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D’où il est clair, qu’en tirant du sang par une veine du bras droit, la plus grande vîtesse du sang restant sera dans l’artere de ce bras ; à cause qu’il décharge son sang immédiatement dans la veine qui est ouverte ; & la plus grande vîtesse après celle-ci, se trouvera dans l’artere thorachique ou la scapulaire du même côté, qui sort de l’artere axillaire ; mais la vîtesse du sang sera beaucoup moindre dans l’artere brachiale, axillaire & thorachique, du côté gauche & opposé, & la moindre de toutes dans les arteres qui viennent du tronc descendant de l’aorte.

Sur ces principes, on peut aisément insérer ce qu’il faut faire dans plusieurs circonstances de la saignée : par exemple, il l’on veut empêcher le progrès de quelqu’humeur provenante d’un sang stagnant dans la jambe gauche, ou si l’on veut parvenir à faire couler dans cette jambe en un espace de tems donné quelconque, une aussi petite quantité de sang qu’il est possible ; on doit premierement, tirer du sang par le bras ou la jambe du côté droit ; car c’est-là le véritable moyen de faire ce que l’on appelle révulsion.

De plus, si l’on tire du sang du même côté, & par quelque veine qui reçoit le sang d’une branche de ce tronc qui le transmet à la partie enflée, on occasionnera une plus grande dérivation de sang à ce membre.

Quant à ce qui regarde toute la constitution du corps ; dans tous les cas où le sang coule avec lenteur, ou quand il est visqueux, s’il y a encore assez de force & d’élasticité dans les solides ; la phlébotomie fera circuler plus vîte le sang qui reste, le rendra plus coulant & plus chaud ; mais dans une pléthore qui vient de débauche & d’une trop grande quantité d’alimens spiritueux, ou d’une diminution de transpiration, dans laquelle cependant le sang conserve sa fluidité naturelle ; la phlébotomie fera circuler le reste de la masse plus lentement & le rafraichira.

Dans le premier cas une diminution de résistance dans les vaisseaux sanguins, augmentera les puissances contractives de ces vaisseaux, elle les fera battre plus vîte & sera circuler avec plus de rapidité les humeurs qu’ils contiennent ; mais dans le dernier cas, une diminution de la quantité d’un sang spiritueux fera aussi diminuer la quantité d’esprits, dont la sécrétion se fait dans le cerveau, il s’ensuivra que le cœur & les arteres ne se contracteront plus si souvent, ni si fortement qu’auparavant ; ainsi le sang circulera plus doucement & deviendra plus frais. Voyez Cœur & Artere, & voilà les principes sur lesquels roule toute la doctrine de la saignée. Voyez Évacuation, Dérivations & Révultion.

Pour la maniere de faire la phlébotomie. Voyez Saignée.

PHLÉGÉTHON, s. m. (Mythol.) fleuve d’enfer, qui non-seulement rouloit des torrens de flammes, mais qui environnoit de toutes parts la prison des scélérats ; son nom vient de φλέγω, je brûle. Les habitans, voisins du marais Achéruse plein d’eaux croupissantes, débitoient sur ces eaux mille fables ridicules, dont les Poëtes se jouerent en les ennoblissant. (D. J.)

PHLEGMAGOGUE, adj. (Médecine.) c’est un médicament propre à purger le phlegme ou la pituite. Voyez Purgatif. Ce mot est formé du grec φλέγμα, pituita, pituite, & ἄγειν, chasser ou tirer. L’agaric, l’hermodactyle, le turbith sont réputés des drogues phlegmagogues.

PHLEGMASIE, s. f. (Médecine.) dans Hippocrate, signifie non-seulement une inflammation en général, mais quelquefois encore une chaleur violente excitée par une fievre : ailleurs il signifie une espece d’urine pituiteuse qui contient beaucoup d’humeurs froides & grossieres.

On peut dire que l’inflammation attaque la lymphe comme le sang. Les inflammations lymphatiques ne sont pas connues des médecins ordinaires, qui ne caractérisent que les maladies dont ils ont étudié, ou se sont accoutumés à reconnoître les symptômes dans les livres des anciens, ou dans le courant de leur pratique ordinaire. Voyez Lymphe & Inflammation.

PHLEGMATIQUE, adj. (Médecine.) tempérament dans lequel le phlegme ou la pituite est l’humeur dominante. Voyez Tempérament & Phlegme.

Les tempéramens phlegmatiques sont sujets aux rhumes, aux fluxions, &c. Voyez Constitution & Complexion.

PHLEGME, s. m. (Médecine.) Une humeur morbifique, secrétoire, tenace, glutineuse, blanche, sans action, produite peu-à-peu par une augmentation de chaleur, ou de mouvement du corps, s’appelle phlegme.

Les humeurs naturelles, albumineuses, gélatineuses, mucilagineuses, muqueuses, & peut-être la graisse elle-même, par une disposition morbifique du corps, paroissent dégénérer en cette matiere.

Comme dans la distillation, après l’ascension de la partie volatile, monte le phlegme sans action, de même les humeurs de bonne qualité qui ont souffert une longue agitation par la force de la circulation & la chaleur du corps, se changent en cette humeur tenace & glutineuse.

Le phlegme, difficile à se résoudre après la cessation d’une violente inflammation & de la fievre, présage toujours la longueur de la maladie, produit des aphthes de durée, un sédiment muqueux dans l’urine, des crachats abondans & tenaces dans les poumons, des ordures dans les ulceres, dans la bouche, sur la langue, & dans les yeux, des selles muqueuses & tenaces que le malade rend sans aucun soulagement.

Pour diviser le phlegme, il faut employer les détersifs savonneux, incapables de trop échauffer ou de trop rafraîchir : par le moyen de semblables antiseptiques, on prévient le trop grand progrès & la corruption du phlegme ; enfin on le dissipe très-doucement.

Phlegme, dans les anciens comme dans Galien, signifie toute humeur froide & humide ; mais dans Hippocrate, ce mot ne désigne pas seulement une humeur blanche & froide, mais encore une inflammation. De plus φλέγμασιν, dans le même auteur, signifie quelquefois une chaleur violente excitée par la fievre. Enfin, dans le même Hippocrate, φλεγμαίνειν ne signifie pas seulement causer une tumeur, mais exténuer. (D. J.)

PHLEGMON, s. m. terme de Chirurgie, inflammation sanguine qui fait éminence au-dehors, & qui s’étend profondément dans la partie qu’elle occupe. On définit ordinairement le phlegmon, une tumeur circonscrite avec rougeur, chaleur, douleur & pulsation.

La cause du phlegmon est un engorgement dans les extrémités capillaires, artérielles, sanguines, avec constriction & érétisme des vaisseaux engorgés. Voyez Inflammation & Érétisme. L’amas du sang dans des vaisseaux dont l’action seroit abolie ou empêchée, ne produit point une tumeur inflammatoire. Voyez Apostème.

Les signes qui font connoître le phlegmon, sont la rougeur, la chaleur, la circonscription, la tumeur, la dureté, la tension, la douleur, la pulsation, la fievre & l’insomnie. L’application du doigt sur la tumeur ne fait pas évanouir pour un moment la rougeur comme dans l’érésipele. Voyez Érésipele.

Pour guérir le phlegmon, il faut tâcher de procurer la résolution de l’humeur arrêtée dans la partie : aucun remede ne peut suppléer à la saignée ; & si la plûpart des phlegmons se terminent par suppuration,