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crire. C’est peut-être par cette raison, que dans les combats où il disputa le prix de la tragédie avec Eschyle, Euripide, Chærilus, Aristée & plusieurs autres poëtes, il fut le premier qui commença d’opposer tragédie à tragédie, sans entreprendre de faire des tétralogies.

On peut compter Platon parmi ceux qui en avoient composé. Dans sa jeunesse, ne se trouvant point de talent pour les vers héroïques, il prit le parti de se tourner du côté de la tragédie. Dejà il avoit donné aux comédiens une tétralogie, qui devoit être jouée aux prochaines dionysiaques ; mais ayant par hasard entendu Socrate, il fut si frappé de ses discours, que méprisant une victoire qui n’avoit plus de charmes pour lui, non-seulement il retira sa piece, mais il renonça au théatre, & se livra entierement à l’étude de la philosophie.

Mais les combats entre les poëtes tragiques devinrent si célebres, que peu de tems après leur établissement, Thémistocle en ayant donné un, dans lequel Phrynicus fut couronné ; ce grand capitaine crut devoir en immortaliser la mémoire, par une inscription qui est venue jusqu’à nous.

La tétralogie d’Eurypide, dont nous avons parlé ci-dessus, fut jouée dans la 87e olympiade, sous l’archonte Pythiodore, & l’auteur ne fut couronné que le troisieme ; car on ne décernoit dans tous les combats littéraires que trois couronnes. On sait qu’elles étoient de feuilles d’arbre, comme celles des combats gymniques ; mais quelle autre récompense eût-on employée, si l’on considere la qualité des concurrens qui étoient quelquefois des rois, des empereurs, des généraux d’armée, ou les premiers magistrats des républiques. Il s’agissoit de flatter l’amour propre des vainqueurs, & l’on y réussit par-là merveilleusement. Aussi les poëtes couroient après ces sortes de couronnes avec une ardeur dont nous n’avons point d’idée. Quand Sophocle, tout jeune, donna sa premiere piece, la chaleur des spectateurs qui étoient partagés entre lui & ses concurrens, obligea Cimon d’entrer dans le théatre avec ses collegues, de faire des libations à l’honneur des dieux, de choisir pour juges dix spectateurs choisis de chaque tribu, & de leur faire prêter le serment avant qu’ils adjugeassent la couronne. Plutarque ajoute, que la dignité des juges échauffa encore l’esprit des spectateurs & des combattans ; que Sophocle fut enfin déclaré vainqueur, & qu’Eschyle qui étoit un de ses rivaux, en fut si vivement piqué, qu’il se retira en Sicile, où il mourut peu de tems après.

Les Romains n’imiterent jamais les tétralogies des Grecs, vraissemblablement par la difficulté de l’exécution. Il arriva même dans la suite chez les Grecs ; soit que les génies se fussent épuises, soit que les Athéniens eussent conservé un goût continuel pour les ouvrages de leurs anciens poëtes tragiques, il arriva, dis-je, qu’on permit aux auteurs qui leur succéderent, de porter au combat les pieces des anciens poëtes corrigées : Quintilien assure que quelques modernes, qui avoient usé de cette permission sur les tragédies d’Eschyle, s’étoient rendus, par ce travail, dignes de la couronne ; & c’est peut-être aussi la seule à laquelle nous pouvons aspirer. (Le chevalier de Jaucourt.)

TÉTRAMETRE, s. m. (Littérat.) dans l’ancienne poésie greque & latine. C’étoit un vers ïambe composé de quatre piés. Voyez Iambique.

Ce mot est formé du grec τέτρα, quatre, & de μέτρον, mesure. On ne trouve de ces vers que dans les poëtes comiques, comme dans Térence.

TETRAO, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) nom donné par Linnæus au genre d’oiseaux de l’ordre des poules ; leurs caracteres distinctifs sont d’avoir à chaque pié quatre orteils, les paupieres nues & chargées de

tubercules charnus. De ce genre sont les phaisans, la perdrix, la caille, &c. Linnæi, syst. nat. p. 48.

