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L’île Thermie a quatorze ou quinze lieues de tour. Elle a pris son nom des thermes ou bains d’eaux chaudes, qui la rendoient autrefois célebre. Ces eaux chaudes sont dans le fond d’un des culs-de-sac du port, au nord-est à droite en entrant. La principale source bouillonne au pié de la colline, dans une maison où l’on va laver le linge, & où les malades viennent suer ; les autres sources sortent à quelques pas de-là, par petits bouillons, & forment un ruisseau qui va se rendre dans la mer, d’où toutes ces eaux étoient venues ; car elles sont très-salées, & s’échauffent sans doute en traversant la colline parmi des mines de fer, ou des matieres ferrugineuses : ces matieres sont la véritable cause de la plupart des eaux chaudes. Celles de Thermie blanchissent l’huile de tartre, & ne causent aucun changement à la solution du sublimé corrosif. Les anciens bains étoient au milieu de la vallée ; on y voit encore les restes d’un reservoir bâti de briques & de pierres, avec une petite rigole, par le moyen de laquelle l’eau du gros bouillon se distribuoit où l’on vouloit.

On remarque dans les ruines d’une ville de cette île, trois cavernes creusées à pointe de ciseau dans le roc, & enduites de ciment, pour empêcher que les eaux de la pluie ne s’écoulassent par les fentes ; mais on n’y découvre aucune inscription qui donne le nom de la ville.

Il n’y a qu’un bourg dans l’île Thermia qui porte le nom de Thermie ; à deux lieues de ce bourg est un gros village. On ne compte que quatre mille personnes dans toute l’île, qui sont tous du rit grec, excepté une douzaine de familles latines, dont la plupart sont des matelots françois. Le terroir de cette île est bon & bien cultivé ; c’est même un endroit de bonne chere, mais on n’y fait presque aucun commerce, il n’y a point de bois, & l’on n’y brûle que du chaume. (D. J.)

Thermius, (Mytholog.) surnom d’Apollon pris pour le soleil : il signifie chaud, brûlant. Ce dieu avoit un temple à Elis, sous le nom de Thermius. (D. J.)

THERMODON, (Géog. anc.) fleuve de la Cappadoce. Ptolomée, l. V. c. vj. marque son embouchure dans le Pont Polémoniaque. Ce fleuve est fameux, sur-tout chez les Poëtes, parce qu’ils vouloient que les Amazones habitassent sur ses bords. Virgile, Æneid. l. XI. vers. 659. en a parlé.

Quales Threicioe, quum flumina Thermodontis
Pulsant & pictis bellantur Amazones armis.

Properce, l. III. Eleg. xiv. dit :

Qualis Amazonidum nudatis bellica mammis
Thermodonteis turba lavatur aquis.

Et Valerius Flaccus, l. IV. Argonaut. vers. 600.

Quid memorem, quas Iris aquas, quas torqueat Ancon ?
Proxima Thermodon hic jam secat arva, memento.
Inclyta Amazonidum, magnoque exorta gradivo
Gens ubi.

On sait que le Thermodon arrosoit une partie du pays des fameuses Amazones ; cette riviere rappelle toujours agréablement l’idée de ces héroïnes, sur lesquelles peut-être on a avancé bien des fables. (D. J.)

THERMOMETRE, s. m. (Phys.) c’est un instrument qui sert à faire connoître, ou plutôt à mesurer les degrés de chaleur & de froid. Voyez Chaleur & Thermoscope.

Un paysan hollandois, nommé Drebbel, passe pour avoir eu au commencement du xvij. siecle la premiere idée de cet instrument.

Il y a différentes sortes de thermometres, dont voici les constructions, les défauts, les théories, &c.

Ancienne construction d’un thermometre dont l’effet dépend de la raréfaction de l’air. Dans un tuyau BC, Pl. de Pneumatique, fig. 3. n°. 2. auquel est attachée une boule de verre AB, on met une quantité d’eau commune, mêlée d’eau régale, pour empêcher qu’elle ne se gele l’hiver ; on ajoute à cette mixtion une teinture de vitriol, dissous pour la rendre verte. En emplissant le tuyau, il faut avoir soin de laisser dans la boule & dans le tuyau, assez d’air pour qu’il puisse remplir précisément la boule au plus fort de l’hiver, lorsque l’air se trouve le plus condensé ; & qu’il ne puisse point chasser du tuyau toute la liqueur dans les plus fortes chaleurs de l’été, lorsque l’air est au plus haut degré de sa raréfaction. A l’autre extrémité du tuyau est attachée une autre boule de verre CD, ouverte du côté de l’air en D : des deux côtés du tuyau on applique une échelle, ou une platine EF, sur laquelle on marque les degrés, ou un certain nombre de lignes également distantes les unes des autres.

Dans cet état, quand l’air qui environne le tuyau devient plus chaud, l’air renfermé dans la boule & dans le haut du tuyau venant à se dilater, chasse la liqueur dans la boule inférieure, & par conséquent fait descendre la liqueur : au contraire, quand l’air qui environne le tuyau devient plus froid, l’air renfermé dans la boule venant à se condenser, fait monter la liqueur. Voyez Raréfaction & Condensation.

Ancienne construction du thermometre avec du vif-argent. C’est de la même maniere & avec les mêmes précautions, que l’on met une petite quantité de mercure ou de vif-argent, qui n’excede point l’épaisseur d’un pois, dans un tuyau B C, fig. 4. n°. 2. que l’on coude en plusieurs endroits, afin qu’on puisse le manier plus aisément, & qu’on risque moins de le casser ; on divise ce tuyau dans un certain nombre de parties égales, qui servent d’échelle. Dans cet état, les différentes approches du mercure vers la boule A, marqueront les accroissemens ou les différens degrés de chaleur.

Les défauts de ces deux thermometres consistent en ce qu’ils sont sujets à recevoir les impressions d’une double cause ; car ce n’est pas seulement l’augmentation de la chaleur, mais aussi une augmentation du poids de l’atmosphere, qui peut faire monter la liqueur dans le premier, & le mercure dans le second de ces thermometres ; & d’un autre côté ce peut être la diminution du poids, aussi-bien que la diminution de la chaleur de l’atmosphere, qui fera descendre la liqueur & le mercure dans les deux thermometres. Voyez Barometre.

Construction du thermometre commun ou de Florence. Les académiciens del Cimento ayant remarqué les inconvéniens, ou défauts des thermometres ci-dessus, ils essayerent d’en construire un autre par le moyen duquel ils se flattoient de mesurer les degrés de chaleur & de froid de l’air, par la raréfaction & condensation de l’esprit de vin ; quoique la rarefaction & condensation de cette liqueur soit moins considérable que celle de l’air, & que par conséquent les variations dans les degrés de chaleur doivent y être beaucoup moins sensibles.

Voici la construction de leur thermometre.

Sur quelques petits morceaux de turmeric, qui est une sorte de racine dont on se sert pour guérir la jaunisse, on verse une certaine quantité d’esprit de vin rectifié, pour lui donner une teinture rouge ; ensuite on filtre plusieurs fois l’esprit de vin par un papier gris, afin que les particules grossieres de la racine se séparent de la liqueur. De cet esprit de vin ainsi teint & préparé, on emplit une boule de verre AB, fig. 5. n°. 2. & un tuyau BC, & afin que tout l’esprit de vin ne descende point dans la boule pendant l’hiver,