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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/846

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le payement des tailles dans dix-huit mois, & depuis dans quinze.

C’est, dit l’auteur moderne sur les finances, à la faveur de ces résultats qu’on a attaché aux charges de receveurs généraux une idée de besoin ; mais, continue cet auteur, a-t-on bien examiné si ces résultats ne pourroient point être faits avec la même sureté & avec plus d’économie par des receveurs particuliers ? La caisse commune des recettes générales ne pouvoit-elle pas former sans inconvénient une des caisses du trésor royal, où l’on ne sauroit montrer trop d’abondance ? est-il bien nécessaire qu’il y ait des charges dont l’intérêt rapporte tout au moins dix pour cent ? ne sont-ils pas une diminution de la recette du prince, ou un accroissement de charge sur le peuple ?

On dira sans doute que le principal objet d’utilité de cet arrangement, consiste dans l’usage du crédit des receveurs généraux ; il ne s’agiroit plus alors que d’approfondir la cause de leur crédit, & la nature de celui de l’état, lorsqu’il voudra l’employer à la droiture avec économie & fidélité.

La dépendance volontaire où l’on est des financiers, même dans les tems de paix, a toujours été fort couteuse à l’état, & leur a donné les moyens de rendre cette dépendance forcée dans d’autres circonstances, parce que l’argent se trouve tout concentré entre leurs mains. Lorsqu’un état dépense par anticipation, ou bien il prévoit un prompt remplacement, ou bien il ne le prévoit qu’éloigné. Dans le premier cas, une caisse des emprunts, des promesses du trésor-royal, fourniront toujours promptement & à bon marché les secours dont on peut avoir besoin, si le gouvernement a de l’ordre & de l’exactitude. Dans le second cas, le crédit des financiers est pour l’ordinaire insuffisant. En Hollande, en Angleterre, il n’y a pas de moyen terme entre le public & l’état dans les emprunts par anticipation sur le revenu de l’état. Les billets de l’échiquier à Londres à six mois & un an, se négocient aux particuliers plus facilement que ceux des banquiers, pendant la guerre comme pendant la paix, & toujours à un intérêt au-dessous de celui des effets à long terme.

Concluons que toute constitution d’état qui a de la stabilité, tâchera d’avoir un crédit national proportionné à l’exactitude & à l’économie du gouvernement, à l’étendue des ressources publiques ; mais tout crédit médiat est précaire, borné & couteux par sa nature. Ce vain étalage de crédit des finances, ressemble exactement à celui que feroit un grand seigneur d’une multitude de domestiques, qui s’enrichissent des débris de sa fortune. (D. J.)

Receveur, (Ordre de Malthe.) c’est le nom d’un chevalier qui réside dans une commanderie pour en recueillir les revenus. Les receveurs dans l’ordre de Malthe jouissent de tous les droits & privileges de la résidence conventuelle. (D. J.)

Receveur des boîtes à la monnoie, c’est un officier qui est dépositaire des deniers emboîtés, lesquels ont été envoyés de chaque monnoie du royaume pour être jugé par la cour. Il y a à Paris & à Lyon des receveurs des boîtes.

Receveur au change, est un officier qui reçoit les matieres du public ; son droit est de six deniers par marc d’or, & de trois deniers par marc d’argent & de billon. Les directeurs dans les provinces sont ensemble receveurs au change & trésoriers.

RECEVOIR, v. act. (Gram.) terme relatif à donner. Il ne faut recevoir que de celui qu’on estime. Il a reçu un coup d’épée. Ils ont reçu la récompense ou la punition qu’ils ont méritée. On reçoit un ordre du prince. On reçoit ses deniers. On reçoit mal ou bien ses convives. On reçoit des visites. On reçoit avocat, procureur ; on reçoit des complimens, des injures,

un exemple. On reçoit du plaisir & de la peine. On reçoit un concile ; une loi ; un usage ; une coutume. On reçoit une impression ; une sensation ; une idée. On reçoit le S. Esprit ; la grace ; la bénédiction ; la malédiction, &c.

Recevoir & accepter peuvent être considérés comme synonymes. Alors nous recevons ce qu’on nous donne ou ce qu’on nous envoie. Nous acceptons ce qu’on nous offre.

On reçoit les graces. On accepte les services. Recevoir exclud simplement le refus. Accepter semble marquer un consentement, ou une approbation plus expresse.

Il faut toujours être reconnoissant des bienfaits qu’on a reçus. Il ne faut jamais mépriser ce qu’on accepte. L’abbé Girard. (D. J.)

Recevoir, (Jurisprud.) quelqu’un intervenant dans une cause ou une instance, ou recevoir son intervention ; c’est admettre un tiers à contester pour son intérêt pour une cause ou instance commencée avec deux autres parties. Voyez Intervenant & Intervention.

Recevoir quelqu’un à foi & hommage ; c’est de la part d’un seigneur receveur d’un vassal, la soumission que celui-ci doit à raison du fief dont il a acquis sa propriété. Voyez Foi.

Recevoir, s. m. (Salpétrerie.) on nomme ainsi dans la fabrique des salpêtres, un vase de cuivre fait en forme de grand chaudron, dans lequel on met l’eau de la cuite au sortir des chaudieres, pour la faire rassoir quelque-tems. Le recevoir a un robinet au bas à quatre doigts du fonds, pour tirer la cuite à clair, & sans que les ordures qui s’y sont précipitées puissent couler avec. Il y a aussi des recevoirs de bois, qui sont des especes de petites auges ou baquets. (D. J.)

RECHABITES, s. m. (Hist. ecclésiastique.) parmi les anciens Juifs. Hommes qui menoient un genre de vie différent de celui des autres Israélites, & formoient une espece de secte à part.

Ils étoient ainsi nommés de Jonadab, fils de Réchab, leur instituteur, qui leur avoit prescrit trois choses ; 1°. de ne jamais boire de vin, ou d’aucune autre liqueur qui puisse ennuyer ; 2°. de ne point bâtir de maisons, mais de vivre à la campagne sous des tentes ; 3°. de ne semer ni grains, ni blé, & de ne point planter des vignes. Les Réchabites observoient ces réglemens à la lettre, comme on le voit par Jeremie, c. liij. V. 6.

On croit que les Réchabites servoient au temple en qualité de ministres ou de serviteurs des prêtres, comme les Gabaonites & les Nathinéens. On lit dans les paralipomenes, c. xj. V. 5. qu’ils faisoient l’office de chantres dans la maison du Seigneur, & qu’ils étoient cinéens d’origine, descendans de Jethro, beau-pere de Moïse, par Jonadab leur chef, qui, selon quelques-uns, vivoit sous Joas, roi de Juda, contemporains de Jehu, roi d’Israël.

S. Jerôme, dans sa 13. épitre à Pauline, appelle les Réchabites moines, monachi. C’est ce qui a peut-être donné occasion à un capucin nommé Beulduc, d’en faire des religieux vivans en communauté, ayant des supérieurs généraux & particuliers, comme on en voit aujourd’hui dans nos monasteres. Selon lui, le nom de Réchabites leur vient d’Elie & d’Elisée, qui sont nommés dans l’Ecriture les chariots d’Israël réchabaims. Mais il n’est pas étonnant qu’il fasse venir les Réchabites du chariot d’Elie, puisqu’il a fait venir les Pharisiens de ses chevaux, pharamin en hébreu signifiant des chevaux.

Quelques-uns ont confondu les Assidéens & les Esséniens avec les Réchabites. Mais il est sûr que les Esséniens & les Assidéens cultivoient des champs, habitoient dans des maisons & gardoient le célibat,