TETRAODION, s. m. terme d’Eglise, nom qu’on donne dans l’Eglise grecque à un hymne que l’on y chante le samedi ; on la nomme ainsi, parce qu’elle est composée de quatre parties ; le mot même l’indique ; τέτρα signifie quatre, & ᾠδὴ, chant. (D. J.)

TETRAPÉTALE, fleur, (Botan.) c’est une fleur composée de quatre pétales ou feuilles colorées, que les Botanistes appellent pétales, posées autour du pistil. Selon M. Ray, les fleurs tétrapétales constituent un genre particulier de plantes. M. de Jussieu les appelle polypétales à quatre pieces, & en fait aussi un genre à part. (D. J.)

TETRAPHARMACUM, s. m. (Pharmacie.) en général, signifie un remede composé de quatre sortes de drogues.

Ce mot est formé de τέτρα, quatre, & φάρμακον, drogue ou remede.

On a donné ce nom à l’onguent basilic. Voyez Onguent.

TÉTRAPHOE, s. f. (Hist. nat. Bot. exot.) nom donné par les peuples de Guinée, à une plante dont ils usent en décoction pour les cours de ventre ; cette plante croît aussi dans le Malabar, & sa racine est employée pour les hémorrhoïdes ; les Malabares nomment cette plante wellia cadavalli ; Petiver l’appelle en botaniste xanthium malabaricum, capitolis lanuginosis, & la range parmi les especes de glouteron. Sa tige est ligneuse, rameuse & cotonneuse. Ses feuilles sont attachées par paires sur de courtes queues, velues dans leur primeur, & devenant ensuite rudes & âpres. Les fleurs naissent en bouquets, & sont composées de pétales d’un beau verd, à étamines écarlates ; ces fleurs tombent facilement, & se changent ensuite en un fruit ligneux, tout hérissé de picquans doux & crochus ; ils sont semblables à nos grateculs, ou fruits d’églantiers, mais d’un tiers moins gros. Philos. trans. n°. 232. (D. J.)

TETRAPHYLIA, (Géog. anc.) lieu de la Macédoine, dans l’Athamanie. Tite-Live, l. XXXVIII. c. j. nous apprend que c’est dans ce lieu que l’on gardoit le trésor royal.

TÉTRAPLES, s. m. pl. (Hist. ecclésiastique.) en termes d’histoire ecclésiastique, signifient la bible rangée par Origene sur quatre colonnes, dans chacune desquelles étoit une version greque différente ; savoir, celle d’Aquila, celle de Symmaque, celle des septante, & celle de Théodotion. Voyez Bible.

Ce mot est formé du grec τετραπλόος, quadruple.

Sixte de Sienne confond ces tétraples avec les hexaples : quoique ces deux ouvrages soient différens, & que le premier ait été fait sur le second en faveur de ceux qui ne pouvoient pas se procurer celui-ci. Voyez Hexaples.

Quelques auteurs sont d’opinion que les tétraples n’avoient point cet ordre que nous venons de leur donner, & que la version des septante étoit rangée dans la premiere colonne : mais S. Epiphane dit expressément le contraire, & il place cette version dans la troisieme : il rapporte même la raison pour laquelle Origene l’a placée dans cet endroit ; savoir, parce qu’il convenoit de mettre la meilleure version au milieu, afin qu’il fût plus aisé au lecteur de confronter avec elle les autres versions, & de les corriger où elles pouvoient être fautives.

Cependant Baronius dans ses annales, & sur l’année 231, prétend que la version des septante occupoit la troisieme colonne dans les hexaples, mais qu’elle tenoit la premiere dans les tétraples, quoique S. Epiphane lui donne la même place dans ces deux ouvrages.

TÉTRAPOLE, (Géog. anc.) nom grec qui signifie quatre villes, & que l’on a donné à diverses contrées