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Rance. C’est quand l’écarlate est trop orangée ou qu’elle jaunit un peu.

Racinage. Maniere de teindre les laines avec la racine.

Rudir l’étoffe. C’est, dans le noir, augmenter de couperose.

Rabat. Bruniture d’une étoffe avec des ingrédiens convenables.

Rabattre. Action de brunir l’étoffe.

Rejets. Voyez Passe.

Santaller. C’est passer une étoffe sur un bain composé de santal & autres ingrédiens colorans.

Surmonter la galle. Voyez Rudir.

Trancher, tranche. C’est quand l’intérieur du tissu d’un drap est égal à la superficie, lorsqu’on le coupe, de quelque couleur qu’il soit.

Venir à doux. C’est lorsque la cuve jette du bleu à la surface.

User de chaux. Qualité du pastel qui en demande plus ou moins.

Principaux instrumens propres à la teinture. Planche premiere. La citerne, le chapelet, le reservoir, la soupape.

Planche II. Le laboratoire. Le fourneau, le chevalet, les chaudieres, le tour, le robinet.

Planche III. Le guesde. Chaudieres à rechauffer les cuves du guesde.

Gouttiere pour conduire le brevet ou bain dans les cuves.

Cuves du guesde.

Barque, vaisseau long à l’usage des teinturiers en soie.

Planche IV. Coupe du fourneau pour chauffer les chaudieres.

Tour sur lequel sont passés les draps qui sont teints dans les chaudieres.

Lisoir pour tenir la soie ou la laine filée qui passe dans les échevaux.

Poussoir pour plonger les draps à la riviere.

Batte pour les battre à mesure qu’on les lave.

Fendoir ou martin pour fendre le bois.

Pêle à braise.

Planche V. Champagne. Cercle de fer garni de cordes qui est suspendu dans la cuve, afin d’empêcher l’étoffe de toucher au marc ou à la pâtée.

Moulinet pour tordre le drap quand on le sort de la cuve ; le tordoir, le crochet qui tient la champagne suspendue dans la cuve. Il y en a trois, quelquefois quatre. Crochet avec lequel on mene le drap en cuve.

Jallier, bâton pour conduire les draps qui se teignent dans la chaudiere à mesure qu’ils tournent.

Chasse fleurée, planche de bois qui sert à tirer l’écume, ou la fleurée de la cuve de côté, afin que le drap ne soit point taché.

Bâton à tordre les laines filées ou soies.

Rable pour pallier la cuve.

Jet pour sortir ou donner de l’eau dans les cuves.

La cuve du guesde.

Planche VI. Rame pour dresser les draps lorsqu’ils sont teints.

Table ou couchoir à drap pour les brosser quand ils sont secs.

Faudets dans lesquels le drap se ramasse à mesure qu’on le brosse ; brosse à coucher le poil du drap, tamis pour passer les drogues, sebille ou tranchoir pour prendre les drogues.

Passoir pour les liquides.

Jatte pour les compositions.

Manne pour le transport des laines en toison.

Outre ces instrumens, on se sert encore du moulin à indigo, ou d’un mortier pour le broyer, d’une civiere, qui est une espece d’échelle qui se met au-travers de la cuve ou de la chaudiere, sur laquelle

on met la laine en toison teinte pour la faire égoutter, d’un chauderon pour les essais, poëlons, sceaux, tonneaux ou tonnes, étouffoirs, planches à fouler, fourgons, réchauds, bassin de cuivre, vaisseaux de verre ou de grais pour contenir la composition de l’écarlate, balais de jonc pour nettoyer les chaudieres, leurs couvercles, sablon, éponge, &c.

Des couleurs du grand & bon teint. On appelle toutes les couleurs solides, couleurs de grand & bon teint ; & les autres, couleurs de petit teint. Quelquefois on nomme les premieres, couleurs fines ; & les autres, couleurs fausses. Mais cette expression peut être sujette à équivoque ; parce qu’on peut confondre quelquefois les couleurs fines avec les couleurs hautes, qui sont celles où entre la cochenille, & dont le prix est plus considérable que celui des autres.

Les expériences, qui sont un très-bon guide dans la Physique ainsi que dans les arts, ont démontré que la différence des couleurs, selon la distinction précédente, dépend en partie de la préparation du sujet qu’on veut teindre, & en partie du choix des matieres colorantes qu’on emploie ensuite pour lui donner telle couleur. Ainsi on pense, & on peut le dire comme un principe général de l’art, que toute la méchanique de la teinture consiste à dilater les pores du corps à teindre, à y déposer des particules d’une matiere étrangere, & à les y retenir par une espece d’enduit, que ni l’eau de la pluie, ni les rayons du soleil ne puissent altérer ; à choisir les particules colorantes d’une telle ténuité, qu’elles puissent être retenues, suffisamment enchâssées dans les pores du sujet, ouverts par la chaleur de l’eau bouillante, puis resserrés par le froid, & de plus enduits de l’espece de mastic que laissent dans ces mêmes pores les sels choisis pour les préparer. D’où il suit que les pores des fibres de la laine dont on a fabriqué, ou dont on doit fabriquer des étoffes, doivent être nettoyés, aggrandis, enduits, puis resserrés, pour que l’atome colorant y soit retenu à-peu-près comme un diamant dans le chaton d’une bague.

L’expérience a fait connoître qu’il n’y a point d’ingrédient de la classe du bon teint, qui n’ait une faculté astringente & précipitante, plus ou moins grande ; que cela suffit pour séparer la terre de l’alun, l’un des sels qu’on emploie dans la préparation de la laine avant que de la teindre ; que cette terre unie aux atomes colorans forme une espece de lacque semblable à celle des Peintres, mais infiniment plus fine ; que dans les couleurs vives, telles que l’écarlate, où l’on ne peut employer l’alun, il faut substituer à sa terre, qui est toujours blanche quand l’alun est bien choisi, un autre corps qui fournisse à ces atomes colorans une base aussi blanche ; que l’étain pur donne cette base dans la teinture en écarlate ; que lorsque tous ces petits atomes de lacque terreuse se sont introduits dans les pores dilatés du sujet, l’enduit que le tartre, autre sel servant à sa préparation, y a laissé, sert à y mastiquer ces atomes ; & qu’enfin le resserrement des pores, occasionné par le froid, sert à les y retenir.

Peut être que ces couleurs de faux teint n’ont ce défaut, que parce qu’on ne prépare pas suffisamment le sujet, ensorte que les particules colorantes n’étant que déposées sur la surface lisse, ou dans des pores dont la capacité n’est pas suffisante pour les recevoir, il est impossible que le moindre choc ne les détache. Si l’on trouvoit le moyen de donner aux parties colorantes des bois de teinture l’astriction qui leur manque, & qu’en même tems on préparât la laine à les recevoir, comme on la prépare, par exemple, à recevoir le rouge de la garence, il est certain qu’on parviendroit à rendre les bois aussi utiles aux teinturiers du bon teint, qu’ils l’ont été jusqu’a présent aux teinturiers du petit teint.