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dans les maladies aiguës ; ce qu’on nous raconte de la chair des vieux animaux, sur-tout des mâles des animaux lascifs : tout cela n’est pas plus réel, du moins plus constaté que les dogmes du galénisme sur la même matiere. Voyez Galénisme & Qualité.

Les alimens ne paroissent donc être réellement échauffans, que par les assaisonnemens ; & le medecin peut, en variant ces assaisonnemens, ou en les supprimant, prescrire un régime échauffant, rafraîchissant, indifférent, &c.

Au reste, les alimens quels qu’ils soient, même considérés avec leurs assaisonnemens, sont à-peu-près indifférens dans l’état sain, où ils le deviennent par l’habitude ; ce n’est que dans la maladie, dans la convalescence, ou pour un sujet foible & valétudinaire, qu’il importe de défendre ou de prescrire des alimens échauffans. Voyez Régime.

Outre les médicamens & les alimens, il est plusieurs autres causes d’échauffement auquel notre corps est exposé. Un climat chaud, un jour chaud, une saison chaude, un soleil brûlant, en un mot la chaleur extérieure, échauffe réellement. Voyez Climat, Eté, & Soleil. L’exercice violent échauffe, la veille échauffe ; l’exercice vénérien échauffe, mais plus encore l’appétit vénérien non-satisfait, surtout lorsqu’il est irrité par la présence de certains objets, ou qu’il s’est emparé d’une ame livrée à toute l’énergie de ce sentiment dans une retraite oisive ; l’étude opiniâtre, la méditation profonde & continue échauffent ; le jeûne échauffe ; les austérités, & sur-tout la flagellation, échauffent très-considérablement ; le jeu échauffe ; les fréquens acces de plusieurs passions violentes échauffent, &c. Voyez tous ces articles particuliers, & Chaleur animale contre nature. Il faut observer que toutes les causes dont il s’agit ici, sont des échauffans proprement dits ; mais qui different des médicamens échauffans, en ce que l’action des premiers n’est efficace qu’à la longue, & qu’ils procurent aussi un échauffement plus constant, plus opiniâtre, un échauffement chronique : au lieu que l’action des derniers est plus prompte, & qu’ils produisent aussi un effet plus passager, une incommodité qu’on pourroit appeller aiguë, en la comparant à la précédente.

Les échauffans sont très-redoutés dans la pratique moderne (Voyez Chaleur contre nature), & jamais on ne s’avise de prescrire un échauffant comme tel ; l’effet échauffant n’est jamais un bien, un secours indiqué ; l’échauffement n’est pas un changement avantageux que le praticien se propose : c’est toûjours un inconvénient inévitable, attaché à un secours utile d’ailleurs.

Quant à la maniere de remédier à l’effet excessif des échauffans, aux inconvéniens qui suivent leur application, à l’échauffement maladif en un mot, voy Chaleur animale contre nature. (b)

ECHAUFFÉ, adj. (Maréchallerie & Manége.) bouche échauffée. On donne un coup de corne à un cheval qui a la bouche échauffée. Voyez Corne.

* ECHAUFFÉE, s. f. (Fontaines salantes.) C’est ainsi qu’on nomme dans ces fontaines le premier travail du salinage.

ECHAUFFEMENT, subst. m. (Maréchallerie.) Un échauffement excessif cause la courbature aux chevaux. Voyez Courbature.

ECHAUFFER, v. act. (Agriculture & Jardinage.) un terrein, c’est l’amander par de bons engrais (K)

Echauffer, s’échauffer sur la voie, (Vénerie.) c’est la suivre avec ardeur.

ECHAUGUETTE, s. f. (Fortificat.) loge de sentinelle, loge de bois ou de maçonnerie faite pour garantir la sentinelle des injures de l’air.

