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liers de s’y prêter. Dans ceux où l’objet seroit important & l’opération trop dispendieuse, un avantage aussi sur mériteroit peut-être l’attention & le concours du gouvernement. Nous avons fait sentir l’influence que les paturages ont sur toute l’agriculture, par la multiplication des troupeaux & des engrais. Souvent une seule chaussée pourroit faire d’un marais inutile & malsain, une prairie féconde & un étang bien empoissonné.

Les prés ont cet avantage sur les terres, que l’engrais est la seule culture qu’ils demandent. Dans tous les lieux voisins des grandes villes, où la consommation des fourrages est sûre, on les regarde comme précieux ; mais ils le sont aussi dans les endroits les plus reculés, par toutes les ressources que fournit le bétail qu’ils nourrissent.

Les terres de toute espece, excepté le sable pur, sont un très bon engrais pour les prés. Nous n’entendons parler ici que des terres proprement dites ; il n’est pas d’usage d’y répandre de la marne ni de la craie. Nous croyons cependant que dans les prés extrèmement froids, ces deux engrais mis en petite quantité pourroient réussir ; mais nous n’avons pas d’expériences là-dessus. Le parcage des moutons est excellent dans les prés un peu froids, & le fumier de vache dans ceux qu’on appelle haut-prés. Le parcage qui comme nous l’avons dit est très-utile aux terres, nous paroît avoir encore du côté de l’abondance un meilleur effet pour les prés. Nous disons du côté de l’abondance, parce que tous les fumiers, & surtout celui des moutons, donnent la premiere année au fourrage une odeur & un goût qui rebute le bétail au premier abord ; mais il s’y accoûtume peu-à-peu. L’abondance doit d’ailleurs être le premier & peut-être le seul objet des cultivateurs. En voilà assez pour que l’on soit instruit de l’importance dont les engrais sont dans l’agriculture, & de la maniere dont ils doivent être employés. Les jardins de fleurs, les potagers, les serres où l’on force un grand nombre de plantes à croître sous un ciel étranger, ont aussi des préparations d’engrais qui leur sont propres ; mais nous n’entrerons point ici dans les détails de cette culture particuliere. Cet article est de M. le Roy, lieutenant des chasses de Versailles.

ENGRAISSER un cheval. (Manege, Maréchall.) Voyez Nourriture.

ENGRÊLÉ, ad. en terme de Blason, se dit des pieces honorables de l’écu, qui sont bordées de petites dents fort menues dont les côtés s’arrondissent un peu. Gadagne à Florence, de gueules à la croix engrêlée d’or.

* ENGRELURE, s. f. (Dentelle.) C’est ainsi qu’on appelle le pié de la dentelle. L’engrelure se fait en même tems que la dentelle. Voyez l’art. Dentelle.

On donne le même nom à une espece d’ouvrage qui se fait comme la dentelle au fuseau, avec le fil de Malines & sur le coussin, qui a depuis la largeur la plus petite jusqu’à la plus grande de la dentelle.

On se sert de cette derniere engrelure, soit pour redonner un pié à la dentelle lorsqu’elle passe par cet endroit, soit pour lui servir de monture, soit pour unir deux dentelles, &c.

ENGRENAGE, s. m. (Horlogerie.) en général, signifie en méchanique la maniere dont les dents d’une roue entrent dans les aîles d’un pignon, & dont elles agissent sur ces aîles pour le faire tourner. V. Dent, Roue, Pignon, Aile, &c.

C’est une chose d’une grande importance dans les machines, que la perfection des engrenages. Car s’ils ne sont pas faits avec précision, il en résulte de grands frotemens, beaucoup d’usure, & quelquefois même des arrêts. Comme ceci est traité plus au long à l’article Dent, nous y renvoyons.

Deux grands défauts qu’on doit éviter dans un

engrenage, c’est qu’il soit trop fort ou trop foible. Dans le premier cas, les dents de la rouë sont sujettes à quoter, c’est à-dire, que les deux pointes de deux dents voisines vont toucher les deux faces opposées des deux ailes du pignon ; de sorte que ni la roue ni le pignon ne peuvent se mouvoir. Dans le second, les extrémités des aîles du pignon sont sujettes à toucher & à arcbouter lorsqu’elle se présente à la dent qui les doit pousser ; d’où il résulte très-souvent des arrêts : il est à propos même de remarquer que c’est le défaut le plus ordinaire des engrenages. Ces deux défauts ont encore un autre inconvénient ; c’est qu’il est impossible que la roue mene le pignon uniformément, avantage très-important dans un engrenage ; car sans cela, dans une montre par exemple, les roues agissant sur les pignons, tantôt plus, tantôt moins avantageusement ; on est forcé d’employer une puissance capable de vaincre les résistances des frotemens, &c. dans les cas les plus desavantageux de l’action des roues sur les pignons, & par conséquent supérieure, & quelquefois de beaucoup, à celle que l’on auroit employée si cette action s’étoit faite uniformément. Voyez Chûte, Engrener.

Les engrenages sont sujets à varier, & surtout à devenir plus foibles, par l’usure des trous dans lesquels roulent les pivots des roues & des pignons ; mais c’est à quoi on doit tâcher de remedier par la disposition respective de ces roues. V. Calibre. (T)

* Engrenage, machine à (Horloger.) C’est une machine à l’aide de laquelle on résout avec facilité le problème qui auroit l’énoncé suivant. Une roue à dent étant donnée de position, trouver tous les points sur lesquels le centre d’une autre roue étant placé, elles feront l’une avec l’autre un engrenage déterminé.

Voyez cet instrument parmi ceux de l’Horlogerie, fig. 75. les parties ABba, ABba, sont assemblées & se meuvent librement sur l’axe Bb qui les traverse ; elles forment toujours dans quelque position qu’elles soient deux angles égaux AAB, aab. Les baguettes de fer ou parties Cc, & Cc, sont paralleles & mobiles horisontalement. Pour résoudre le problème soit le pignon d pris entre les baguettes cc ; ouvrez l’angle AAB à discrétion ; prenez la roue D entre les baguettes C, C ; rendez les baguettes immobiles, par le moyen des vis A, A, a, a ; refermez l’angle AAB jusqu’à ce que la roue D fasse avec le pignon d, ou le pignon d avec la roue D, l’engrenage cherché. Fixez alors l’angle AAB, en serrant la vis E sur le quart du cercle qui traverse les branches ab, ab. Cela fait, portez l’extrémité C sur un plan en quelque point donné ; & de ce point C comme centre, & de l’intervalle Cc, décrivez avec l’extrémité c une circonférence. Il est évident que si le centre du pignon d est placé sur cette circonférence en quelque point que ce soit, il formera l’engrenage cherché avec la roue D donnée de position. Ou du point c donné sur un plan, du centre c & de l’intervale Cc, decrivez avec l’extrémité C une circonférence. Il est évident que si le centre de la rouë D est placé sur cette circonférence eu quelque point que ce soit, elle formera l’engrenage cherché avec le pignon d, qui dans ce cas est donné de position.

ENGRENER la pompe, (Marine) c’est faire monter dans la pompe l’eau qui reste au fond du vaisseau pour faire sortir dehors ce qui peut être resté. (Z)

Engrener, voyez Engrainer.

Engrener, v. neut. (Horlogerie) se dit en méchanique, de la maniere dont les dents d’une roue entrent dans les ailes d’un pignon, & de celle dont elles agissent sur ces ailes pour le faire tourner. Voyez Roue, Dent, Pignon, Aile, Engrenage, Machine à engrenage, &c.

On dit qu’une rouë engrene trop lorsque la quantité