé, s’inserent à la troisieme phalange des petits orteils.

Il y a une masse ou substance charnue qui vient du calcaneum, & qui joint le tendon de ce muscle dans l’endroit ou commencent les lombricaux. M. Winslow l’appelle l’accessoire du long fléchisseur, & d’autres anatomistes le quarré.

PERFORATIF, instrument de Chirurgie, voyez Trépan.

PERFORÉ, en Anatomie, nom de deux muscles des doigts de la main & du pié, ainsi appellés parce que leurs tendons sont percés par ceux du perforant. On les appelle quelquefois fléchisseurs de la seconde phalange, à cause de leur action, & quelquefois sublimes, à cause de leur situation. Voyez nos Pl. d’Anat.

Le perforé de la main est situé le long de la partie interne de l’avant-bras. Il vient tendineux du condile interne de l’humerus, & de la partie supérieure & antérieure du radius ; ensuite il se partage en quatre parties, & passe sous le ligament annulaire, d’où il envoie différens tendons qui se bifurquent à la partie supérieure & interne de la seconde phalange de chaque doigt. C’est par cette fente ou trou que passent les tendons du perforant.

Le perforé du pié est un muscle du pié appellé aussi fléchisseur du pié, & sublime. Il est situé sous la plante du pié, & vient de la partie inférieure du calcaneum, & envoie un tendon à la seconde phalange de chacun des quatre petits orteils. Dans ce muscle, comme dans le perfore de la main, il y a une fente à chaque tendon pour laisser passer les tendons du perforant.

PERGAME, (Géogr. anc.) Pergamum, Pergamia, Pergamea & Pergamus, sont les noms de plusieurs lieux & villes.

1°. Virgile appelle Pergamum, la citadelle de Troye, & prend souvent cette forteresse pour Troye elle-même.

2°. Pergamum, ville de la Thrace dans les terres, selon Ptolomée, l. III. c. xj.

3°. Pergamum, ou Pergamea, ville de l’île de Crete. Velleïus Paterculus dit qu’Agamemnon ayant été jetté dans cette île par la tempête, il y fonda trois yilles, Mycènes, Tégée & Pergame ; cette derniere

en mémoire de sa victoire. Virgile, Æneïd, lib. III. v. 132. attribue cependant la fondation de cette ville à Enée, à qui il fait dire :

Ergo avidus muros optatæ molior urbis
Pergameamque voco.

Plutarque, in Lycurgo, dit que les habitans de l’île de Crete montroient le tombeau de Lycurgue dans le territoire de Pergame, près du grand chemin.

4°. Pergamum, ou Pergamus, ville de l’Asie mineure, dans la grande Mysie, selon Strabon, qui dit que le fleuve Caïcus l’arrosoit. Pline, liv. V. ch. xxx. y joint le Selinus & le Cetius. Sa situation étoit donc très-avantageuse. Ce fut d’abord une forteresse bâtie sur une montagne. Lysimachus, l’un des successeurs d’Alexandre, y mit ses trésors, & en confia le gouvernement à Philetærus, qui profitant des conjonctures, s’en appropria la succession. Pergame devint dans la suite la capitale des rois Eumenes & des Attale.

La magnifique bibliotheque que les rois de Pergame dresserent, & le temple d’Esculape, furent les principaux ornemens de cette ville. Plutarque nous apprend que Marc-Antoine fit présent à Cléopatre de la bibliotheque de Pergame, dressée par Eumenès, & dans laquelle il y avoit deux cens mille volumes. Le roi d’Egypte qui vivoit du tems d’Eumenès, vit avec chagrin que les soins du roi de Pergame étoient capables d’effacer la gloire de la bibliotheque d’Alexandrie ; & l’émulation de ces princes fit naître plusieurs impostures en fait de livres.

Pour ce qui regarde Esculape, il est nommé Pergaméen dans Martial, Epig. xvij. l. IV. & nous apprenons de Tacite, Annal. l. III. c. lxiij. ad annum 775, que quand on fit à Rome la recherche des faux asyles, les preuves de l’asyle de l’Esculape des Pergaméens se trouverent valables.

Pergame fit bâtir un temple à l’empereur Auguste & à la ville de Rome. Strabon, liv. XIII. p. 429. vous dira les hommes illustres dont elle fut la patrie. On sait que Galien & Oribaze, tous deux grands médecins, sont du nombre. Disons présentement un mot des rois de Pergame.

Ce royaume commença vers l’an 470 de Rome par Philétærus, dont nous avons déja parlé ; mais ni lui, ni son successeur ne prirent le nom de rois. Attare I. se donna le premier cette qualité, & il crut le pouvoir faire sans arrogance, après la gloire qu’il avoit acquise en gagnant une bataille contre les Gaulois. Il s’allia avec les Romains, & se rendit exprès à Athènes pour nuire à Philippe, roi de Macédoine. Alors toute la ville, hommes, femmes & prêtres avec leurs habits sacerdotaux, furent au-devant de lui. Peu s’en fallut qu’on ne contraignît les dieux à lui rendre le même honneur. Cependant il trouva plus conforme à sa dignité de communiquer par écrit ses propositions, que de commettre sa modestie à la nécessité d’étaler lui-même ses services, & de recevoir d’un peuple flatteur une infinité d’applaudissemens ; c’est Tite-Live qui le dit, liv. XXXI. La guerre fut conclue contre Philippe. Ce fut alors que pour honorer Attalus, on proposa d’ajouter une nouvelle tribu aux dix anciennes, & de la nommer Attalide. Ce prince regna 44 ans, & en vécut 72. Il aima les Philosophes, se servit de ses richesses en homme magnanime, fut fidele à ses alliés, & éleva très-bien ses quatre fils.

Eumenès II. l’aîné de tous, lui succéda. Il étoit d’un tempérament infirme, mais d’une grandeur de courage qui suppléoit à la foiblesse de son corps. Il aimoit souverainement la gloire ; il fut magnifique, & combla de bienfaits plusieurs villes greques & plusieurs particuliers. Il étendit au long & au large les bornes de ses états, & ne fut redevable de cet aggrandissement qu’à son industrie & qu’à sa prudence. Il se tint inviolablement attaché à l’alliance des Romains, & il en tira de grandes utilités. Il mou-