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Généraux ont la garde de cette place, par le traité de la Barriere, conclu en 1715, entre leurs Hautes-puissances, & l’empereur Charles VI.

Jean Cousin a donné l’histoire de Tournay. Elle est imprimée à Douay chez Marc Wyon, en 1620, en 4 vol. in-4°. c’est un ouvrage fort rare.

Simon de Tournay, dont le nom est écrit fort différemment dans les bibliographes, étoit né dans la ville de Tournay, ou du moins étoit originaire de cette ville ; il en fut chanoine, & florissoit dans le xije. siecle ; il devint docteur en théologie à Paris, & y régenta pendant dix ans les écoles des arts, c’est-à-dire qu’il y enseigna les belles-lettres & la philosophie. Il a laissé plusieurs ouvrages qui ne se trouvent qu’en manuscrit. Son attachement aux opinions d’Aristote, & sa grande subtilité dans la dispute, le firent accuser d’impiété & d’irreligion.

Il est douteux si Jacques des Parts, en latin de Partibus, étoit natif de Tournay, ou de Paris ; il fut également chanoine de Paris, & chanoine de Tournay, mais il mourut dans cette derniere ville, environ l’an 1465 ; il devint médecin du duc de Bourgogne, Philippe le bon, & puis de Charles VII. roi de France ; il donna plusieurs livres qui lui procurerent une grande réputation ; le principal est son commentaire sur Avicenne ; il fut imprimé à Lyon, l’an 1498. en 4 vol. in-fol. aux dépens du roi, & par les soins de Janus Lascaris.

La Barre (Louis-François-Joseph de), littérateur, naquit à Tournay en 1688, & mourut à Paris en 1743. Il étoit membre de l’académie des Inscriptions, à laquelle il a donné plusieurs mémoires. On trouvera dans ce recueil, tom. VII. & VIII. des éclaircissemens de sa main, sur l’histoire de Lycurgue, des remarques sur la route de Sardes à Suze, décrite par Herodote ; d’autres sur le cours de l’Halys, de l’Euphrate, de l’Araxe, & du Phase ; une dissertation sur la livre romaine, & sur d’autres mesures particulieres moins connues ; & un mémoire sur les divisions que les empereurs romains avoient faites des Gaules, en différentes provinces. On a inséré dans les tom. IX. & X. son traité du poëme épique, où il examine particulierement s’il est nécessaire que l’action de ce poëme ait rapport à une vérité morale ; il y a joint des observations singulieres sur les places destinées aux jeux publics de la Grece, & sur les différentes especes de courses qui s’y faisoient.

En 1729, il publia en deux vol. in-4°. ces mémoires de l’histoire de France & de Bourgogne, que l’on appelle communément le journal de Charles VI. & il mit une préface à la tête de ce recueil. En 1735, il fit paroître en cinq volumes in-12. une nouvelle histoire de la ville de Paris, extraite de celle du pere Lobineau, qui, composée de 5 vol. in-fol. & continuellement entremêlée de pieces latines, excédoit le loisir ou la portée des lecteurs ordinaires. Il avoit entrepris quinze mois avant sa mort, un dictionnaire d’antiquités greques & romaines, mais il n’a eu le tems que de former son plan, & d’ébaucher quelques articles. (Le chevalier de Jaucourt.)

TOURNE, terme de pratique, synonyme à soûte. Voyez Soute.

Tourné, (Blason.) ce mot dans le blason, ne se dit proprement que d’un croissant dont les cornes regardent le flanc dextre de l’écu, parce que ce n’est pas la situation naturelle du croissant, dont les cornes doivent regarder en haut ; & si elles regardoient le flanc sénestre, on le diroit contourné. (D. J.)

Tourne-a-gauche, (Outil d’ouvrier.) outil de fer, quelquefois avec un manche de bois, qui sert comme de clé pour tourner d’autres outils. Les charpentiers, menuisiers, serruriers, & autres ouvriers, ont chacun leur tourne-à-gauche, mais peu différens les uns des autres. Les tourne-à-gauche pour les tarots

sont tout de fer ; ils sont plats, d’un pouce environ de largeur, & de six à sept pouces de longueur ; ils ont au milieu une entaille quarrée, où l’on met la tête du tarot quand on veut le tourner pour faire un écrou.

