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semer. Au surplus même tems, même soins & mêmes arrangemens à observer pour la transplantation de cet arbre qui se plaît sur les collines dans un terrein sec, leger & sablonneux : son accroissement est lent dans sa jeunesse, surtout quand il a été transplanté. Il ne donne du fruit qu’à 10 ou 12 ans, & ce n’est qu’à 15 qu’il commence à avoir de l’apparence.

Les pignons étoient autrefois à la mode : on en faisoit des dragées, des pralines, des crêmes, & on les faisoit entrer dans quantité de plats du service de l’entremets ; on leur a substitué les pistaches, qui sont une nourriture plus indifférente. On tire des pignons une huile très-douce, qui a toutes les autres qualités de l’huile d’amande, & le marc fait encore une meilleur pâte à laver les mains.

Le bois de franc-pin est blanchâtre, médiocrement chargé de resine, & il est propre aux mêmes usages que celui des autres pins.

4. Le pin de montagne ou torchepin, que l’on nomme pin suffis à Briançon, & que les Botanistes désignent sous le nom de mugo. Il fait un arbre d’une belle venue, ses feuilles qui ont environ deux pouces de longueur, sont fermes, piquantes, & d’une belle verdure. Ses jeunes branches ont l’écorce écailleuse & d’une couleur de canelle assez luisante ; elles prennent une courbure naturelle qui tourne en agrément. Ses fleurs mâles ou chatons viennent en bouquet qui sont d’un joli aspect. Ses cônes ont un pouce de diametre environ sur deux de longueur ; ils ont la figure d’un œuf très-pointu à l’extrémité ; leur couleur est d’un rouge canelle, vif & brillant ; ses écailles sont chargées de tubercules très-saillantes d’une forme variable ; les graines que renferment ces cônes sont de la grosseur d’un pepin de poire. Son bois, lorsqu’il est nouvellement coupé, est d’une couleur roussâtre ; il est très-resineux, aussi les gens de la campagne s’en servent-ils pour faire des torches.

5. Le pin de montagne, ou pin d’Haguenau ; cet arbre a beaucoup de ressemblance avec le précédent, si ce n’est que ses cones sont plus longs, plus menus & plus pointus, & qu’assez souvent on y trouve des feuilles qui sortent trois à trois d’une même gaîne.

6. Le grand pin maritime ; c’est l’espece de pin la plus répandue dans le royaume ; il fait une grand arbre garni de belles feuilles qui sont assez longues, & d’une verdure agréable. Ses fleurs mâles ou chatons, forment au printems des bouquets rouges de belle apparence. Ses cônes sont plus longs que ceux du franc-pin, mais de moindre grosseur ; ils ont deux pouces & demi de diametre, environ sur quatre à cinq pouces de longueur ; les éminences des écailles sont tantôt coniques, tantôt pyramidales, & plus ou moins saillantes ; dans le premier cas elles finissent en pointe, & dans le second, elles sont terminées par un mamelon. Les pignons qui renferment ces cônes sont durs & bien moins gros que ceux du pin cultivé. Le bois de cet arbre sert aux mêmes usages que celui du franc-pin, & on en retire aussi de la resine.

7. Le petit pin maritime ; il fait un aussi grand arbre que le précédent, & son bois est de même service ; mais comme ses cônes sont de moindre grosseur, & ses feuilles plus courtes & plus menues, c’est ce qui lui a fait donner une qualification en petit ; d’ailleurs on s’est assuré dans le pays de Bordeaux, qu’en semant ces deux pins maritimes, les graines produisoient leur même espece.

8. Le pin maritime de Mathiole ; cet arbre tient en quelque sorte le milieu entre le petit pin maritime & le pin de Genève. Ses feuilles sont plus menues, plus longues que celles du petit pin maritime, & d’un verd blanchâtre ; elles viennent par touffes en façon d’aigrettes, au bout des jeunes branches qui sont minces, souples, & se recourbent ; les autres branches sont

presque dénuées de feuilles, ce qui laisse voir leur écorce qui est grise & unie : ses fleurs mâles ou chatons sont blancs, & ses cônes un peu plus gros que ceux du pin de Genève. Le bois de cette espece de pin est chargé de beaucoup de resine, mais il ne fait pas un si bel arbre que les deux autres pins maritimes.

