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p, boucle de corde accrochée à la queue de la tenaille ; q, grande caisse pour tenir les barres des lingots ; t, dents de la tenaille.

Figure 2. 1, deux hommes qui dégrossissent la matiere au sortir de l’argue ; 2, manette du tambour sur lequel la matiere se roule ; 3, le tambour ; 4, autre tambour sur lequel elle est roulée au sortir de l’argue ; 5, coin pour tenir la filiere arrêtée ; 6, la filiere ; 7, fer dans lequel entre la filiere ; 8, table sur laquelle sont posés les tambours ; 9, idem.

Figure 3. homme qui peut dégrossir seul la gavette. On donne le nom de gavette à la matiere sortie de l’argue, & tirée à une certaine grosseur ; & lorsqu’elle est dégrossie, on lui donne le nom de trait.

Fig. 4. Fille qui tire le trait en le faisant passer successivement dans plusieurs filieres plus petites les unes que les autres, jusqu’à ce qu’il soit tiré à la finesse qu’on se propose.

Fig. 5. Fille qui bobine le trait en le tirant de dessus le tambour qui a servi à le tirer pour le mettre sur une petite bobine, à laquelle on donne le nom de roquetin.

Le trait se divise ordinairement en trois parties principales pour la grosseur. La premiere est appellée lancé, beaucoup plus fine qu’un cheveu ; la deuxieme superfin fin ; la troisieme superfin ordinaire ; cette derniere partie est de la grosseur d’un cheveu. Tout ce qui vient d’être dit ne concerne précisément que le trait d’argent. Le trait d’or ne se tire pas autrement ; & à proprement parler, ce qui est appellé or dans les manufactures, n’est autre chose que de l’argent doré.

Pour faire le trait d’or, on dore le lingot en barre au sortir de la forge, & avant de le passer à l’argue. Le lingot pour or doit être disposé à la fonte d’une autre façon que le lingot pour argent ; c’est-à-dire que les affineurs ou fondeurs doivent avoir soin de le rendre plus dur afin que les feuilles d’or qui servent à le dorer ne s’enterrent pas dans la matiere d’argent, & se soutiennent toujours dessus pour que l’or soit plus brillant. De-là vient que le filé d’or est toujours plus pesant que le filé d’argent. On penseroit que l’or dont il est chargé cause l’augmentation du poids, ce qui n’est pas, puisque un lingot de 50 marcs n’employera pas un marc d’or pour le dorer. La véritable raison de la différence de ce poids ne vient donc que de ce que le lingot étant plus dur, le trait ne peut pas être tiré si fin que l’argent. D’ailleurs quand il seroit possible de le tirer aussi fin, la qualité de l’or qui n’est que superficielle sur matiere d’argent, n’auroit plus aucune apparence, attendu la finesse du trait.

Pour dorer le lingot, on fait chauffer une barre d’argent bien ronde & bien polie, jusqu’à ce qu’elle rougisse, après quoi le tireur d’or couche au long & au-tour de ladite barre des feuilles d’or, telles qu’on les trouve chez les Batteurs d’or, en quantité proportionnée à la qualité qu’il veut donner au trait qu’il se propose de faire ; & après les avoir couchés, il les frotte avec une pierre bien polie pour les attacher au lingot, de façon que la barre d’argent & les feuilles ne composent qu’un tout. Les or les plus bas sont dorés à 28 feuilles couchées les unes sur les autres & lissées avec la pierre à polir. Les or les plus hauts ne passent guere 56 feuilles. Le superflu ou excédent des feuilles qu’on voudroit ajouter deviendroit inutile, & empêcheroit même la barre d’être tirée comme il faut. Le frottement sur les feuilles se fait au fur & à mesure qu’on couche les feuilles de six en six, ou de huit en huit feuilles. Il faut beaucoup plus de soin pour tirer l’or que l’argent ; & surtout que les filieres soient extraordinairement polies, parce que si par hasard il s’en trouvoit quelqu’une qui grattât la barre, ou la gavette, ou le trait, la partie grattée blanchissant, seroit continuée jusqu’à la fin ;

parce que quoique le lingot soit bien doré, en quelque cas, ou en quelque tems que vous rompiez la barre, ou la gavette, elle sera toujours blanche en-dedans, l’or, comme on l’a déja dit, n’occupant que la superficie du lingot, dont la dureté, par sa préparation, lui empêche de pénetrer plus avant, & lui donne plus de brillant.

