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à genoux, le troisieme fort courbé, le quatrieme un peu moins courbé, & le cinquieme passe le bout de son mousquet par-dessus l’épaule du quatrieme rang ; & ils tirent ainsi sans s’offenser l’un ni l’autre, comme nous avons expérimenté souvent ». Doctrine militaire, pag. 449. (Q)

EMBOITER, v. act. (Comm.) mettre ou serrer quelque marchandise dans une boîte, pour la garantir de la pluie, &c. Ce terme signifie souvent la même chose qu’encaisser. Voyez Encaisser. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

Emboîter, (Hydraul.) c’est enchâsser un tuyau dans un autre ; ce qui se pratique en posant des tuyaux de bois ou de grès pour conduire les eaux. (K)

Emboîter, (à la Monnoie.) c’est prendre l’acte des deniers de boîte, tant avant qu’après l’essai. Voy. Boîte d’essai.

EMBOITURE, (Marine.) Voyez Enocure.

Emboîture, s. f. terme de Menuiserie, est une barre de bois de trois ou quatre pouces de large plus ou moins, suivant l’ouvrage, d’épaisseur & longueur convenables, que l’on met à tenons & mortaises, & rainures au bout des planches, lorsqu’elles sont toutes assemblées & destinées pour des portes, des contre-vents, des tables, &c. Voyez nos figures dans les Planches de Menuiserie.

EMBOIRE, se dit, en Peinture, lorsque les couleurs à l’huile, avec lesquelles on peint un tableau, deviennent mattes, & perdent leur luisant au point qu’on ne discerne pas bien les objets.

Lorsqu’on peint sur un fond de couleur qui n’est pas bien sec, celles qu’on met dessus s’emboivent en séchant. On remédie à cet inconvénient lorsque ce qu’on a peint est bien sec, en passant du vernis ou un blanc d’œuf battu dessus. (R)

EMBOLI, (Géog. mod.) ville de Macédoine dans la Turquie européenne ; elle est située sur la riviere de Stromona. Long. 41.38. lat. 40.55.

EMBOLISME, s. m. (Chronologie.) signifie une intercalation. Voyez les articles Mois & Intercalaire.

Les Grecs se servoient de l’année lunaire, qui est de 354 jours ; & afin de l’approcher de l’année solaire, qui est de 365, ils ajoûtoient tous les deux ou trois ans un embolisme, c’est-à-dire un treizieme mois lunaire ; & ce mois sur-ajoûté ils l’appelloient embolismeus, parce qu’il étoit inséré ou intercalé. Harris & Chambers. Voyez An.

Ce mot, ainsi que les trois suivans, est grec, & vient d’ἐμϐάλλειν, mettre & jetter dedans. Voyez Embolismique. (O)

EMBOLISMIQUE, adj. intercalaire, se dit, en Chronologie, des mois sur-ajoûtés que les Chronologistes inserent pour former le cycle lunaire de dix-neuf ans. Voyez Intercalaire.

Comme dix-neuf années solaires sont composées de 6939 jours & 18 heures, & que dix-neuf années lunaires ne font ensemble que 6726, on a trouvé que pour égaler le nombre des dix-neuf années lunaires aux dix-neuf solaires, qui font le cycle lunaire de dix-neuf années, il étoit nécessaire d’intercaler ou insérer sept mois lunaires de 209 jours, lesquels, avec les quatre jours bissextiles qui arrivent dans cet intervalle, font 213, & le tout ensemble fait 6939 jours. Voyez Cycle.

Au moyen de ces sept mois embolismiques ou surajoûtés, les 6939 jours & 18 heures des dix-neuf années solaires, se trouvent à-peu-près employés dans le calendrier. Voyez Mois.

Dans le cours de dix-neuf ans il y a 228 lunes communes, & sept mois embolismiques. En voici la distribution.

