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De ces expériences, M. le duc de Noya conclut que la tourmaline est un corps électrique qui s’électrise par des moyens différens des autres corps électriques ; que son électricité est différente de la leur ; qu’elle est sensible comme la vertu magnétique, à l’action de leur électricité, sans s’en charger, sans perdre la sienne, & sans leur faire perdre la leur ; & par conséquent que cette pierre differe en cela de tous les autres corps électriques connus.

Tous ces détails sont tirés d’une lettre de M. le duc de Noya Carasa, sur la tourmaline à M. de Buffon, que ce seigneur a fait imprimer & publier à Paris en 1759. L’on y trouvera un grand nombre d’autres détails que l’on a été obligé d’omettre, de peur d’alonger cet article, où l’on n’a rapproché que les choses essentielles contenues dans cet ouvrage. (—)

TOURMENT, s. m. (Gram.) douleur longue & violente, de corps ou d’esprit. La goutte, la pierre, les fractures, sont les plus grands tourmens de corps auxquels l’homme soit exposé. Les amans parlent beaucoup de leurs tourmens, mais je crois qu’ils les exagerent quelquefois ; la jalousie est un de leurs tourmens.

TOURMENTE, la, (Géog. mod.) riviere de France dans le Quercy. Elle se forme de trois ruisseaux, près de Souillac, & se perd à Floriac dans la Dordogne. (D. J.)

TOURMENTER, (Peint.) tourmenter des couleurs, c’est les remanier & les frotter, après les avoir couchées sur la toile ; ce qui en ternit la fraîcheur & l’éclat. Quand on les a une fois placées, le mieux seroit de n’y point toucher du tout, si la chose étoit possible ; mais comme il n’arrive guere qu’elles fassent leur effet du premier coup, il faut du moins en les retouchant, les épargner le plus que l’on peut, & éviter de les tracasser & de les tourmenter. (D. J.)

Tourmenter son cheval, (Maréchal.) c’est le châtier ou l’inquietter mal-à-propos. Se tourmenter, se dit d’un cheval qui a trop d’ardeur, & qui est toujours en action ; il se tourmente, & tourmente son homme.

TOURMENTEUR-JURÉ, c’étoit ainsi qu’on nommoit anciennement le questionnaire. Voyez ce que l’on en a dit au mot Exécuteur de la haute justice, & Sauval, Antiq. de Paris. (A)

TOURMENTIN, s. m. (Ornithol.) petit oiseau marin qui n’est guere plus gros qu’une hirondelle, & dont le plumage est noir : on ignore le lieu de sa retraite, son espece n’étant point connue sur terre.

Les tourmentins se tiennent en pleine mer, à des distances considérables des côtes ; ils ne paroissent ordinairement que pendant les gros tems, voltigeant sans cesse derriere la poupe des vaisseaux, autour du gouvernail, à deux ou trois piés au dessus de la surface de l’eau ; c’est une chose singuliere de voir avec quelle agilité ces petits oiseaux suivent les ondulations de la mer, sans jamais en être surpris ni paroître se lasser ; sans doute que c’est cette agitation continuelle, qui les a fait nommer tourmentin par les matelots, dont l’opinion est que ces oiseaux proviennent de l’écume des vagues ; cette idée n’est pas moins ridicule que les fables débitées par les anciens sur l’origine & les merveilles des alcyons, dont le tourmentin est peut-être une espece.

Tourmentin, (Marine.) quelques marins appellent ainsi le perroquet de beaupré. Voyez Mat.

TOURNAIRE, s. m. (Jurispr.) est celui qui est en tour de nommer à un bénéfice vacant. Voyez cidevant Tour.

TOURNANT, s. m. (Marine.) nom qu’on donne à un mouvement circulaire des eaux, qui forme un gouffre dans lequel périssent presque tous les vaisseaux qui ont le malheur d’y tomber. Il y en a entre

autres un à la côte de Norwege, qui est très-dangereux.

