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ramens, aux constitutions particulieres ; & enfin à toutes les circonstances essentielles ; le pouls persistant dans l’état qui leur est analogue est enrhythme ; il devient arhythme lorsqu’il sort de cet état, & prend les autres titres suivant la maniere dont il s’en éloigne.

Le rhythme peut avoir lieu avec égale ou inégale proportion ; c’est-à-dire lorsque le tems de la dilatation de l’artere est égal à celui de la contraction, ou lorsque ces deux tems sont inégaux ; dans ce dernier cas les excès d’inégalité peuvent être fixes, reglés ou indéterminés ; ainsi le tems de la distention peut être double, triple, quadruple, &c. ou être à ce tems comme 5, 8, 12, 15, ou d’autres nombres quelconques sont à 1, 2, 3, 4, &c. ce qui, comme l’on voit, peut donner lieu à une infinité de caracteres ; mais ils sont encore plus multipliés, si l’on a égard aux différens excès d’inégalité qui ne suivent aucune proportion constante, aucun ordre déterminé. Dépourvus des ouvrages dans lesquels Hérophile avoit exposé sa doctrine, nous n’avons que des connoissances très-imparfaites que nous devons aux extraits obscurs que Galien en a donné, on peut consulter son grand traité du pouls ; de differ. puls. lib. I. cap. ix. & l’abregé que nous en avons donné à l’article Pouls (doctrine de Galien sur le).

RHYTHMIQUE, adj. ῥυθμιϰη, étoit, dans l’ancienne musique, la partie qui servoit à regler le rhythme. Voyez Rhythme.

La rhythmique avoit pour objet les mouvemens dont elle regloit la mesure, l’ordre & le mélange de la maniere la plus propre pour émouvoir les passions, les entretenir, les augmenter, les diminuer ou les adoucir ; elle renfermoit aussi la science des mouvemens muets, & en général de tous les mouvemens réguliers ; mais elle se rapportoit principalement à la Poésie. Voyez Poésie. (S)

RHYTHMOPŒIA, s. f. ῥυθμοπόεια, dans l’ancienne musique. selon l’expression d’Aristide Quintilien, une faculté musicale qui enseignoit les regles des mouvemens ou du rhythme. Voyez Rhythme.

Les anciens ne nous ont laissé que des préceptes fort généraux sur cette partie de leur musique. & ce qu’ils en ont dit se rapporte toujours aux paroles & aux vers destinés pour le chant. (S)

RI.

RI, RIC, RIX, (Lang. celtique.) ces trois vieux mots celtiques ont à-peu-près la même signification ; ri veut dire fort, selon Cambden ; ric signifie puissant, en saxon, & rix de même. De-là les mots atheleric, chilperic, cingentorix, vividorix, &c. chilperic veut dire adjutor fortis, selon le poëte Fortunatus. (D. J.)

RIADHIAT, s. m. (Hist. mod. superstition.) c’est une pratique superstitieuse en usage chez les Mahométans, & sur-tout chez ceux de l’Indostan. Elle consiste à s’enfermer pendant quinze jours dans un lieu où il n’entre aucune lumiere ; durant ce tems le dévot musulman qui s’est reclus, répete sans cesse le mot hou, qui est un des attributs de Dieu, il ne prend d’autre nourriture que du pain & de l’eau après le coucher du soleil. Les cris redoublés de hou, les contorsions dont le pénitent les accompagne, le jeûne rigoureux qu’il observe ne tardent pas à le mettre dans un état violent ; alors les Mahométans croyent que la force de leurs prieres oblige le diable à leur révéler l’avenir, & ils s’imaginent avoir des visions.

RIALÉXA ou RÉALEJO, (Géog. mod.) ville fort dépeuplée de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne sur une petite riviere, à 2 lieues de la mer du Sud, où elle a un grand havre qui porte le même nom, & qui peut contenir deux cens voiles. On y mouille par sept à huit brasses d’eau, fond

de sable clair & dur ; la ville a trois églises & un hôpital, mais l’air y est très-mal sain, à cause du voisinage des marais. Latit. 12. 28. (D. J.)

