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donné un plan assez exact de la riviere de la Plata dans son Journal d’observations physiques.

Nos fleuves ne sont que des ruisseaux en comparaison de cette riviere semblable à une mer ; elle coule dans un silence majestueux, & traverse des royaumes inconnus, des mondes de solitude où le soleil sourit en vain, & où les saisons sont infructueusement abondantes ; elle nourrit plusieurs nations sauvages, & entoure plusieurs îles dans son sein. C’est le siege de Pan qui est demeuré plusieurs siecles sans être troublé par les crimes des cruels enfans de l’Europe. (D. J.)

Plata, ile de la, (Géog. mod.) île de l’Amérique méridionale au Pérou, sur la côte de l’audience de Quito, à 5 lieues du cap de S. Laurent. Elle a 4 mille, de long, & un mille & demi de large. L’ancrage est à l’Orient vers le milieu de l’île, on y trouve 18 ou 19 brasses d’eau, latit. mérid. 1. 10.

Plata, (Commerce.) ce terme espagnol signifie de l’argent ; & de même le mot de vellon qu’on prononce veillon, signifie du cuivre. On use de ces deux termes non-seulement pour exprimer les especes de ces doux métaux qui sont fabriquées en Espagne, ou qui y ont cours, mais encore pour mettre de la différence entre plusieurs monnoies de compte, dont les Espagnols se servent pour tenir leurs livres dans le commerce.

L’on dit dans cette derniere signification un ducat de plata & un ducat de vellon, un réal de plata & un réal de vellon, enfin un maravedis de plata & un maravedis de vellon ; ce qui augmente ou diminue les sommes de près de la moitié ; 34 maravedis de plata faisant 63 maravedis de vellon ; la piastre ou piece de huit vaut 272 maravedis de plata, & 510 maravedis de vellon. Savary. (D. J.)

Plata-Blanca, (Minéral.) sorte de minerai ou de métal, comme on parle au Pérou & au Chily, qui se tire des mines d’argent du Potosi, de Lipes & quelques autres montagnes de ces deux parties de l’Amérique espagnole. Ce minerai est blanc, tirant sur le gris, mêlé de quelques taches rouges & bleuâtres, d’où apparemment il a pris son nom, plata-blanca signifiant argent blanc en espagnol. Dict. du commerce. (D. J.)

PLATAIN, PLATIN, (Marine.) c’est le nom qu’on donne dans le pays d’Aunix à une côte de la mer qui est plate. Il y a près de la Rochelle le platin d’Angoulin & le platin de Chatellaillon, lieux très-propres à faire une descente.

PLATAMONA, (Géog. mod.) riviere de la Turquie européenne, dans le Coménolitari. Elle a sa source dans les montagnes de la Macédoine, à l’orient d’Ochrida, & se rend dans le golfe de Salonique, près de Stadia. C’est l’Aliacomon des anciens. (D. J.)

PLATANE, platanus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en chaton, en forme de peloton, & composé de plusieurs étamines ; cette fleur est stérile ; le jeune fruit, qui n’est d’abord qu’un globule contenant plusieurs embryons, devient dans la suite plus gros, & renferme des semences qui ont un peu de duvet. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Platane, platanus, (Jardinage.) très-grand arbre qui vient naturellement en Asie & dans l’Amérique septentrionale. Après le cedre du Liban, c’est l’arbre le plus vanté de l’antiquité. Les auteurs de ces tems reculés font mention d’arbres de cette espece, qui ont attiré l’admiration, par leur grande stature, leur prodigieuse grosseur, leur vaste étendue & la beauté de leur feuillage. Ils citent à ce sujet des faits singuliers & mémorables. Les Poëtes & les Orateurs, les Historiens, les Naturalistes & les Voyageurs ont célebré le platane, & nous ont transmis des détails sur les qualités d’agrément & d’utilité qu’on lui re-