Chaque 3e, 6e, 9e, 11e, 14e, 17e, & 19e années

sont embolismiques, & par conséquent de 384 jours. C’est la méthode que les Grecs ont suivie dans le calcul du tems, quand ils se sont servis de l’ennéadécatéride, ou cycle de dix-neuf ans ; mais ils ne l’ont pas observé constamment, comme il paroît que les Juifs l’ont fait.

Les mois embolismiques sont comme les autres mois lunaires, quelquefois de 30 jours, & quelquefois de 29 seulement. Voyez An.

Les épactes embolismiques sont celles qui sont depuis XIX. jusqu’à XXIX ; & on les appelle embolismiques, parce qu’en ajoûtant l’épacte qui est XI, elles excedent le nombre XXX ; ou piûtôt parce que les années qui ont ces épactes sont embolismiques, ayant 13 Lunes dont la treizieme est embolismique. Voyez Epacte. Wolf, élémens de Chronologie, & Chambers.

Les Turcs ne se servent point du mois embolismique ; aussi le commencement de leur année est vague : mais ils ont des jours embolismiques. Les 44 minutes dont une lunaison surpasse 29 jours & demi, font environ 11 jours en 30 ans : or les Turcs répandent ces 11 jours sur 30 années lunaires, ensorte qu’il y a 11 années qui ont un jour de plus ; savoir la 2e, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26, & 29, & le commencement de leur année lunaire ne retombe avec l’année solaire qu’au bout de 34 années lunaires, ou environ 33 solaires.

Au reste, comme l’année lunaire commune de 354 jours & l’année solaire tropique different de 11 jours 5 heures & 4 minutes, il s’ensuit que pour accorder l’année lunaire avec la solaire, il faudroit ajoûter en 100 ans 34 mois de 30 jours & 4 de 31 jours, & qu’au bout de six siecles il faudroit encore changer cet ordre, parce qu’il reste 4 heures 21 minutes, qui en six siecles font environ un jour. (O)

EMBOLON, (Art milit.) disposition de troupes chez les anciens, rangées sur peu de front & beaucoup de hauteur. Voyez Coin. (Q)

EMBOLUS, (Hydr.) terme latin qui répond à piston. Voyez Piston.

EMBONPOINT, s. m. (Med.) ce mot s’est formé de trois dictions françoises : de la préposition en, dont l’n se change en m devant b, de l’adjectif bon, & du substantif point ; de sorte qu’embonpoint signifie l’état d’une personne qui est en bon point, c’est-à-dire en bon état, en bonne santé. Quelques-uns écrivent embompoint.

Hippocrate donne une très-belle description de l’embonpoint (præcept. jx. 1 seq.) ; il le fait consister dans une disposition naturelle bien proportionnée de toutes les parties du corps, qui sont pleines de bons sucs, dans un juste rapport avec les forces des solides qui les contiennent, dans une vigueur ferme & constante, & dans une facilité à l’exercice des fonctions qui ne s’altere pas aisément. Hippocrate établit aussi que pour joüir d’un embonpoint complet, optanda est & ejusmodi dispositio quæ aliena sit ab ingenii tarditate. Saint-Evremond dit de même, « que pour joüir d’un embonpoint parfait, une bonne disposition de l’ame veut quelque chose de plus animé que l’état tranquille. »

L’embonpoint, dont on ne juge ordinairement que par l’apparence, s’annonce par un visage plein dont la peau est assez tendue ; d’un teint vif & frais, qui ne soit que modérément enluminé ; par les membres charnus & peu chargés de graisse ; par l’agilité du corps dans ses mouvemens, &c. Voyez Santé.

On se sert cependant communément de ce terme embonpoint dans un sens qui lui est moins propre : on l’employe pour exprimer la constitution d’un corps gras, replet, qui n’est souvent rien moins qu’en bonne santé ; lorsqu’il est trop abondant en humeurs, même de bonne qualité, en graisse sur-tout, ce qui