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pas pour le nombre de tailles ou marques, cela s’appelloit une cote maltaillée, c’est-à-dire que la quantité dont il s’agissoit étoit mal marquée sur la taille. De même aussi ceux qui trouvent de la difficulté sur quelques articles d’un compte, lorsqu’ils veulent se concilier & arrêter le compte, en usent comme on faisoit des cotes maltaillées, c’est-à-dire que chacun se relâche de quelque chose. (A)

Cote-morte, (Jurisprud.) est le pécule clérical d’un religieux.

Les religieux profès qui vivent en communauté, ne possedent rien en propre & en particulier ; de sorte que ce qui se trouve dans leurs cellules au tems de leur décès, ou lorsque ces religieux changent de maison, appartient au monastere où ils se trouvent.

Il en est de même des religieux qui possedent des bénéfices non-cures ; la cote-morte ou pécule qu’ils se trouvent avoir amassé au tems de leur décès, appartient au monastere ou ils demeurent ; ou s’ils font résidence à leur bénéfice, la cote-morte appartient au monastere d’où dépend le bénéfice. Voyez Louet & Brodeau, lett. R, n. 42.

Mais si le bénéfice dont un religieux est pourvû est un bénéfice-cure, comme il vit en son particulier & séparé de la communauté, il possede aussi en particulier tout ce qu’il y amasse, soit des épargnes des revenus de sa cure ou autrement ; & ce religieux curé a sur ce pécule clérical le même pouvoir qu’un fils de famille a sur son pécule castrense ou quasi-castrense, pour en disposer par toutes sortes d’actes entre-vifs : mais il ne peut en disposer à cause de mort ; le bien qu’il laisse en mourant, soit meubles ou immeubles, est compris sous le terme de cote-morte, & le tout appartient à la paroisse dont le religieux étoit curé, & non pas à son monastere, quand même ce monastere auroit droit de présenter à la cure. On adjuge ordinairemement quelque portion du mobilier aux pauvres de la paroisse, & le surplus des biens meubles & immeubles à la fabrique, suivant les arrêts rapportés dans Chopin, de sacrâ politiâ, lib. III. tit. j. n. 2. & dans Soefve. Voyez le tr. des minorités de M. Meslé, ch. jv. n. 12. (A)

Il n’y a point de cote morte à l’égard d’un religieux devenu évêque ; il a pour héritier ses parens. Voyez Louet & Brodeau, lett. E, n. 4. & l’art. 336. de la coût. de Paris. Voyez aussi les mém. du clergé, édit. de 1716, tome IV. pag. 1355. & suiv. (A)

Cote-part, voyez ci-devant Cote.

Cote de Piece, voyez ci-devant Cote d’Inventaire.

Cote d’un Sac, est la même chose que cote d’un dossier. Voyez ci-devant Cote d’un dossier.

Cote de Sel, est la quantité de sel que chacun est obligé de prendre à la gabelle, dans les pays voisins des salines où le sel se distribue par impôts.

On appelle aussi cote de sel, l’article où chacun est employé sur le rôle de la répartition du sel.

La cote de sel de chaque particulier se regle à proportion de son état & de la consommation qu’il peut faire, à raison de quatorze personnes par minot. Voyez Gabelle, Grenier à Sel, Grenier d’Impôt, & Sel. (A)

CÔTE, s. f. (Anat.) long os courbé, placé sur les côtés du thorax dans une direction oblique, tendante obliquement en en-bas par rapport à l’épine.

Ces segmens osseux tiennent aux vertebres du dos, & forment les parties latérales du thorax. Il y en a ordinairement douze de chaque côté, qui sont articulées par derriere avec les corps des douze vertebres du dos, & qui par-devant se joignent la plûpart avec le sternum par des cartilages, tant immédiatement que médiatement. Elles sont toutes convexes en dehors, concaves en-dedans, & lissées de

ce côté par l’action des parties internes, qui par cette raison peuvent les heurter sans danger.

Elles sont en partie osseuses & en partie cartilagineuses ; ces cartilages sont presque tous de la même figure que les côtes mêmes, mais ils ne sont pas tous de la même grandeur ; ils deviennent quelquefois si durs, qu’on ne peut plus les séparer avec le scalpel.

Les côtes se divisent en vraies & en fausses ; les vraies sont les sept supérieures ; on leur donne le nom de vraies, parce qu’elles décrivent un demi-cercle plus parfait que les autres, & en se joignant postérieurement au corps des vertebres, elles s’unissent par-devant, par le moyen de leurs cartilages, immédiatement au sternum, avec lequel elles ont une ferme articulation. Les cinq côtes inférieures s’appellent fausses, parce qu’elles n’atteignent pas le sternum par leurs cartilages ; mais la premiere s’attache seulement par son cartilage à celui de la septieme des vraies, sans laisser aucun espace entre deux, & quelquefois aussi par des espaces. Les côtes qui suivent s’attachent les unes aux autres, à l’exception de la derniere qui est libre.

La figure des côtes est demi-circulaire, & les supérieures sont plus courbées que les inférieures ; aussi ne sont-elles pas de la même longueur ni de la même largeur. La premiere est plus courte, plus applatie, & plus large que les autres, & les moyennes ont plus de longueur que les supérieures & les inférieures ; mais la derniere est la plus courte de toutes.

On considere aux côtes deux sortes de parties, leur corps & leurs extrémités. Le corps de la côte est ce qui en fait la portion moyenne & la principale ; elles sont plus grosses à leur partie supérieure qu’à l’inférieure, excepté la premiere qui est fort plate ; & c’est par-là que l’on peut d’abord connoître, parmi un grand nombre de côtes, quelles sont les droites ou les gauches.

Les côtes sont articulées avec les vertebres de telle maniere, qu’elles vont en descendant obliquement de derriere en-devant, faisant des angles aigus avec les vertebres ; ensuite elles montent obliquement de bas en haut, & se joignant par le moyen de leurs cartilages au sternum, elles forment des arcs. Mais ici l’articulation des côtes est plus serrée que celle qui se fait avec les vertebres du dos, à cause que le sternum se meut avec les côtes, au lieu que les vertebres n’obéissent pas à leurs mouvemens.

Les côtes servent 1°. à la fermeté de la poitrine, & à former sa cavité ; ensorte que la dilatation de cette partie contribue à fournir aux parties supérieures du bas-ventre un espace commode pour se placer. 2°. Elles servent d’appui à quelques parties voisines, & aux muscles de la respiration. 3°. Elles servent de défense aux visceres contenus dans la cavité de la poitrine.

A ces idées générales joignons quelques remarques particulieres sur cet organe de la respiration, où le Créateur a fait briller la géométrie la plus exacte, & dont l’examen a le plus occupé les Physiciens.

1°. On sait que l’élevation des côtes qui sont naturellement abaissées, dilate la cavité de la poitrine, & que leur abaissement la retrécit. On a encore observé que cette dilatation se fait en divers sens, entre les deux rangs des côtes, & de derriere en-devant. Ce sont les articulations doubles des côtes avec les vertebres qui accomplissent cette méchanique ; car par-là le mouvement des côtes devient ginglymoïde, ou comme celui des charnieres.

2°. Plus les côtes s’éloignent du sternum, plus elles sont étroites, rondes & serrées ; mais elles s’applatissent & deviennent plus larges à mesure qu’elles en approchent. Leurs extrémités ont un bord supé-