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art. 7. tome VII. art. 7. & tome X. article dernier.

Plastique, Plastice, (Sculpture.) art plastique, c’est une partie de la Sculpture qui consiste à modeler toutes sortes de figures en plâtre, en terre, en stuc, &c. Les artistes qui s’exercent à ces sortes d’ouvrages s’appellent en latin plastes. La Plastique differe de la Sculpture, en ce que dans la premiere les figures se font en ajoutant de la matiere, au lieu que dans l’autre on les fait pour ainsi du bloc en ôtant ce qui est superflu.

PLASTRON, s. f. (Architect. & Sculpt.) ornement de sculpture en maniere d’anse de panier avec deux enroulemens, imité du bouclier naval antique. (D. J.)

Plastron, outil d’Arquebusier, c’est un morceau de bois plat fait à-peu-près comme un violon, mais un peu plus petit, sur le milieu duquel est un morceau de fer de la largeur du doigt & moitié plus épais, qui y est arrêté à demeure & qui est à moitié percé de plusieurs trous, les arquebusiers s’en servent pour mettre la tête du forêt dans un de ces demi-trous, ensuite ils posent le plastron sur leur estomac, & appuient l’autre bout sur la place où ils veulent percer le trou, & font tourner le forêt par le moyen de la boîte & de l’archet.

Plastron, (Cordonnerie.) est un morceau de buffle, que les Cordonniers mettent devant eux pour ne pas couper leurs habits. Il est ordinairement cousu sur la bavette de leur tablier. Voyez la Planche du Cordonnier Bottier.

Plastron, (Escrime.) machine de cuir rembourré qui a la forme d’une cuirasse, & qui s’attache de même par des courroies qui passent autour du cou & autour de la ceinture.

Les maîtres en-fait-d’armes mettent ce plastron pour donner leçon, afin de recevoir dessus les bottes que les écoliers leur portent.

Plastron d’une tortue, terme de relation, on appelle de ce nom toute l’écaille du ventre de cet animal, sur lequel on laisse trois ou quatre doigts de chair avec toute la graisse qui s’y rencontre. Le plastron se met tout entier dans le four, & se sert de même tout entier sur la table. Labat. (D. J.)

PLAT, voyez Palette.

Plat, adj. (Gramm.) uni, sans inégalité ; c’est l’opposé de creux & de raboteux.

Il se dit au simple & au figuré. La Beausse est un pays plat ; un plat homme ; un plat ouvrage ; il est tombé plat ; un style plat ; des rimes plates où deux vers masculins succedent à deux vers féminins, & ainsi de suite ; le plat d’une épée, &c.

Plat, (Cuisine.) ustensile de ménage, sur lequel on sert les mets ; on dit un plat de soupe, des plats d’entre-mets, &c.

Il y a les plats de la balance, ce sont les deux écuelles où l’on met les choses à peser.

Des plats de verre, ce sont ces grands morceaux ronds qu’on coupe pour les distribuer en panneaux.

Plat de l’équipage ou un Plat des matelots, (Marine.) c’est un nombre de sept rations ou portions, soit de chair, soit de poissons ou de légumes, pour nourrir sept hommes qui mangent ensemble ; chaque plat de l’équipage étant pour sept hommes.

Six, sept ou huit hommes à chaque plat, chez les Hollandois. Les Anglois ne sont que quatre à chaque plat, voyez Gamelle. Ceux qui mangent à même plat.

Plats de bois, voyez Gamelle.

Plat des malades ; être mis au plat des malades par le chirurgien du vaisseau, c’est être rangé au nombre des malades, pour avoir la subsistance qui leur est ordonnée.

Les malades sont soignés par ceux qui mangent ordinairement à même plat qu’eux.

Plat ; le plat de la maîtresse varangue ; c’est la partie de la varangue qui est le plus en ligne droite.

