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parfaits que ceux de ses prédécesseurs en Astronomie, & particulierement Tycho-Brahé, l’engagea fortement à faire usage de cette découverte, & à employer le télescope au lieu des pinules. Les principales raisons sur lesquelles il se fondoit, étoient 1°. que l’œil ne pouvant distinguer un objet dont les rayons visuels forment un angle au-dessous d’une demi-minute, il étoit impossible avec des pinules de faire aucune observation qu’on pût assurer exempte au-moins de cette erreur ; 2°. que par le secours du télescope, l’œil étant capable de distinguer jusqu’aux plus petites parties d’un objet, & même jusqu’aux secondes, les observations faites avec cet instrument seroient de beaucoup plus exactes que celles que l’on pourroit faire avec les pinules ; & enfin que toutes les parties d’un instrument, devant également concourir à la justesse des observations, il étoit inutile de prendre une peine infinie pour diminuer ou corriger les erreurs de telle ou telle partie, comme par exemple de la division du limbe, tandis que d’autres parties donneroient lieu à des erreurs beaucoup plus considérables. Il est bon même de faire attention que cette remarque du docteur Hook est très-judicieuse, & qu’il faut bien prendre garde dans la construction d’un instrument, que toutes ses parties concourent également à sa perfection. Nonobstant la force de ces raisons, Hévelius persista toujours dans l’usage des pinules, prétendant que les verres des télescopes étoient sujets à se casser de même que les fils placés à leur foyer, & qu’enfin on étoit obligé de vérifier l’instrument ; vérification qui devoit nécessairement, selon lui, emporter un tems considérable.

Flamsteed étoit aussi du sentiment du docteur Hook ; car il attribuoit entierement à l’usage des pinules les erreurs de Tycho-Brahé sur la grandeur des planetes, & il pensoit que la même cause feroit tomber Hévelius dans une erreur pareille.

Tel étoit le sentiment des plus habiles astronomes de ce tems-là ; car ils abandonnerent les pinules pour faire usage du télescope. M. Picard fut un des premiers qui l’employa avec succès, ayant adapté un télescope, en place de pinules, au quart de cercle, dont il se servit pour sa fameuse mesure de la terre : depuis ce tems-là, on a absolument abandonné l’usage des pinules, comme nous l’avons dit plus haut. (T)

PIOCHE, s. f. outil d’ouvriers, outil de fer avec un long manche de bois qui sert aux Terrassiers, Carriers & Maçons, pour remuer la terre, tirer des pierres, sapper, démolir, &c. Il y en a de plusieurs sortes : les unes dont le fer a deux côtés, comme un marteau, & un œil au milieu pour l’emmancher ; chaque extrémité de cette pioche est pointue. D’autres sortes de pioches s’emmanchent par le bout du fer : toutes deux sont un peu courbes ; mais l’une est pointue comme le pic, & l’autre qu’on nomme feuille de sauge, a le bout large & tranchant. (D. J.)

Pioches, (Luth.) ce sont de petits crochets de fer (fig. 17. Pl. d’Orgue.), qui traversent la barre de derriere du chassis, & les queues des touches. Voyez Clavier.

PIOCHET, (Ornitholog.) voyez Grimpereau. Le piochet, ou le petit grimpereau, est un oiseau connu d’Aristote ; car je ne doute guere que ce ne soit celui qu’il appelle κέρθιος, & qu’il décrit élégamment en ces termes :avicula exigua, nomine certhios, cui mores audaces, domicilium apud arbores, victus ex cossis, ingenium sagax in vitæ officiis, vox clara ; lib. IX. cap. xvij. Le nom de petit grimpereau, & en anglois celui de creeper, lui conviennent à merveille ; car il grimpe sans cesse sur les arbres, & ne se repose que quand il dort.