RIBADAVIA, (Géog. mod.) ville d’Espagne, dans la Calice, au confluent du Migno & de l’Avia, à 8 lieues au sud-ouest d’Orenso. Son terroir produit le meilleur vin de toute l’Espagne. Il y a quatre paroisses, deux communautés religieuses, & un hôpital. Cette ville a été formée par D. Garcie, fils de Dom Ferdinand le grand. Les Dominicains occupent son ancien palais ; il semble qu’en Espagne les moines ayent succédé aux rois. Long. 9. 48. latit. 42. 15.

RIBADÉO, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, dans la Galice, sur le bord occidental de la riviere de même nom, à 10 lieues de Luarca ; elle est sur la pente d’un rocher, & c’est le dernier port de la province du côté de l’orient ; elle a été assez long-tems la résidence de l’évêque de Mondonnedo. Long. 10. 45. lat. 43. 42. (D. J.)

RIBADOQUIN, s. m. (Art milit.) ancienne piece d’artillerie, à 36 calibres de long, tirant une livre & trois quarts de plomb, avec autant de poudre.

RIBAGORZA, (Géog. mod.) comté d’Espagne, dans l’Aragon, le long des frontieres de la Catalogne. Cette seigneurie qui a eu autrefois titre de royaume, a 15 lieues de long, sur 6 de large ; mais c’est un pays tout dépeuplé. Vénasque en est le chef-lieu ; c’est une place frontiere, avec un château, sur les murs duquel on tient de grosses pierres, au lieu de canon. (D. J.)

RIBAS, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, au bord de la riviere de Xarama, à 3 lieues de Madrid. Elle a été fondée en 1100, par un capitaine nommé Guillaume de Ribas, d’où lui vient son nom. (D. J.)

RIBAUDEQUER, s. m. (Art milit.) arc de 15 piés de long, ou de douze au-moins, arrêté sur un arbre large d’un pié, où l’on avoit creusé un canal pour y placer un javelot de cinq à six piés, ferré, empenné, & fait quelquefois de corne. On le dressoit sur une muraille. On le bandoit avec un tour ; la chasse en étoit telle que le javelot pouvoit percer quatre hommes de suite. Cette machine étoit semblable au scorpion : on l’appelloit aussi arbalete de passe.

RIBAUDON, (Géog. mod.) île de France, sur la côte de Provence, entre cette côte & l’île de Poquerolles ; c’est une des îles d’Hyeres. Les anciens l’ont connue sous le nom de Sturium. (D. J.)

RIBAUDS, s. m. (Art milit.) corps de soldats qui étoit dans les armées de Philippe Auguste. Ces ribauds étoient des gens déterminés, qui affrontoient hardiment les plus grands périls, quoiqu’ils ne fussent armés qu’à la légere. Ils avoient beaucoup de rapport à nos grenadiers d’aujourd’hui ; mais ils se décrierent tellement dans la suite par leurs débordemens, que pour signifier un débauché qui faisoit gloire de ses débauches, on disoit que c’étoit un ribaud : c’étoit une grosse injure dès le tems de S. Louis. Hist. de la Milice françoise. (Q)

Ribauds, roi des. (Histoire de France.) emploi que nos auteurs Dutillet, Fauchet, Carondas, Pasquier & autres, ont expliqué fort diversement : car les uns estiment que c’étoit une charge honorable ; & les autres au contraire, une charge basse & ignoble. Tout cela a pu être suivant les tems ; du-moins le mot ribaud a été pris successivement en bonne & en mauvaise part. Il a signifié d’abord un brave, un homme fort & robuste ; ensuite ribauds dans les auteurs de la basse latinité ribaldi, sont des valets d’armée, servientes exercitûs qui publicâ linguâ dicuntur ribaldi. Enfin, ce mot a fini par signifier des filoux, des coquins, & sur-tout des débauchés. C’est dans ce sens qu’il se prend en anglois