Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couvert, opposé au bastion auquel ils appartiennent. Voyez Fortification. (Q)

ECHARS, s. m. (à la Monnoie.) il se dit de l’aloi d’une piece au-dessous du titre prescrit par les ordonnances. Une monnoie est en échars, lorsqu’elle est au-dessous du degré de fin qu’elle devroit avoir. Voyez Echarseté.

Echars, adj. (Marine.) on dit quelquefois vent échars, que le vent n’est ni favorable ni fixe, & qu’il saute de moment en moment d’un rhumb à l’autre. (Z)

ECHARSER, v. n. (Mar.) on dit le vent écharse, lorsqu’il est foible, inconstant, & peu favorable pour faire route. (Z)

ECHARSETÉ, adj. (à la Monnoie.) toute piece de monnoie qui est au-dessous du titre prescrit par les ordonnances, abstraction faite du remede de loi, est dite écharseté.

Les ordonnances sont formelles contre les écharsetés ; le directeur qui en est convaincu est condamné à restitution, lorsqu’elles sont legeres : mais si l’écharseté est trop loin du remede, il est des punitions plus rigoureuses. Echarseter, c’est tromper & le roi & l’état. Voyez l’article Monnoie.

ECHASSE, s. f. en Architecture, regle de bois mince en maniere de latte, dont les ouvriers se servent pour jauger les hauteurs & les retombées des voussoirs, & les hauteurs des pierres en général. (P)

Echasses d’échafaud, (Architecture.) grandes perches debout, nommées aussi baliveaux, qui liées & entées les unes sur les autres, servent à échafauder à plusieurs étages, pour ériger les murs, faire les ravalemens & les regrattemens. (P)

Echasse, (Coupe des pierres.) est une regle de bois de quatre piés de long & de trois pouces de large, divisée en piés, pouces, & lignes, dont les appareilleurs se servent pour y marquer les hauteurs, longueurs, épaisseurs dont ils ont besoin, pour les porter commodément dans le chantier, où ils voyent les pierres qui leur conviennent, & en donnent les mesures. (D)

ECHAUDÉ, s. m. (Jard.) figure triangulaire que l’on donne souvent à une piece de bois, lorsque le terrein ou quelque autre raison y assujettit. Les échaudés & gateaux étoient autrefois triangulaires, ce qui aura pû donner le nom à cette figure. (K)

Echaudé, (Patissier.) c’est une petite piece de pâtisserie faite d’une pâte mollette, détrempée dans du levain, du beurre, & des œufs. Il y a des échaudés au sel, dans lesquels on ne met que du sel, sans beurre ni œufs ; au beurre, dans lesquels ni œufs ni sel ; & aux œufs, dans lesquels on ne met que des œufs.

* ECHAUDOIR, s. m. (Bouch.) il se dit & des chaudieres où les Bouchers Tripiers font cuire les abbatis de leurs viandes, & des lieux où sont placées ces chaudieres.

* Echaudoir, (Teinture, Draperie, &c.) il se dit aussi & des chaudieres & des lieux où ces ouvriers dégraissent leurs laines.

ECHAUFFAISON, s. f. ECHAUFFEMENT, s. m. (Medecine.) on appelle ainsi vulgairement toute maladie qui est causée par une trop grande agitation du corps, qui en augmente la chaleur. (d)

ECHAUFFANT & ECHAUFFEMENT, (Thérapeutique & Pathologie.) La qualité échauffante est proprement attribuée à un remede, à un aliment, & même à toute cause non-naturelle, qui peut produire l’état de chaleur animale augmenté, que nous avons décrit à l’article Chaleur animale contre nature (Med. prat.) ; & l’échauffement est cet état.

Le véritable caractere de l’échauffant, pris dans ce sens précis, est que son action puisse s’étendre jusqu’à

exciter la fievre dans le plus grand nombre de sujets.

Les effets manifestes de l’action plus modérée des remedes échauffans, pour ne parler d’abord que des médicamens, doivent être de porter la chaleur animale à un degré intermédiaire, entre la chaleur naturelle & la chaleur fébrile ; mais cet état qui seroit l’échauffement proprement dit, n’a pas été assez exactement déterminé : & peut-être lorsqu’il se soûtient pendant un certain tems, ne differe-t-il pas essentiellement de la fievre.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas par l’augmentation réelle de chaleur que se détermine l’incommodité appellée communément échauffement Un sentiment incommode de chaleur dans toute l’habitude du corps, ou dans diverses parties ; une disposition à la sueur, ou une sueur actuelle ; la soif plus ou moins pressante ; de fréquentes envies d’uriner, suivies d’une évacuation peu abondante d’urines rouges & fœtides, & qu’on trouveroit apparemment trop peu aqueuses ; la constipation, les démangeaisons de la peau, les rougeurs au visage, le saignement de nez, les paroxysmes vifs & douloureux d’hémorrhoïdes seches ; l’insomnie ou le sommeil leger, inquiet, & interrompu ; une pente violente & continuelle aux plaisirs de l’amour ; l’image la plus complette de ces plaisirs, souvent présentée dans les songes, avec ou sans émission de semence ; les érections fréquentes : voilà les symptomes qui constituent l’incommodité généralement connue sous le nom d’échauffement.

Les remedes qui peuvent produire tous ces symptomes, ou le plus grand nombre, sont : les corps actuellement chauds, soit qu’on les prenne intérieurement, tels que l’eau, le thé, & les autres boissons de cette espece, avalées très-chaudes ; soit qu’on les applique extérieurement, comme un bain très chaud, les vins & liqueurs spiritueuses, les alkalis volatils, animaux, & végétaux ; les sucs, les eaux distillées, les décoctions, les infusions, ou les extraits des plantes alkalines ; les plantes à saveur vive, analogue à celle des précédentes, comme ail, oignon, capucine, &c. les plantes aromatiques, âcres, ou ameres, les baumes, les huiles essentielles, les résines, & les gommes-résines, les martiaux ou préparations du fer, tous les vrais sudorifiques, & les diurétiques vraiment efficaces ; tous les aphrodisiaques reconnus, comme les cantharides, dont la dangereuse efficacité n’est pas douteuse, les truffes, les artichaux, les champignons, &c. s’il est vrai ce que le proverbe publie de la merveilleuse vertu de ces végétaux, les épispastiques, & les caustiques appliqués extérieurement. Voyez tous ces articles particuliers.

Tous les remedes que nous venons de nommer, sont des échauffans légitimes ; ils en ont la propriété distinctive. Leur usage immodéré peut allumer la fievre, & ils sont distingués par-là d’une foule de prétendus échauffans, connus dans les traités de matiere médicale, & dans le jargon ordinaire de la Medecine, sous le nom d’incisifs, d’atténuans, de remedes qui foüettent, qui brisent le sang & la lymphe, &c. Voyez Incisif. Parmi ces remedes chauds exactement altérans, presque tous indifférens, ou du moins sans vertu démontrée, aucun n’est peut-être plus gratuitement qualifié que l’écrevisse ou la vipere. Voyez Ecrevisse & Vipere.

Quant aux alimens échauffans, on ne sait point encore par expérience qu’il y ait des alimens proprement dits, qui possedent d’autre propriété que la qualité nutritive. Ainsi tout ce que les auteurs des traités de diete nous ont dit sur la qualité échauffante de la chair de certains animaux ; ce que des medecins d’une école très-célebre pensent des bouillons de bœuf, qu’ils se garderoient bien de permettre