TOURNE-BROCHE, ustencile de cuisine, qui sert à donner à une broche un mouvement moderé, & entretenu par un pois qui met en jeu plusieurs roues, à l’une desquelles est attachée une poulie qui retient une ou plusieurs chaînes qui répondent aux broches, & leurs communiquent le mouvement qu’elles ont reçu des roues. Cette machine est composée de trois roues qui ont chacune leur pignon, d’un rouleau, d’une cage & d’un volant. La premiere de ces roues se nomme grande roue ; son arbre est revêtu d’un rouleau de bois, partagé en deux parties, sur lesquelles sont deux cordes qui vont en sens contraire. La premiere qu’on peut appeller corde du poids, se devide & se déroule en descendant, pendant que la seconde que nous nommerons corde de remontoir, se roule & s’entortille au-tour du rouleau, garni d’un ressort qui le retient à une des croisées de la grande roue, lorsqu’on a suffisamment remonté le poids ; immédiatement au-dessus du même côté, est un second pignon qui s’engrene dans une autre qu’on nomme seconde roue, qui va répondre au pignon de la roue de champ. Celle-ci est placée environ vers le milieu de la cage, au-dessous du volant ; ses dents renversées de côté, s’accrochent aussi dans celles du pignon du volant, & le fait tourner. Toutes ses roues ont chacune leur arbre qui s’emboëte latéralement dans les montans de la cage, de façon néanmoins qu’il puisse y jouer aisément. Cette cage du chassis soutient & renferme tout l’ouvrage, excepté le volant qui est au-dessus, & la traverse par un trou qui y est pratiqué.

Toutes ces roues ont une grandeur proportionnée à la vîtesse de leur mouvement, qui est plus lent dans la grande que dans seconde roue, & dans la roue de champ que dans le volant.

On fait des tournebroches à main, qui sont placés seulement à hauteur d’homme, & se remontent par le moyen d’une manivelle qui s’emmanche dans l’arbre du pignon d’une quatrieme roue, qu’on appelle roue de remontoir, & qui est vis à-vis la grande roue. Dans ces tournebroches, le rouleau n’est revêtu que d’une corde qui soutient le poids, & qu’on retourne sur lui-même en sens contraire.

Il y a encore des tournebroches à fumée, qui meuvent sans poids, & par la seule action de la fumée sur le volant ; on peut voir tous ces différens tournebroches dans le Spectacle de la nature, art. de la nourriture de l’homme.

TOURNECASE Jeu du, s. m. l’étymologie du nom de ce jeu, vient de la maniere dont on le joue, puisque l’on ne prend que trois dames chacun, que l’on conduit suivant les nombres amenés, jusqu’à ce qu’on ait fait une case, c’est-à-dire, jusqu’à ce qu’on ait mis ces trois dames sur la derniere fleche du coin ; & comme cette case est faite avec trois dames, & qu’il faut pour gagner que les trois dames soient accouplées l’une sur l’autre, ainsi ce jeu se nomme tournecase, qui ne signifie autre chose, sinon le jeu de la case à trois dames. On nomme les dés à ce jeu comme au trictrac & au reversier ; il faut pousser le dez fort, afin qu’il batte la bande de votre homme. Après avoir mis trois dames à part pour jouer, si vous gagnez le dez vous jouez, & si vous faites d’abord six & cinq, vous ne pouvez jouer que le cinq, parce que c’est une regle, en ce qu’on ne peut jamais jouer que le plus bas nombre. Si vous faites sonné après avoir fait six & cinq, vous n’en pouvez jouer qu’un, & vous êtes obligé de le jouer avec la même dame dont vous avez déja joué un cinq ; parce que si vous le jouiez avec un autre dame, il faudroit passer par-dessus celle dont vous auriez joué le cinq, ce qui n’est pas