Linnæus en fait un genre distinct des pics, parce qu’il n’a pas deux doigts derriere comme les pics,

mais un seul. C’est un oisillon de la grosseur d’un roitelet ; son bec est crochu, & un peu pointu ; sa langue n’est pas plus longue que son bec, ce qui le distingue encore de la classe des picsverds, mais elle se termine comme dans ceux-ci en une pointe osseuse ; sa gorge, sa poitrine & son ventre sont blanchâtres ; son dos & son croupion sont de couleur fauve, bigarrée d’un peu de blanc, de même que la tête. Il a de chaque côté une petite tache sur l’œil ; ses grandes plumes des aîles, sont les unes brunes par-dessus, & les autres liserées de blanc ; les petites plumes de l’aîle sont noirâtres ; sa queue est droite, roide, composée de plumes de couleur tannées ; ses jambes, & les doigts de ses piés, tirent sur le jaune ; ses ongles sont noirs & crochus.

Il demeure toute l’année dans un même canton, comme les mésanges ; il fait son nid dans des creux d’arbres, le long desquels il se plaît à monter & descendre, en en piquant l’écorce avec son bec. Il vit d’insectes & de vermisseaux qu’il rencontre sur sa route ; il pond jusqu’à dix-huit ou vingt œufs.

Le bec de ces sortes d’oiseaux semble destiné à creuser le bois, car ils l’ont arrondi, dur, aigu, & semblable à celui de tous les oiseaux qui grimpent ; ils ont ainsi qu’eux, suivant la remarque de Willughby, 1°. des cuisses fortes & musculeuses ; 2°. des jambes courtes & robustes ; 3°. des ongles favorables pour se cramponner ; 4°. les doigts serrés ensemble, afin de se tenir fermement à l’arbre sur lequel ils montent & descendent ; 5°. enfin, une queue roide & dure, un peu courbée en en-bas, pour se soutenir sur cette queue en grimpant. (D. J.)

PIOCHON, s. m. outil de Charpentier, espece de besaiguë qui n’a que quinze pouces de long ; elle sert aux Charpentiers pour frapper de grandes mortaises. (D. J.)

PIOMBINO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, sur la côte de Toscane, capitale d’une petite contrée de même nom, qui est entre le Siennois & le Pisan. Ses princes particuliers sont sous la protection du roi de Naples, lequel a droit de mettre garnison dans la forteresse de Piombino. On croit que c’est la Populonia des anciens, c’est-à-dire, la petite Populonia ; car la grande étoit à 3 milles à Porto-Barato. Cette ville est sur la mer à 6 lieues sud-est de Livourne, 24 sud-ouest de Florence, & 16 sud-ouest de Sienne. Long. 28. 16. latit. 42. 56. (D. J.)

PION, voyez Bouvreuil.

Pion, s. m. (jeu des échecs.) piece du jeu des échecs, qui prend son nom de la piece devant laquelle elle est. Ainsi on dit le pion du roi, le pion de la reine, le pion du fou. On ne passe point pion, c’est-à-dire, qu’un pion qui n’a point encore marché, & qui par cette raison est en droit de faire deux pas, si au premier pas il se trouvoit en prise par un des pions de l’adversaire, pourroit être pris.

La Bruyere a employé ce mot fort heureusement dans sa peinture de la vie de la cour. « Souvent, dit-il, avec des pions qu’on ménage bien, on va à dame, & l’on gagne la partie : le plus habile l’emporte, ou le plus heureux ». (D. J.)

PIONIÆ, (Géog. anc.) ville de la Mysie asiatique, sur le fleuve Caïcus, selon Pline, l. V. c. xxx. & Pausanias, l. IX. c. xviij. Strabon, l. XIII. p. 610. nomme cette ville Pionia, & la place au voisinage de l’Etolie. (D. J.)

PIONNIER, s. m. (Art milit.) celui qui est employé à l’armée pour applanir les chemins, en faciliter le passage à l’artillerie, creuser des lignes & des tranchées, & faire tous les autres travaux de cette espece où il s’agit de remuer des terres. Il y a des officiers généraux qui veulent avoir un nombre prodigieux de pionniers pour faire la clôture d’un camp, les tranchées d’un siége, l’accommodement des che-