Lorsque l’argent ou l’or est tiré, il s’agit de le filer ; & pour parvenir à cette opération, il faut l’écacher ou écraser sous deux roues ou meules dont la circonférence est d’un acier si poli, qu’il ne faut pas qu’il y ait une légere tache. C’est ce qui est représenté dans les Planches & les figures.

Le trait quelque fin qu’il puisse être, s’applatit en passant entre les deux meules du moulin m sortant du roquetin n. Le trait passe dans un livret o sur lequel est un petit poids de plomb qui le tient en regle, & empêche qu’il ne vienne plus vite que le moulin le distribue, & ayant passé entre les deux meules, il s’enroule sur un autre petit roquetin appellé roquetin de lame, parce que le trait quoique fin & rond, étant écaché ne forme plus qu’une lame, & que c’est cette même lame, laquelle enveloppant la soie sur laquelle elle est montée, forme ce qu’on appelle le filé.

La fig. 6 représente un moulin à écacher l’or & l’argent ; la lettre a le batis du moulin ; b, planche au bout de laquelle on met un poids pour charger le moulin, & faire que les deux meules se frottent davantage ; elle forme une espece de levier, & appuyant sur les cordes z qui remontent sur une traverse qui appuie sur l’arbre de la meule supérieure du moulin, elle la serre davantage sur l’autre. c, pieces de fer percées dans lesquelles entre un fil de fer qui soutient le roquetin d. e, poids d’une livre environ posé sur le livret dans lequel passe le trait. f, manivelle à laquelle est attachée une poulie cavée dans laquelle passe une corde très-fine qui fait tourner le roquetin de lame pour ramasser le trait écaché ou la lame. h, la lame que le guimpier tient entre ses doigts pour la conduire sur le roquetin. g, fer courbé en équerre qui contient une petite poulie large autour de laquelle passe la lame, afin qu’elle ne se torde pas lorsqu’elle est portée sur le roquetin. h, corde qui passant autour de la poulie cavée marquée f, vient envelopper une fusée appellée porte-roquetin, & qui le fait tourner pour ramasser la lame. K, écrou pour avancer ou reculer les porte-roquetins de lame. X, dessus du moulin. Y, montant du moulin ou soutien des meules. T, table du moulin, VV, bas des montans du moulin. Z, cordes de quindage pour serrer les meules du moulin.

La fig. 7 n’est qu’une seconde représentation du moulin.

La fig. 8 représente les filieres de l’argue. 9, les tenailles de l’argue. 10, filiere à dégrossir, & le fil de la gavette passé dedans. 11, 12 & 13, filiere pour finir & achever le trait.

La fig. 9. 1, rouet à filer l’or ou l’argent. 2, ouvriere qui écache la lame. 3, ouvrier qui dégrossit la gavette. 4, tambour sur lequel le trait s’enroule à mesure qu’on le tire. 5, autre tambour servant à dégrossir. 6, crochets posés sur le tambour dans lesquels entre la manette ou manivelle. 7, autre tambour pour achever le trait. 8, cage du moulin. 9, fer courbé aux deux extrémités sur lequel passent les cordes qui servent à charger le moulin. 10, meules du moulin. 11, manivelle dans laquelle entre l’arbre des meules. 12, porte-roquetin de lame & de trait. 13, porte-poulie fous laquelle passe la lame au sortir d’entre les meules. 14, fer courbé & percé dans la partie supérieure, adhérant aux meules, dans lequel passe le trait, & qui lui sert de guide pour passer entre les meules. 15,