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du glacis, lorsqu’on est établi sur le haut du glacis. (Q)

Crête ou Paté, (Jard.) est un terme de terrassier, qui signifie une élévation ou butte de terre que l’on trouve en dressant un terrein, & qu’il faut arraser. (K)

Crete, voyez Candie.

CRÊTÉ, adj. terme de Blason ; il se dit des coqs, à cause de leur crête.

Vaugué en Vivarès, d’azur au coq d’argent, crété & barbelé de gueules.

CRETENETS, s. m. plur. (Hist. ecclés.) communauté d’ecclésiastiques, fondée vers le milieu du dernier siecle par M. Cretenet.

CRETENISTES, s. f. pl. (Hist. ecclés.) sœurs de la congrégation de S. Joseph, ainsi appellées d’un chirurgien de Champlite en Bourgogne nommé Cretenet, qui les institua dans plusieurs lieux.

CRETINS, s. m. plur. (Hist. mod.) on donne ce nom à une espece d’hommes qui naissent dans le Valais en assez grande quantité, & sur-tout à Sion leur capitale. Ils sont sourds, muets, imbecilles, presque insensibles aux coups, & portent des goêtres pendans jusqu’à la ceinture ; assez bonnes gens d’ailleurs, ils sont incapables d’idées, & n’ont qu’une sorte d’attrait assez violent pour leurs besoins. Ils s’abandonnent aux plaisirs des sens de toute espece, & leur imbecillité les empêche d’y voir aucun crime. La simplicité des peuples du Valais leur fait regarder les Cretins comme les anges tutélaires des familles, & ceux qui n’en ont pas se croyent assez mal avec le ciel. Il est difficile d’expliquer la cause & l’effet du Cretinage. La malpropreté, l’éducation, la chaleur excessive de ces vallées, les eaux, les goêtres même, sont communs à tous les enfans de ces peuples. Ils ne naissent pas cependant tous Cretins. Il en mourut un à Sion pendant le séjour que fit en cette ville M. le comte de Maugiron, de la société royale de Lyon ; on ne voulut point lui permettre de le faire ouvrir. Il s’est borné à examiner (apparemment sur le vivant) les deux sexes ; il n’y a rien remarqué extérieurement d’extraordinaire que la peau d’un jaune fort livide. Voyez Valais. Ce détail est tiré d’un mémoire de M. le comte de Maugiron, dont l’extrait nous a été communiqué, & qui a été lu à la société royale de Lyon. (O)

* CRETONNE, s. f. (Manus. en toile.) toile blanche, ainsi nommée de celui qui en a fabriqué le premier ; elle a la chaîne de chanvre, & la trame de lin[1] ; la largeur & la longueur des pieces varient beaucoup. Il y a des cretonnes fines, grosses, & moyennes. Voyez les dict. du Comm. & de Trév.

CREVANT, (Géog. mod.) petite ville de France en Bourgogne, sur la riviere d’Yonne.

CREVASSE à la levre, labri sulcium, (Mal.) symptome concomitant des écroüelles, des fievres, de la chaleur augmentée, de la gale, des dartres, de l’enchifrenement, de la fievre maligne, & des maladies pestilentielles. Voyez Gersure.

Crevasse, en Bâtiment ou Architecture, est une fente ou un éclat qui se fait à un enduit qui boufe. (P)

Crevasse, (Maréch.) les Maréchaux appellent ainsi des fentes qui viennent aux paturons & aux boulets des chevaux, & qui rendent une eau rousse & puante. Dict. de Trév. (V)

CREVECŒUR, (Géog. mod.) petite ville de France dans les Pays-bas au Cambrésis, sur l’Escaut.

CREVELT, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne dans le cercle de Westphalie, au comté de Meurs, au roi de Prusse.

* CREVER, v. act. c’est rompre avec effort, soit en détruisant la continuité de dehors en-dedans,

comme à une peau de tambour ; soit en la détruisant de dedans en-dehors, comme à une vessie ; soit d’un côté à l’autre, comme à un papier.

Crever un cheval, (Manege.) c’est l’outrer & le fatiguer extraordinairement par de trop longues courses. (V)

Crever, Crevures, Crevasses, en Gravure ; on se sert de ces termes pour exprimer les endroits où les tailles sont confondues dans l’ouvrage, soit par le défaut de l’eau-forte, ou par l’incapacité du graveur qui a donné des coups de burin qui se confondent les uns dans les autres.

CREVET, en termes d’Aiguilletier, est une sorte de lacet qui ne peut être que de tresse, ferré par un bout en forme de croix, & par l’autre à l’ordinaire, avec lequel les femmes se lacent en échelle. Voyez Échelle de rubans.

CREVETTE, (Hist. nat.) Voyez Squille.

CREVILLE, (Géog. mod.) petite ville de France dans la basse Normandie, sur la riviere de Seille.

* CREVONS, s. m. terme de Pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Poitou, ou des sables d’Olone ; ce sont de petites pêcheries ou parcs de pierres formés par la nature entre les rochers dont cette côte est couverte. Comme les tempêtes y sont fort ordinaires, ils se trouvent souvent bouleversés d’une marée à autre ; & comme il n’y a aucun platin de sable depuis la rive de l’est de la baie du Perray jusqu’aux sables d’Olonne, le frai & le poisson du premier âge ne peuvent y séjourner, & encore moins s’y former. Les battures sont trop grandes pour y prendre d’autres poissons que les ronds, & les plats fuyent toûjours les roches & les fonds de cette espece : aussi ces sortes de pêcheries sont-elles toutes d’une forme très-irréguliere, & ajustées au terrein sur lequel on les a faites. Il n’y a point d’autre retenue d’eau que des perches plantées aux égoûts, sans gonnes, bourgnes, ni nasses ; & c’est pour les distinguer des pêcheries bâties de pierres & amoncelées, que les riverains nomment celles-ci des crévons. Lorsqu’il leur arrive d’être détruits ou comblés, les riverains ne s’embarrassent point de les réparer ou de les nettoyer.

CREUSAGE, s. f. (Gravure en bois.) c’est dans la nouvelle maniere de préparer le bois pour graver les lointains, &c. l’action de le creuser aux places nécessaires avec la gouge, & de le polir avec le grattoir à creuser. V. Creuser & Gravure en bois. Article de M. Papillon.

CREUSE (la), Géog. mod. riviere de France qui prend sa source dans la haute Marche, & se jette dans la Vienne.

CREUSER, v. act. & n. c’est en général pratiquer une profondeur ; selon la nature de la profondeur, la creusure s’appelle trait, crenelure, cannelure, rigole, rainure, &c.

Creuser, (Gravure en bois.) c’est, dans la nouvelle maniere, ajuster le bois pour y graver ensuite les lointains & parties éclairées ; maniere pratiquée pour la premiere fois en 1725, par M. Papillon, & perfectionnée depuis. Elle consiste, 1°. à creuser avec la gouge ces endroits peu à peu, artistement & assez, pour que les balles en touchant la planche n’y mettent point trop d’encre, & que le papier posé dessus en imprimant, n’y atteignant que legerement, ces parties ne viennent point trop dures & trop noires à l’impression, & ne soient pas d’égale teinte ou force, que celles qui forment les grandes ombres : 2°. à se servir de quelque grattoir à creuser, pour polir & unir ces fonds, afin de pouvoir dessiner dessus & les graver. Voyez à Gravure en bois, immédiatement après les principes de cet art, la maniere de faire proprement ce creusage. Article de M. Papillon.

  1. Voir Erratum tome V, p. 1011.