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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/882

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tieres soient fondues jusqu’à être liquides, afin qu’on puisse en ôter plus facilement & plus exactement les parties hétérogènes ; que le principe inflammable qui doit en rétablir la composition puisse y rentrer, & que les cendres, les crocus & les chaux puissent pendant leur fusion, recouvrer leur premiere forme, & leur consistance métallique ou demi-métallique. (D. J.)

Réduction, terme de Chirurgie, opération par laquelle on remet & on réduit en leur place les parties qui en sont sorties.

Ce terme est applicable à plusieurs maladies chirurgicales. Dans les luxations, l’indication curative est de remettre la tête des os dans les cavités d’où elles sont sorties. On remédie dans les fractures à la solution de continuité, en mettant les pieces d’os à leur niveau naturel. On replace les parties molles qui font une tumeur dans les hernies ; on repousse dans leur lieu naturel, le vagin, la matrice, l’anus, descendus ou renversés.

Les préceptes généraux sur la méthode de réduire les luxations & les fractures sont exposés aux mots Luxation & Fracture. La réduction des hernies peut se faire avec la main sans le secours de l’incision, par l’opération du taxis. Voyez Hernie & Taxis.

Pour parvenir à la réduction des hernies, il faut mettre le malade en situation convenable, couché sur le dos, les cuisses & les jambes fléchies ; le bassin & la poitrine élevés, pour que les muscles du bas-ventre ne soient point tendus. On met un coussin sous la tête, pour qu’elle soit fléchie sur la poitrine, afin de relâcher les muscles sterno-mastoidiens. Si la tête étoit renversée, ou seulement à-plat, le moindre effort que feroit le malade pour la relever, occasionneroit la contraction des muscles droits du bas-ventre, parce qu’alors ces muscles seroient obligés d’agir pour fixer la poitrine, & donner un point d’appui solide aux muscles sterno mastoidiens, par la contraction desquels la tête seroit relevée.

Le malade placé, comme on vient de le dire, doit éviter tout effort capable de pousser les intestins du côté de la hernie. Le chirurgien embrasse la tumeur à sa racine, & le plus près de l’anneau qu’il lui est possible ; il la manie doucement, tâche d’amollir & d’étendre les matieres contenues dans la portion d’intestin. Il est bien de tirer un peu à soi, si cela se peut sans effort, pour faire sortir doucement une plus grande portion d’intestin dans le sac herniaire. On a dû souvent le succès de la réduction à cette tentative, parce que les matieres étendues dans un plus grand espace, ont fait moins de violence. On parvient quelquefois à réduire une partie de l’intestin, sans pouvoir réussir à une réduction entiere. C’est sur-tout ici le cas de retirer un peu à soi l’intestin, & de le comprimer mollement & latéralement : par ce moyen on alonge l’anse que l’intestin forme dans le sac herniaire, & l’on fait refluer les matieres vers le ventre. Le poids du paquet intestinal peut beaucoup contribuer à retirer dans le ventre les parties qui en sont sorties. Dans cette vûe, on fait quelquefois coucher le malade, avec succès, du côté opposé à la hernie ; & j’ai vu des hernies dont les symptomes fâcheux ne paroissoient laisser d’autre ressource que celle de l’opération, se réduire d’elles-mêmes, en soutenant les malades la tête en-bas, & les piés en-haut.

Il y a des précautions à prendre dans les diverses tentatives qu’on fait pour obtenir la réduction des hernies ; & ces précautions sont relatives à la structure des parties qui donnent passage à celles qui sont déplacées. Dans la hernie inguinale, on doit diriger les parties vers la crète de l’os des îles ; parce que l’anneau du muscle oblique externe, entre les piliers duquel passent l’intestin & l’épiploon, ensemble ou séparément, étant formé par l’écartement des fibres

aponévrotiques de ce muscle, les parties ont suivi cette obliquité dans leur issue ; & on les fatigueroit inutilement en voulant les réduire sans être toujours attentif à cette direction. Dans la hernie crurale, il faut faire lever le genou du côté de la hernie, pour relâcher le ligament de Falloppe, sous lequel passent les parties, & on les repousse vers l’ombilic. Dans l’exomphale, le malade doit avoir les fesses & la poitrine fort élevées, & on dirige les mouvemens de la main de façon à faire rentrer les parties perpendiculairement.

On s’apperçoit de la réduction de l’intestin par un gargouillement assez sensible, à l’instant que la tumeur diminue de volume. Il n’en est pas de même de l’épiploon, qui ne rentre que peu-à-peu & sans aucun bruit. Sa tuméfaction considérable, & les adhérences qu’il a contractées avec le sac herniaire, sont des obstacles à sa réduction ; ce qui a lieu sur-tout dans les anciennes hernies.

Lorsque la réduction des parties est faite, il faut que l’application d’un bandage convenable les contienne, & s’oppose à leur issue. Voyez Brayer. On doit le porter continuellement, parce que si on laisse retomber les parties dans le sac herniaire, ne fût-ce qu’une seule fois, cela suffit pour retarder de beaucoup la guérison radicale qu’on peut espérer d’obtenir, sur-tout dans la jeunesse, en continuant assez long-tems l’usage du brayer.

On ne doit point appliquer le bandage contentif que la hernie ne soit bien réduite. Cependant cette regle générale souffre une exception à l’égard des hernies épiploïques, qu’il n’est pas toujours possible de réduire parfaitement, par les raisons que nous avons exposées. On ne laisse pas de se servir avec succès d’un brayer, dont la pelotte creuse, faite en cuillier, & moulée sur la figure de la tumeur, comprimera mollement l’épiploon. Ce brayer empêchera qu’il ne sorte davantage, & occasionnera peu-à-peu sa flétrissure, en affaissant les cellules graisseusses les unes sur les autres, & empêchant le suc huileux qui s’y figeoit, d’y pénétrer. Cette méthode n’a point lieu, faute de point d’appui, pour une hernie où l’épiploon seroit tombé dans le scrotum.

Lorsque la hernie est réduite, si les signes d’étranglement qui n’auroient pas encore paru venoient à se manifester, on y remédieroit suivant l’exigence du cas. Voyez Hernie.

Les tentatives pour la réduction des hernies, doivent souvent être précédées de saignées, de lavemens & de fomentations émollientes, de l’application des cataplasmes de même vertu, afin de relâcher les parties enflammées. Voyez Étranglement.

La réduction de l’anus, du vagin & de la matrice, a été décrite aux mots Chute de l’anus, &c. (Y)

Réductions, s. f. terme de relation, on appelle dans les Indes occidentales réductions, les peuplades indiennes gouvernées par les Jésuites. Ces réductions sont en grand nombre dans le Paraguay. (D. J.)

RÉDUIRE, v. act. (Gram.) on dit reduire un métal en chaux, en grenaille ; réduire de la cire en masse, l’or ou l’argent en lingots, le plomb en saumons, le cuivre en mattes, le mercure en vapeurs, le bois en poudre, le charbon en cendres ; & c’est altérer la nature ou la forme. On dit réduire une décoction à la moitié ; & c’est la diminuer. Réduire une équation ; & c’est la mettre sous une forme plus commode pour l’usage qu’on s’en propose. Réduire un peuple rebelle ; & c’est l’assujettir à son obéissance. Réduire à la mendicité, à l’hôpital, aux dernieres extrémités ; & c’est causer tous ces maux. Réduire son discours à certains chefs marqués ; & c’est en faire l’objet principal. Réduire les compagnies à un moindre nombre d’hommes ; & c’est en retrancher une partie. Réduire à prononcer entre les dieux & vous ; & c’est