9. Le petit pin sauvage, dont les chatons sont verdâtres.

10. Le petit pin sauvage, dont les chatons sont pourpres.

Ces deux especes de pin ne s’élevent qu’à hauteur d’homme, & donnent une grande quantité de cônes. Leurs feuilles sont courtes & semblables à celles de l’épicea ; leurs branches sont aussi rangées régulierement dans le même ordre, ensorte que de loin on prend ces pins pour des épicéas.

11. Le pin dont les cônes sont placés verticalement sur les branches ; cet arbre est très-peu connu.

12. Le pin rouge de Canada ; ses feuilles ont environ cinq pouces de longueur ; elles sont un peu arrondies par le bout : ses cônes sont de moyenne grosseur, & de la figure d’un œuf. Cet arbre a beaucoup de ressemblance avec le torchepin.

13. Le petit pin rouge de Canada ; il differe du précédent en ce que ses feuilles sont plus déliées & plus courtes ; elles n’ont que trois ou quatre pouces de longueur.

14. Le pin gris ou pin cornu de Canada ; ses feuilles sont recourbées en se réunissant par les deux extrémités ; elles forment une espece d’anneau ; il en est de même des cônes, qui par leur recourbure, ont l’apparence d’une corne ; ils sont au surplus de pareille longueur & grosseur que ceux du torchepin, avec lequel le pin gris a autant de ressemblance que les deux précédens. Ces trois sortes de pins prennent une grande hauteur, & seroient très-propres à la mâture des vaisseaux, s’ils n’étoient trop noueux par la quantité de branches dont ces arbres se garnissent sur toute la longueur de leur tige. Le pin gris se trouve dans les terres seches & sablonneuses ; son bois est fort résineux & très-souple.

15. Le pin de Jérusalem, ou d’Alep ; ses branches sont menues ; son écorce est cendrée ; ses feuilles ont environ quatre pouces de longueur ; elles sont d’un verd foncé & si déliées, qu’elles se croisent & s’entremêlent ainsi que les branches, ce qui donne à cet arbre une irrégularité qui ne peut passer qu’à la faveur de sa singularité. Ses cônes sont de la forme de ceux du franc-pin, si ce n’est qu’ils sont plus petits. Les graines conservent pendant plusieurs années leur vertu productrice, quoiqu’elles aient été tirées des cônes. M. Miller, auteur anglois, a éprouvé qu’elles ont très-bien levé pendant trois ans. Cet arbre n’étant pas si robuste que les autres especes de pins, il faut des soins de plus pour le garantir des gelées, jusqu’à ce qu’il soit dans sa force. Il paroît aussi qu’il lui faut plus de tems qu’aux autres pins pour rapporter des graines qui soient fécondes.

Pins à trois feuilles.

16. Le pin de Virginie à cônes hérissés ; ses feuilles sortent par trois ou quatre ensemble d’une gaîne commune. Il fait un grand arbre d’une belle apparence, & quand il se trouve dans un terrein léger & humide, son accroissement est très-prompt. C’est là tout ce qu’en a dit M. Miller, & c’est le seul auteur qui soit encore entré dans quelque détail sur cet arbre.

17. Le pin de Virginie à cônes épineux, ou le pin de Jersey, chez les Anglois. Cet arbre devient très-haut ; ses feuilles sortent au nombre de trois d’une gaîne qui leur est commune ; elles ont une rainure sur toute la longueur de la face extérieure ; elles sont un peu moins longues & plus déliées que celles du pin rouge de Canada. Ses cônes sont à-peu-près de la grosseur de celui du pin rouge, mais ils sont plus aigus : les