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Polygone extérieur, se dit dans la fortification du polygone, dans lequel la fortification est enfermée, & dont le sommet des angles de la circonférence du polygone est aussi celui des angles flanqués des bastions, ou c’est celui qui est formé par les côtés intérieurs. Voyez Côté extérieur.

Polygone intérieur, c’est aussi dans la fortification le polygone formé par les côtés intérieurs, ou celui sur les côtés duquel sont formées les courtines. (Q)

POLYGONOIDE, s. f. (Hist. nat. Bot.) polygonoides, genre de plante à fleur monopétale, en forme de rosette, & profondement découpée. Le pistil sort du milieu de cette fleur, & devient dans la suite un fruit strié, ailé, & le plus souvent hérissé de poils. Tournefort, corol. inst. rei herb. Voyez Plante.

Il y a une plante exotique, ainsi nommée, & décrite par Tournefort, qui l’a découverte dans la plaine de l’Araxe en Arménie.

C’est un arbuste de trois ou quatre piés de haut, fort touffu & fort étendu sur les côtés ; son tronc est tortu, dur, cassant, épais comme le bras, couvert d’une écorce roussâtre, divisé en branches & rameaux, d’où naissent, au lieu de feuilles, des brins cylindriques, composés de plusieurs pieces articulées bout-à-bout, si semblables aux feuilles de l’éphédra, qu’il n’est pas possible de les distinguer sans voir les fleurs. Des articulations de ces brins poussent quelques fleurs de trois lignes de diametre. Ce sont des bassins découpés en cinq parties. Du fond de chaque bassin sort un pistil entouré d’étamines blanches, dont les sommets sont purpurins. Le pistil devient un fruit long d’environ demi-pouce, épais de quatre lignes, de figure conique, cannelé profondément dans sa longueur. Quand on coupe le fruit en-travers, on découvre la partie moëlleuse, laquelle est blanche & angulaire ; les fleurs ont l’odeur de celles du tilleul, ne se fannent que tard, & restent à la base du fruit, comme une espece de rosette. (D. J.)

POLYGONUM, (Botan.) sa racine est fibreuse & rampante ; ses tiges & ses rameaux sont pleins de nœuds ; le calice est profondément découpe en cinq segmens, qui sont verds dans leur partie inférieure, & couleur de chair dans la supérieure. Lorsque cette plante est mûre, la calice se change en une capsule remplie de semences. Ses fleurs sortent des aisselles des feuilles, & sont cachées quand elles commencent à paroître dans une membrane extrémement mince. Sa semence est triangulaire.

Tournefort compte douze especes de polygonum, dont la premiere, qu’il suffira de décrire, est le polygonum latifolium I. R. H. 510 ; le vulgaire l’appelle en francois, renouée ou trainasse, en anglois the broad knot-grass.

Sa racine est longue, assez grosse pour la grandeur de la plante, simple, dure, ligneuse, tortue, garnie de plusieurs fibres ; elle est difficile à arracher, rampante, & d’un goût astringent. Elle pousse plusieurs tiges longues d’un pié ou d’un pié & demi, grêles, rondes, solides, tenaces, quelque fois droites, mais le plus souvent couchées à terre, lisses, ayant beaucoup de nœuds assez près les uns des autres ; elles sont revêtues de feuilles oblongues, étroites, pointues, d’un verd de mer, attachées à des queues fort courtes, & rangées alternativement. Ses fleurs sortent de l’aisselle des feuilles, petites, composées chacune d’un seul pétale, divisées en cinq parties, & de huit étamines blanches ou purpurines à sommet jaunâtre, sans calice. Après que la fleur est passée, il lui succéde une semence assez grosse, triangulaire, de couleur de chataigne, renfermée dans une capsule.

