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& sous le nom de demi-Séparatistes, dégénérerent en Séparatistes & demi.

SEPARER, v. act. (Gram.) diviser, disjoindre, écarter, éloigner, distinguer ; on a séparé la terre en autant de portions qu’il y avoit d’enfans ; il faut séparer les choses de ce mélange, le bon grain du mauvais ; on sépare la tête du corps, d’un coup de sabre ; l’homme se sépare de la femme adultere ; ils se sont séparés avec beaucoup de douleur ; la Seine se sépare en deux en cet endroit ; les Alpes séparent la France de l’Italie ; les protestans sont séparés de notre communion.

Séparer les guêtes, (terme de Vénerie,) c’est distribuer par billets aux veneurs, & aux valets de limiers, une forêt, ou plusieurs buissons, par cantons, pour aller au bois détourner les bêtes. (D. J.)

SEPAYES, SIPAYES, ou SEPOYS, (Hist. mod.) on désigne sous ce nom, dans l’Indostan, des soldats indiens, qui sont entretenus & disciplinés à la maniere des troupes européennes. Les sepayes font usage des armes à feu, & sont d’assez bons soldats, lorsqu’ils sont commandés par des éuropéens.

SEPEAU, s. m. (Outil de monnoie.) c’est un tronc ou souche de bois, sur lequel les ouvriers, quand ils fabriquent les monnoies, posent leur tas ou leur pile, pour les frapper & marquer. (D. J.)

SEPÉE, s. s. (terme de Laboureur.) c’est une touffe de plusieurs arbres qui ont poussé d’un même tronc ou racine. Il faut avoir soin d’arracher d’un pré les aulnes qui viennent au sépée, car en peu de tems ils occuperoient une partie du pré. (D. J.)

SÉPHARITES, s. m. pl. (Hist. mod.) secte de mahométans, dont le nom vient de séphar, qui signifie, qualité, attribut, forme. Ils admettent en Dieu des attributs de bonté, de puissance, d’éternité, &c. Ils croient même que Dieu a une figure visible comme l’homme, & disent que cette figure est composée de parties corporelles & spirituelles, & que les organes de son corps ne sont point sujets à la corruption, ni à aucune altération. Ce système paroît copié d’après celui des anciens antropomorphites ; ceux d’entre les mahométans qui leur sont le plus opposés, se nomment moatazalites. Voyez Moatazalites. Ricaut, de l’emp. ottom.

SÉPHIROTHS, s. f. pl. (Théolog.) terme hébreu qui signifie les splendeurs, & qui est fort en usage dans la cabale. Voyez Cabale.

Les cabalistes donnent le nom de séphiroths à la partie la plus secrette de leur science : c’est le plus haut degré de la théologie contemplative des juifs modernes ; ils comptent dix séphiroths que l’on représente quelquefois dans dix cercles différens, enfermés l’un dans l’autre, & quelquefois sous la figure d’un arbre, à-peu-près comme on représente dans les écoles l’arbre de Porphyre, pour faire connoître les différentes catégories de l’être. Voy. Catégorie.

Les dix séphiroths sont 1. la couronne : 2. la sagesse : 3. l’intelligence : 4. la force ou la sevérité : 5. la miséricorde ou la magnificence : 6. la beauté : 7. la

victoire ou l’éternité : 8. la gloire : 9. le fondement : 10. le royaume. Ce sont les perfections & les attributs de l’essence divine, lesquels sont liés inséparablement entre eux, & de l’assemblage desquels, selon les cabalistes, dépend la création, la conservation, & la conduite de l’univers.

Ils ont imaginé des canaux par où les influences d’une splendeur se communiquent à l’autre. Le monde, disoit Siméon Jochaïd, le premier de tous les cabalistes, ne pouvoit pas être conduit par la miséricorde seule, & par la colomne de la grace ; c’est pourquoi Dieu a été obligé d’y ajouter la colomne de la force ou de la sévérité, qui sait le jugement. Il étoit encore nécessaire de concilier ces deux colomnes, & de mettre toutes choses dans une proportion & dans un ordre naturel, c’est pourquoi l’on met au milieu, la colomne de la beauté, qui accorde la justice avec la miséricorde, & met l’ordre sans lequel il est impossible que l’univers subsiste ; de la miséricorde qui pardonne les péchés, sort un canal qui va à la victoire ou à l’éternité ; enfin les canaux qui sortent de la miséricorde & de la force, & qui vont aboutir à la beauté, sont chargés d’un grand nombre d’anges ; il y en a trente cinq sur le canal de la miséricorde, qui recompensent les saints, & un pareil nombre sur celui de la force, qui châtient les pécheurs.

Le rabbin Schabté compare les séphiroths ou splendeurs, à un arbre dans lequel on distingue la racine, le germe, & les branches ; ces trois choses forment l’arbre, & la seule différence qu’on y remarque, est que la racine est cachée, pendant que le tronc & les branches se produisent au-dehors ; le germe porte sa vertu dans les branches qui fructifient ; mais au fond le germe & les branches tiennent à la racine, & forment ensemble un seul & même arbre. Il en est de même des splendeurs ou séphiroths, selon ce cabaliste ; la couronne est la racine cachée impénétrable ; les trois esprits, ou séphiroths, sont le germe de l’arbre ; les sept autres sont les branches unies au germe, sans pouvoir en être séparées : car celui qui les sépare, fait comme un homme qui arracheroit les branches de l’arbre, qui couperoit le tronc, & lui ôteroit la nourriture après l’avoir séparé de sa racine. La couronne est la racine qui unit toutes les splendeurs, qui verse ses influences sur elles, elles sont comprises dans son sein & dans sa vertu.

Il faut aussi remarquer la liaison qu’ils mettent entre ces splendeurs, & celles qu’ils leur attribuent, avec les créatures qui composent l’univers ; à chaque séphiroth on attache un nom de Dieu, un des principaux anges, une des planetes, un membre du corps humain, un des commandemens de la loi ; & de-là dépend l’harmonie de l’univers. D’ailleurs une de ces choses fait penser à l’autre, & sert de degré pour parvenir à la connoissance la plus sublime ; enfin on apprend par-là l’influence que les splendeurs ou séphiroths ont sur les anges, sur les planetes, les astres, & les parties du corps humain. Voici ces relations.