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Il paroît qu’on peut aisément remédier à ce défaut, en constatant à la ville la forme de chaque différente mesure, à laquelle tous Potiers d’étain seroient à l’avenir obligés de se conformer, leur laissant cependant un tems pour débiter les mesures qu’ils ont de faites, ainsi qu’on en a agi à l’égard des bouteilles.

2°. La nécessité où l’on est de remplir les mesures jusqu’aux bords, fait qu’il s’en répand toujours dans le transport & dans le comptoir des Cabaretiers.

L’on peut éviter ces inconvéniens, en réglant une hauteur plus grande qu’il ne faut : par exemple, pour la pinte, on peut lui donner en hauteur un pouce d’abord au-dessus de son solide de 48 pouces cubes, & ainsi à-proportion pour les autres mesures ; & pour constater jusqu’à quelle hauteur chaque mesure doit être remplie, on pourroit former en-dedans des orifices des mesures, un rebord qui termine exactement jusqu’où doit monter la liqueur.

Les cubes des diametres ne sont pas proportionnels aux capacités des mesures, ainsi qu’ils devroient l’être.

Ces irrégularités causent des erreurs quand on se sert des unes & des autres pour mesure.

On y rémédiera sans peine, en faisant les diametres des orifices tels que leurs cubes soient, comme nous avons dit, proportionnels à leur capacité ou contenu des mesures.

Pour déterminer quels diametres on peut donner aux ouvertures proportionnelles des mesures, il faut observer que plus ces ouvertures seront petites, & plus les mesures seront exactes ; mais d’un autre côté l’usage de ces mesures chez les marchands, demande pour les nettoyer aisément, qu’on ne les fasse point trop petites ; ce n’est qu’aux mesures fiducielles de la ville qu’on peut faire ses orifices si petits qu’on voudra. On pourroit donner à l’orifice de la pinte des marchands 40 lignes de diametre, ce qui détermine les diametres proportionnels de la chopine, du demi-septier, & des autres mesures, que l’on trouvera facilement en se servant de la ligne des solides du compas de proportion.


Table des diametres & des hauteurs des mesures.
Noms des mesures. Diametres. Hauteurs.


pouces.
lignes.
pouces.
lignes.
Septier 6 8 10 11
Pinte 3 4 5 5
Chopine 2 7 4 4
Demi-septier 2 1 3 5
Poisson 1 8 2 8
Demi-poisson 1 3 2 2
Roquille 1 0 1 8

Je pourrois ajouter, d’après M. d’Ons-en-Bray, une seconde table du diametre des mesures pour la dépouille des moules ; mais je crains même d’en avoir trop dit. Qu’importe que notre pinte ne soit exacte ni en elle-même, ni vis-à-vis des autres mesures ? on ne jugera peut-être jamais à-propos de corriger des défauts ou des inconvéniens dont le public même qui achete tous les jours à pinte & à chopine toutes sortes de liqueurs, n’a pas la moindre connoissance. (D. J.)

Pinte, en terme de Marchand de modes, est une espece de gland en cannetille, foncé d’hanneton, & plus court & plus large que les glands des garnitures. Voyez Gland & Garniture, dont on enjolive le nœud d’épée. Voyez Nœud d’épée.

PINTIA, (Géog. anc.) ville de Sicile. Elle étoit, selon Ptolomée, l. III. c. iv. sur la côte méridionale, entre l’embouchure du fleuve Nazara, & celle du fleuve Sossius. Il y avoit un temple dédié à Pollux,

selon Claudius Aretius, qui dit que le nom moderne est Polluci. Léander appelle son territoire terra di Pulici, & ajoute qu’on y trouve quantité d’anciens monumens. 2°. Pintia est encore le nom de deux villes situées dans l’Espagne tarragonnoise, selon Ptolomée, l. II. c. vj. (D. J.)

PINULES, s. f. pl. (Géom.) On appelle ainsi deux petites pieces de cuivre, assez minces & à-peu-près quarrées, élevées perpendiculairement aux deux extrémités de l’alilade d’un demi-cercle, d’un graphometre, d’une équerre d’arpenteur, ou de tout autre instrument semblable, dont chacune est percée, dans le milieu, d’une fente qui regne de haut en bas. Quand on prend des distances ; que l’on mesure des angles sur le terrein, ou que l’on fait toute autre observation ; c’est par ces fentes, qui sont dans un même plan avec la ligne qu’on appelle ligne de foi, & qui est tracée sur l’alilade (voyez Alidade), que passent les rayons visuels qui viennent des objets à l’œil. On voit donc que les pinules servent à mettre l’alidade dans la direction de l’objet qu’on se propose d’observer, & que les fentes servent à en faire discerner quelques parties d’une maniere bien déterminée ; c’est pourquoi ces fentes ayant un peu de largeur, pour laisser voir plus facilement les objets, portent un cheveu qui en occupe le milieu depuis le haut jusqu’en bas : ce cheveu couvrant une petite partie de l’objet, la détermine plus précisement ; & quand on veut avoir encore quelque chose de plus exact, on tend un autre cheveu dans une seconde fente qui coupe horisontalement la premiere, alors l’intersection des deux cheveux détermine sur l’objet le point que cette intersection couvre.

Remarquez qu’au lieu d’un cheveu, d’un fil de soie très-délié, &c. que nous supposons ici, les faiseurs d’instrumens de Mathématiques laissent entre les fentes un filet de la même matiere que les pinules, quand il s’agit d’instrumens où il n’est pas besoin d’une exactitude bien rigoureuse, tel que le bâton ou l’équerre d’arpenteur, &c.

On met quelquefois des verres aux fentes de ces pinules, & en ce cas elles font l’office de télescopes.

MM. Flamsteed & Hook condamnent absolument l’usage des pinules sans verre dans les observations astronomiques. Selon Flamsteed, les erreurs dans lesquelles Tychobrahé est tombé, par rapport aux latitudes des étoiles, ne doivent être attribuées qu’aux pinules de cette espece. Voyez Télescope.

Ce que nous venons de dire de la pinule suffit pour en avoir un juste idée ; mais il ne sera pas inutile d’ajouter quelques particularités sur l’invention, l’usage & l’abandon de cette petite fente de laiton, ou ce petit rectangle que nous avons décrit plus haut, & qui, au lieu de porter le nom de pinule, s’appelloit autrefois visiere. Une alidade est, comme nous l’avons dit, ordinairement garnie de deux pinules à ses extrémités, de sorte qu’en regardant un objet à-travers de ces deux pinules, on la met parfaitement dans la direction du rayon visuel.

Autrefois tous les instrumens de Mathematiques & d’Astronomie, qui servent à prendre des angles ou des hauteurs, étoient garnis de pinules. Mais 50 ans ou environ après la découverte du télescope, quelques savans ayant pensé à le substituer aux pinules, la chose réussit si-bien que depuis ce tems-là on n’en a fait aucun usage, & qu’on leur a substitué par-tout le télescope : si ce n’est dans le graphometre, & dans quelques autres instrumens de cette espece.

C’est aux environs de l’année 1660 qu’on commença à faire ce changement aux instrumens. Il y eut à ce sujet de grandes contestations entre le docteur Hook & le fameux Hévelius. Le premier sachant toutes les peines que se donnoit Hévelius, & les grandes dépenses qu’il faisoit pour avoir des instrumens plus