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Ce mot est formé du grec Θεος, Dieu, & ανθροπος, homme.

THÉATINS, s. m. (Hist. ecclésiast.) ordre religieux de prêtres réguliers, ainsi nommés de don Jean-Pierre Caraffa, archevêque de Chieti dans le royaume de Naples, qui s’appelloit autrefois Théate.

Le même archevêque fut élevé au souverain pontificat sous le nom de Paul IV. Ce prélat, suivi de Gaëtan gentilhomme vénitien, de Paul Consiliari & de Boniface Colle, jetta les premiers fondemens de cet ordre à Rome en 1524.

Les Théatins furent les premiers qui prirent le nom de clercs réguliers : non-seulement ils ne possedent point de terres, & n’ont point de revenus fixes, ni en commun, ni en propriété, mais ils ne peuvent même rien demander ni mendier, & ils sont réduits à vivre de ce que la providence leur envoie pour les faire subsister.

Ils s’emploient le plus souvent dans les missions étrangeres ; & en 1627, ils entrerent dans la Mingrelie, où ils se firent un établissement. Ils en eurent aussi en Tartarie, en Circassie & en Géorgie, mais ils furent obligés de les abandonner par le peu de fruit qu’ils tiroient de ces missions.

Leur premiere congrégation parut à Rome en 1524, & y fut confirmée la même année par Clément VII. leur regle fut dressée dans un chapitre général en 1604, & approuvée par Clément VIII. Ils portent la soutane & le manteau noir, avec des bas blancs. Le cardinal Mazarin les fit venir en France en 1644, & leur acheta la maison qu’ils ont vis-à-vis les galeries du Louvre, où ils entrerent en 1648. Le même cardinal leur avoit légué par son testament une somme de cent mille écus pour bâtir une église, qui vient d’être achevée par les soins de M. Boyer, de l’ordre des Théatins. Ayant été élevé à l’évêché de Mirepoix, il a été ensuite précepteur de M. le dauphin. Cette congrégation a donné à l’Eglise des missionnaires apostoliques, d’habiles prédicateurs & des prélats distingués par leur science & par leur vertu.

THÉATINES, s. f. (Hist. ecclésiast.) ordre de religieuses sous la direction des Théatins. Voyez Théatins.

Il y a deux sortes de Théatines sous le nom de sœurs de l’immaculée Conception ; elles forment deux congrégations différentes ; les religieuses de l’une s’engagent par des vœux solemnels, & celles de l’autre ne font que des vœux simples. Leur fondatrice commune étoit Ursule Benincasa.

Les plus anciennes sont celles qui font des vœux simples, & on les appelle simplement Théatines de la congrégation. Elles furent instituées à Naples en 1583.

Les autres s’appellent Théatines de l’hermitage. Elles n’ont autre chose à faire qu’à prier Dieu en retraite, & à vivre dans une solitude austere, à quoi elles s’engagent par des vœux solemnels.

Celles de la premiere congrégation prennent soin des affaires temporelles des autres, leurs maisons se touchent, & la communication est établie entre les deux sortes de religieuses par le moyen d’une grande salle. Leur fondatrice dressa leurs regles ou constitutions, & jetta les fondemens de leurs maisons ; mais elle mourut avant qu’elles fussent achevées.

Grégoire XV. qui confirma ce nouvel institut sous la regle de S. Augustin, mit les deux congrégations sous la direction des Théatins. Urbain VIII. révoqua cette disposition par un bref de l’an 1624, & soumit les Théatines au nonce de Naples. Mais Clément IX. annulla ce bref, & les remit de nouveau sous la direction des Théatins par un bref de l’an 1668.

THÉATRE, s. m. (Architect.) les anciens appelloient ainsi un édifice public destiné aux spectacles,

composé d’un amphithéatre en demi-cercle, entouré de portiques & garni de sieges de pierre ; ces sieges environnoient un espace appellé orchestre, au-devant duquel étoit le proscenium ou pulpitum, c’est-à-dire le plancher du théatre, avec la scene formée par une grande façade décorée de trois ordres d’architecture, & derriere laquelle étoit le lieu appellé proscenium, où les acteurs se préparoient. Chez les Grecs & chez les Romains, le théatre avoit trois sortes de scènes mobiles, la tragique, la comique & la satyrique. Le plus célebre théatre qui reste de l’antiquité est celui de Marcellus à Rome.

Nous avons défini le mot théatre selon son étymologie, tirée du grec théatron, spectacle, parce que l’usage qu’on fait aujourd’hui de ce terme dans l’art de bâtir, est abusif. Cependant, pour ne rien laisser en arriere, nous dirons qu’on entend aujourd’hui par théatre, particulierement chez les Italiens, l’ensemble de plusieurs bâtimens qui, par leur élévation & une disposition heureuse, présentent une agréable scène à ceux qui les regardent. Tels sont la plûpart des bâtimens des vignes de Rome, mais principalement celui de monte Dragone, à Frescati, & en France le château de S. Cermain-en-Laye, du côté de la riviere. (D. J.)

Théatre des anciens, (Architect. & Littér.) les Grecs & les Romains étendoient plus loin que nous le sens du mot théatre ; car nous n’entendons par ce terme qu’un lieu élevé où l’acteur paroît, & où se passe l’action : au-lieu que les anciens y comprenoient toute l’enceinte du lieu commun aux acteurs & aux spectateurs.

Le théatre chez eux étoit un lieu vaste & magnifique, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, & de belles allées plantées d’arbres, où le peuple se promenoit en attendant les jeux.

Leur théatre se divisoit en trois principales parties, sous lesquelles toutes les autres étoient comprises, & qui formoient pour ainsi dire, trois différens départemens ; celui des acteurs, qu’ils appelloient en général la scène ; celui des spectateurs, qu’ils nommoient particulierement le théatre ; & l’orquestre, qui étoit chez les Grecs le département des mimes & des danseurs, mais qui servoit chez les Romains à placer les sénateurs & les vestales.

Pour se former d’abord une idée générale de la situation de ces trois parties, & par conséquent de la disposition de tout le théatre, il faut remarquer que son plan consistoit d’une part en deux demi-cercles décrits d’un même centre, mais de différent diametre, & de l’autre en un quarré long de toute leur étendue, & moins large de la moitié ; car c’étoit ce qui en établissoit la forme, & ce qui en faisoit en même tems la division. L’espace compris entre les deux demi-cercles, étoit la partie destinée aux spectateurs : le quarré qui les terminoit, celle qui appartenoit aux autres ; & l’intervalle qui restoit au milieu, ce qu’ils appelloient l’orquestre.

Ainsi l’enceinte des théatres étoit circulaire d’un côté, & quarrée de l’autre ; & comme elle étoit toujours composée de deux ou trois rangs de portiques, les théatres qui n’avoient qu’un ou deux étages de degrés, n’avoient que deux rangs de portiques ; mais les grands théatres en avoient toujours trois élevés les uns sur les autres ; de sorte qu’on peut dire que ces portiques formoient le corps de l’édifice : on entroit non-seulement par dessous leurs arcades de plain-pié dans l’orquestre, & l’on montoit aux différens étages du théatre, mais de plus les degrés où le peuple se plaçoit étoient appuyés contre leur mur intérieur ; & le plus élevé de ces portiques faisoit une des parties destinées aux spectateurs. De-là les femmes voyoient le spectacle à l’abri du soleil & des injures de l’air, car le reste du théatre étoit découvert.