Tournant, on appelle ainsi un pieu enfoncé en terre, qui porte un rouleau, avec des pivots placés dans des traverses liées à ce même pieu, & sur lequel les bateliers, passant leur corde, tirent leur bâtiment, ou le font tirer sans discontinuer ; par cette manœuvre ils passent les contours & les angles d’un canal ou d’une riviere, sans avoir la peine de se remorquer à force de crocs, de gaffes & d’avirons.

Tournant, (Eaux & Forêts.) ce terme des eaux & forêts, signifie les arbres qui sont aux angles rentrans, & qui doivent être marqués du marteau du roi, comme les piés corniers, & les arbres de lisiere ; c’est la disposition de l’article xj. du titre 15. de l’ordonnance des eaux & forêts. (D. J.)

Tournants, terme de Perruquier, ce sont des bouts de tresse de cheveux qui vont depuis les temples jusqu’à la nuque du col ; ce sont les premieres tresses que le perruquier attache sur la coeffe quand il monte une perruque.

TOURNAY, (Géog. mod.) en latin Turnacum, ville des pays-bas autrichiens, capitale du Tournésis, sur l’Escaut, à cinq lieues au sud est de Lille, à sept de Douay, à huit de Mons, à quinze de Gand, & à cinquante-cinq de Paris. L’Escaut divise la ville en vieille & neuve. Louis XIV. y a fait bâtir une citadelle qui a couté plus de quatre millions de ce tems là, c’est-à-dire plus de huit millions de notre monnoie actuelle ; c’est un ouvrage de M. de Mégrigni, ingénieur ; mais Louis XV. en reprenant Tournay sur la reine de Hongrie, a fait détruire cette citadelle de fond en comble.

La ville de Tournay est partagée en dix paroisses ; S. Médard, évêque de Noyon, fut un des premiers pasteurs de l’église de Tournay, & son premier évêque fut Anselme, moine bénédictin, qui obtint cet évêché en 1148, par le crédit de S. Bernard. En 1559, l’évêché de Tournay devint suffragant de la nouvelle métropole de Cambray. Son diocèse a huit doyennés, & contient 223 cures. Longitude. 21. 4. latit. 50. 34.

Il n’est fait mention de Tournay que dans l’itinéraire d’Antonin, & dans la carte de Peutinger, dont les auteurs ont vêcu du tems de S. Jérôme. Dans le même siecle Tournay fut prise sur les Romains par Clodion, rois des François ; son petit fils Childeric y demeuroit, y mourut, & y fut enterré. Sous les premiers rois capétiens, les évêques de Tournay & de Noyon étoient seigneurs de la ville, mais les habitans y vivoient dans une entiere liberté. Charles VII. unit solemnellement Tournay & le Tournésis à sa couronne, par des lettres patentes données au commencement de son regne, en 1422, & confirmées par d’autres lettres, dans les années 1426, & 1436.

Louis XI. après la mort de Charles duc de Bourgogne, mit garnison dans Tournay en 1477 ; & depuis ce tems-là les habitans lui obéirent jusqu’à l’an 1513, que la ville fut prise sur Louis XII. par Henri VIII. roi d’Angleterre. Les Anglois la rendirent aux François en 1517 ; mais quatre ans après, la guerre ayant été déclarée par Charles-quint & François I. Tournay fut prise, & François I. contraint de la ceder par le traité de Madrid, en 1525, confirmée par le traité de Cambray en 1529, par celui de Crépi en Laonois, en 1544, & par celui de Cateau-Cambrésis, en 1559. En 1667, Louis XIV. prit cette ville, qui lui fut cédée en 1668, par le traité d’Aix-la-chapelle ; il fortifia Tournay, & y éleva la citadelle dont j’ai parlé ; mais la ville & la citadelle ayant été prises en 1709, par l’armée des alliés, la France céda l’une & l’autre à la maison d’Autriche, par les traités d’Utrecht, de Rastat, & de Bade. Enfin les Etats-