Cette plante croît indifféremment presque partout aux lieux incultes ou cultivés, principalement le long des chemins ; c’est une des plus communes de la cam-

pagne ; elle fleurit en été, & demeure verte presque toute l’année, excepté durant l’hiver. Elle passe pour rafraîchissante, dessicative, astringente & vulnéraire. Linnæus observe après Rai, que le polygonum varie par ses feuilles qui sont plus ou moins alongées, plus ou moins étroites, & que ces variétés qui viennent du terrain, ne doivent pas établir des especes différentes. (D. J.)

POLYGRAPHE, s. f. (Gram.) art d’écrire de différentes manieres secrettes, dont on ne vient à bout que par l’art de dessiner.

POLYGRAMME, s. m. (Geom.) mot employé par les anciens géometres, & qui n’est plus en usage ; une figure géométrique composée de plusieurs côtés. Harris. (E)

POLYGRAMMOS, (Hist. nat.) nom par lequel quelques auteurs ont désigné un jaspe rouge, moucheté & rayé de blanc, qui se trouve aussi nommé garamantias ou grammatias.

POLYHEDRE, s. m. en terme de Géométrie, est un corps compris sous plusieurs faces ou plans rectilignes. Voyez Corps & Solide. Ce mot est formé du grec πολὺ, plusieurs, & ἕδρα, siege ou face.

Si les faces du polyhédre sont des polygones réguliers, tous semblables & égaux, le polyhédre est un corps régulier, qui peut être inscrit dans une sphere, c’est-à-dire, que l’on peut lui circonscrire une sphere, dont la surface touche tous les angles solides de ce corps. Voyez Corps Réguliers, &c. Il n’y a que cinq corps réguliers au polyhédre ; savoir, le tétrahédre, l’exahédre ou le cube, l’octahédre, le dodécahédre, & l’icosahedre. Voyez ces mots.

Un polyhedre gnomonique, est une pierre à plusieurs faces, sur lesquelles on a fait la projection de différentes especes de cadrans. Voyez Cadran.

Tel étoit celui de cet endroit de Londres que les Anglois appellent privy garden, qui a été détruit, & qui étoit autrefois le plus beau qu’il y eût en Europe.

Polyhédre ou Polyscope, ou verre à facettes, en terme d’Optique, est un verre dont la surface est composée de plusieurs surfaces plates, faisant entr’elles différens angles.

Phenomenes de polyhédre. Si plusieurs rayons tels que EF, AB, CD, (Pl. Opt. fig. 71.) tombent parallélement sur une des surfaces d’un polyhédre, ils continueront d’être paralleles après la réfraction. Voy. Rayon & Réfraction.

Si l’on suppose donc que le polyhédre est régulier, les lignes LH, HI, IM, seront comme des tangentes à une des lentilles convexes sphériques en F, B & D, par conséquent, les rayons qui tombent sur le point de contact, coupent l’axe ; c’est pourquoi, puisque tous les autres rayons leur sont paralleles, ils s’entrecoupent ; les rayons rompus par les différentes faces, s’entre-couperont mutuellement en G.

D’où il suit que si l’œil est placé à l’endroit où les rayons paralleles se croisent, les rayons du même objet seront réunis en autant de différens points de la rétine a, b, c, que le verre a de faces.

Par conséquent l’œil, à travers un polyhédre, voit les objets répétés autant de fois qu’il a de faces ; & ainsi, puisque les rayons qui viennent des objets éloignés sont paralleles ; on voit, à travers un polyhédre, un objet éloigné aussi souvent répété, que le polyhédre a de faces.

2. Si les rayons AB, AC, AD, (fig. 72.) qui viennent d’un point rayonnant A, tombent sur différentes faces d’un polyhédre régulier, après la réfraction ils se croiseront en G.

D’où il suit que, si l’œil est placé à l’endroit où les rayons, qui viennent de différens plans, se croisent, les rayons seront réunis en autant de différens points de la rétine a, b, c, que le verre a de faces ; par conséquent l’œil étant placé au foyer G verra même