Ces loges se placent ordinairement dans les fortifications sur les angles flanqués des bastions, sur

ceux de l’épaule, & quelquefois dans le milieu de la courtine. Voyez Guérite. Harris & Chambers. (Q)

* ECHAULER, (Œconomie rustique.) c’est arroser le blé qu’on veut semer de chaux amortie dans de l’eau. Il y a des provinces où cela se pratique encore. Pour cet effet on met neuf à dix seaux d’eau froide dans un baquet ; on y jette environ vingt-trois livres de chaux vive. On ajoûte là-dessus un seau d’eau chaude ; on remue jusqu’à ce que la chaux soit éteinte, alors on prend une corbeille d’osier ; on y met du blé ; on plonge la corbeille pleine dans le baquet ; l’eau de chaux y entre & comble le blé ; on a un morceau de bois, on tourne & retourne le blé dans cette eau ; on enleve la corbeille, l’eau s’ensuit ; on la laisse s’égoutter dans le baquet ; on ôte le grain de la corbeille ; on l’expose ou au soleil sur des draps, ou à l’air dans un grenier ; & l’on recommence la même opération sur de l’autre blé dans la même eau, jusqu’à ce qu’on en ait assez d’échaulé : On le laisse reposer quinze à seize heures ; passé ce tems on le remue toutes les quatre heures, jusqu’à ce qu’il soit bien sec. Alors on le seme.

Il y a des laboureurs qui échaulent autrement. Ils font un lit de blé de l’épaisseur de deux pouces ; ils l’arrosent d’eau claire, puis ils répandent dessus un peu d’alun & de chaux pulvérisés ; ils font un second lit de la même épaisseur qu’ils arrosent pareillement d’eau claire, & sur lequel ils répandent aussi de l’alun & de la chaux pulvérisés, & ainsi de suite, stratum super stratum. Cela fait, ils remuent le tas, le relevent dans un coin, l’y laissent un peu suer, & s’en servent ensuite pour semer.

* ECHAUX, s. m. pl. (Œconomie rustique.) rigoles ou fossés destinés à recevoir les eaux, après qu’elles ont abreuvé une prairie. Les échaux veulent être entretenus avec soin, écurés de tems en tems. On les appelle aussi fossés d’égouts.

ECHÉANCE, s. f. (Jurisprud.) est le jour auquel on doit payer ou faire quelque chose.

L’échéance d’une obligation, promesse, lettre de change, est le terme auquel doit se faire le payement sur l’échéance des lettres de change. Voyez au mot Lettres de change.

Dans les délais d’ordonnance, tels que ceux des ajournemens ou assignations, l’échéance est le jour qui suit l’extrémité du délai ; car on ne compte point le jour de l’échéance dans le délai, dies termini non computatur in termino ; de sorte, par exemple, qu’un délai de huitaine est de huit jours francs, c’est-à-dire que l’on ne compte point le jour de l’exploit, & que l’échéance n’est que le dixieme jour. Voyez Délai.

Au contraire dans les délais de coûtume, le jour de l’échéance est compris dans le délai ; ainsi quand la coûtume donne an & jour pour le retrait lignager, il doit être intenté au plus tard dans le jour qui suit l’année révolue, depuis qu’il y a ouverture au retrait. Voyez Retrait. (A)

ECHECS, s. m. pl. (Jeu des) Le jeu des échecs que tout le monde connoît, & que très-peu de personnes jouent bien, est de tous les jeux où l’esprit a part, le plus savant, & celui dans lequel l’étendue & la force de l’esprit du jeu peut se faire le plus aisément remarquer. Voyez Jeu.

Chaque joüeur a seize pieces partagées en six ordres, dont les noms, les marches, & la valeur sont différentes. On les place en deux lignes de huit pieces chacune, sur un échiquier divisé en soixante-quatre cases ou quarrés, qui ne peuvent contenir qu’une piece à la fois. Chaque joüeur a une piece unique qu’on nomme le roi. De la conservation ou de la perte de cette piece dépend le sort de la partie. Elle ne peut être prise, tant qu’il lui reste quelque moyen de parer les coups qu’on lui porte. La surprise n’a point lieu à son égard dans cette guerre,