Plat a vanner, est parmi les Cloutiers d’épingles un ustensile de bois rond, peu profond, & ainsi appellé, parce qu’il ressemble assez à un grand plat, & sert à vanner les cloux d’épingle. Voyez Vanner, & les Planches du Cloutier d’épingles.

Plat, (Maréchal.) un cheval plat est celui qui a les côtes serrés.

Plat d’argent, rhombus patina, (Hist. rom.) le luxe des Romains pour la grandeur de ces sortes de plats, étoit si excessif, que Sylla en avoit qui pesoient deux cens marcs ; & Pline observe qu’on en auroit trouvé pour-lors à Rome plus de cinq cens de ce poids-là. Cette fureur ne fit qu’augmenter dans la suite, puisque du tems de l’empereur Claudius un de ses esclaves, appellé Drusillanus Rotundus, avoit un plat, appellé promulsis, de mille marcs pesant, qu’on servoit au milieu de huit petits plats de cent marcs chacun. Ces neuf plats étoient rangés à table sur une machine qui les soutenoit, & qui du nom du grand plat s’appelle promulsidarium. On connoît le plat de Vitellius qui, à cause de sa grandeur énorme, fut nommé le bouclier de Minerve. Cent boucliers de Minerve portés à l’hôtel des monnoies de Paris en 1759 auroient fait un beau produit en especes ; mais le plat de Vitellius n’a pas passé jusqu’à nous. (D. J.)

PLATA ou Rio de la Plata, (Géog. mod.) province de l’Amérique méridionale, dans le Paraguay, des deux côtés de la riviere de la Plata qui lui a donné son nom. Elle est bornée au Nord par la province de Parana, au Midi par le pays des Pampas, au Levant par l’Urciguay, & au Couchant par le Tucuman. On y trouve les villes de Buenos-Ayres, de Santa-Fré, de Corrientes, & de Santa-Lucia.

Plata, la, autrement Chuquisata, (Géog. mod.) ville de l’Amérique méridionale au Pérou, capitale de l’audience de Los-Charcas au nord-est du Potosi sur la petite riviere de Cachimayo. Elle fut bâtie l’an 1539 par Pedro-Anzurés, frere de François Pizarro, & il la nomma la Plata, c’est-à-dire l’argent, à cause des mines de ce métal qui sont dans le voisinage. Elle a environ dix mille habitans, tant indiens qu’espagnols, au nombre desquels se trouvent plusieurs religieux & religieuses. Son évêché, établi en 1553, fut érigé en archevêché en 1608. Long. 313. lat. merid. 19.32.

Plata, riviere de la, ou Rio de la Plata, (Géog. mod.) grande riviere de l’Amérique méridionale, qui prend sa source au Pérou dans l’audience de Los-Charcas, & va se jetter dans la mer du nord par les 35 degrés de latit. mérid. à Buenos-Ayres, où elle a 60 lieues de large, & dans le reste de son cours 20 à 30. Elle fut découverte en 1515, & donne son nom à une province qui s’y est formée par des colonies espagnoles.

Le premier qui entra dans la riviere de la Plata est Juan Dias de Soles en 1515, mais il y fut massacré par les sauvages. Ensuite Sébastien Cabot, anglois, envoyé par Charles-Quint aux Moluques, fut contraint, faute de vivres, d’entrer dans cette riviere en 1526, & d’y essuyer plusieurs combats avec les sauvages. Il y bâtit pour sa défense un fort, où Diego Garcias, portugais, le trouva l’année ensuite ; comme ils recouvrerent par leur union quelque argent des sauvages, & qu’on n’en avoit pas encore apporté de l’Amérique en Espagne, cette riviere fut nommée rio de la Plata, c’est-à-dire riviere d’argent. Les Espagnols y envoyerent en 1535 Pedro de Mendosa qui mourut en chemin, & en 1540 Alvaro Nunnez. Alors le pays se découvrit peu-à-peu, & les Espagnols y formerent des colonies. Le P. Feuillée a