connoît aujourd’hui. Cet arbre étoit connu en Grece dès les tems florissans de cette république, où

chaque citoyen s’instruisoit à la philosophie : toutes les avenues des fameux portiques où s’assembloit la jeunesse pour differens exercices étoient plantés de platanes, afin de réunir la commodité à l’agrément par la fraîcheur de l’ombrage & de la beauté du feuillage. Bien-tôt après les Romains, dans l’âge éclatant de leur empire, tirerent cet arbre de l’Asie. Ils en faisoient leurs délices & l’ornement de leurs maisons de plaisance. Ils n’épargnoient ni soins, ni dépense pour le cultiver ; jusqu’à prendre plaisir à le faire arroser avec du vin : ce qui, dit-on, accéleroit considérablement son accroissement. On prétend que cet arbre fut ensuite apporté en France, où les plus grands seigneurs faisoient un si grand cas de son ombre, qu’on exigeoit un tribut des gens qui vouloient s’y reposer. Mais il ne paroît pas que le platane alors ait été fort répandu dans ce royaume, ni qu’il s’y soit soutenu long-tems. Quoi qu’il en soit, cet arbre est présentement assez commun en Italie, en Espagne & en Angleterre. A ce dernier égard, on croit que c’est le chancelier Bacon qui a fait planter les premiers arbres de cette espece dans les jardins de son château de Verulam. On ne date pas de si loin en France pour la derniere époque du retour de cet arbre : le platane le plus ancien que l’on y connoisse est au Jardin du Roi à Paris, il peut avoir 60 ans ; mais ce n’est que depuis trente années environ que quelques curieux ont commencé à tirer d’Angleterre des plants de cet arbre, qui restoit concentré dans le petit cercle des amateurs de collection d’arbres étrangers. M. de Buffon a été des premiers à faire usage des platanes pour l’ornement des jardins ; il a eu la satisfaction de les voir prospérer & donner des graines fécondes, dans sa terre de Montbard en Bourgogne : on a fait dans ce canton des essais pour la multiplication de cet arbre, qui ont parfaitement réussi, & donnent lieu à en répandre des plants dans le royaume. Cependant le platane n’étoit pas encore assez connu pour exciter une curiosité plus générale ; il a fallu l’exemple du prince. Depuis qu’on a fait venir d’Angleterre pour le roi une assez grande quantité de platanes, on voit croître tous les jours le goût d’employer cet arbre dans toutes les parties qui peuvent contribuer à l’embellissement des jardins.

Le platane est en grande estime dans la Perse, où on le cultive avec une prédilection singuliere : c’est cependant moins pour l’agrément qu’il procure, que dans des vues plus utiles & plus grandes. Les Persans prétendent que cet arbre contribue à la pureté de l’air & à la salubrité du pays. Voici ce que rapporte le chevalier Chardin dans la relation de ses voyages, édit. d’Amst. 1711. « Les arbres les plus communs de la Perse sont le platane, &c. Les Persans tiennent qu’il a une vertu naturelle contre la peste, & contre toute autre infection de l’air ; & ils assurent qu’il n’y a plus eu de contagion à Hispahan, leur capitale, depuis qu’on en a planté partout, comme on a fait dans les rues & dans les jardins. » Cet arbre répand en effet une odeur douce, balsamique & agréable, qui saisit légerement quand on approche ; mais qui ne se fait pas sentir plus vivement lorsque l’on manie ses feuilles. C’est l’ensemble des parties de l’arbre qui répand cette odeur, & ce n’est que par la quantité des plants qu’elle peut se généraliser & se porter au loin.

Le platane fait de lui-même une tige droite qui s’éleve à une grande hauteur. Il grossit à proportion, & sa tête prend une belle forme. L’écorce est de différente couleur dans chaque variété de cet arbre ; mais elle est toujours lisse & unie à tout âge, parce qu’elle se renouvelle chaque année pour la plus grande partie & par places inégales ; il s’en détache de tems-