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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/767

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comme dans une étroite prison. Le desir d’éterniser sa gloire est un enthousiasme qui nous aggrandit, qui nous éleve au dessus de nous-mêmes & de notre siecle ; & quiconque le raisonne n’est pas digne de le sentir. « Mépriser la gloire, dit Tacite, c’est mépriser les vertus qui y menent » : contempta famâ, virtutes contemnuntur. Article de M. Marmontel.

Gloire, en Peinture, c’est la représentation d’un ciel ouvert & lumineux, avec des anges, des saints, &c. Mignard a peint au Val-de-Grace une gloire.

Gloire ; les Artificiers donnent ce nom à un soleil fixe d’une grandeur extraordinaire, de quarante jusqu’à soixante piés de diametre.

GLORIA PATRI, s. m. terme de Liturgie ; ce mot est purement latin ; on l’employe en françois dans la suite du discours comme les autres mots. On entend par celui-ci le verset qui se dit à la fin des pseaumes, & en tant d’autres occasions, à la messe, à l’office & dans toutes les prieres que l’Église récite. Le mot de gloria est le premier mot de ce verset par lequel on glorifie la sainte Trinité. Voyez Doxologie.

On appelle quelquefois ce verset du nom des deux premiers mots par où il commence.

On tient que ce fut le pape Damase qui dans l’année 368, ordonna qu’à la fin de chaque pseaume on chanteroit le gloria patri. Baronius croit que cela étoit en usage du tems des apôtres ; mais que l’usage n’en étoit pas si commun qu’il l’a été depuis les commencemens de l’arianisme, qu’il devint comme une profession de foi contre ces hérétiques.

Le cinquieme canon du concile de Vaison tenu en 529 porte : « on récitera dans nos églises le nom du pape ; & après gloria patri, on ajoûtera sicut erat in principio, comme on fait à Rome, en Afrique & en Italie, à cause des hérétiques qui disent que le Fils de Dieu a commencé dans le tems ». Fleury, hist. eccles. liv. XXXII. tit. xij. pag. 268.

Gloria in excelsis est encore une espece d’hymne que l’on chante dans le service divin, qui commence par les mots gloria in excelsis Deo, & in terra pax hominibus, &c. Gloire soit à Dieu, &c. que les anges chanterent à la naissance de Jesus-Christ, c’est pourquoi on l’appelle aussi hymne angélique. ou le cantique des anges. Diction. de Trév. & Chamb. (G)

GLORIEUSE, s. f. (Hist. nat. Ichtiolog.) poisson de mer qui ne differe de la pastenague qu’en ce qu’il a la tête plus apparente, le bec moins pointu, & semblable à la tête d’un crapaud ; c’est pourquoi à Genes on a donné à ce poisson le nom de rospo, qui signifie un crapaud ; on l’a aussi appellé ratepenade, parce qu’il ressemble en quelque sorte à une chauvesouris par la forme du corps. Le nom de glorieuse vient de ce qu’il nage lentement & avec une sorte de gravité ; la chair en est molle & de mauvais goût. Rondelet, hist. des poissons, liv. XII. chap. ij. Voyez Pastenague & Poisson.

GLOSSAIRE, s. m. (Belles-Lettres.) recueil alphabétique en forme de dictionnaire des termes difficiles, barbares, hors d’usage, d’une langue morte ou corrompue, avec l’explication de ces termes, laquelle en conséquence est appellée glose.

Ce mot est formé de γλῶσσα, qui originairement signifie langue, & qui a depuis signifié non seulement toute locution obscure, étrangere, inusitée, mais encore (ce qui est assez singulier) l’interprétation même de ces sortes de locutions.

Les Anglois encouragent noblement ce genre d’étude sec & rebutant, depuis qu’ils ont éprouvé combien les antiquités saxonnes ont été débrouillées par le glossaire du chevalier Henri Spelman ; il l’intitula glossarium archæologicum, & le publia à Londres en 1626, in folio.

L’Europe entiere connoît l’utilité des glossaires de M. du Cange pour l’intelligence des usages du bas-empire

& des siecles suivans. Le glossaire grec de ce laborieux érudit mort en 1688, forme comme on sait 2 volumes, & le glossaire latin 6 vol. in folio, de l’édition de 1733. M. l’abbé Carpentier continue ce dernier ouvrage avec un zele infatigable.

Il nous manquoit un glossaire françois, mais M. de Sainte-Palaye, de l’académie royale des Inscriptions, ne peut que l’exécuter avec gloire. Les travaux de ce genre sont longs & pénibles ; le public en joüit avec fruit & facilité, & jamais avec assez de reconnoissance. Voyez Dictionnaire. (D. J.)

GLOSSOCATOCHE, s. m. instrum. de Chirurgie, espece de speculum oris ; c’est une pincette dont on se sert pour abaisser la langue, & la coller, pour ainsi dire, contre les parties inférieures de la bouche & du gosier, afin de découvrir jusque dans son fond les maladies qui peuvent y survenir, y appliquer les remedes, & y pouvoir opérer. Des deux branches antérieures de cet instrument, celle qui se met dans la bouche est une espece de palette alongée, mince, polie, arrondie par son extrémité, inclinée pour s’accommoder à la pente de la langue, & longue d’environ quatre pouces sur dix lignes de large. L’autre branche qui s’applique sous le menton est faite en fourchette plate ou en forme de fer à cheval : les fourchons sont éloignés l’un de l’autre d’environ quinze lignes ; ils ont un pouce & demi de long, & se terminent par un bouton aussi applati & en forme de mamelon.

Le corps de cet instrument est l’endroit de l’union des deux branches qui se fait par jonction passée, ainsi l’une de ces branches est mâle & l’autre femelle.

Les extrémités postérieures de ces branches doivent être un peu applaties, legerement convexes du côté du dehors & planes en-dedans ; leur longueur est d’environ cinq pouces & demi. Voyez la fig. 1. Planche XXIII. de Chirurgie.

Glossocatoche est un mot dérivé du grec γλωσσοκάτοχος, formé de γλῶσσα, lingua, langue, & de κατέσχω detineo, j’arrête, je retiens (Y)

GLOSSOCOME, s. m. γλωσσόκομον, instrument de Chirurgie dont on se servoit autrefois pour réduire les fractures & les luxations des cuisses & des jambes, pour faire en même tems l’extension & la contre-extension. Voyez Fracture & Luxation.

Ce mot est grec, & vient de γλῶσσα, langue, & de κομεῖν, avoir soin ; les anciens donnoient ce nom à un petit coffre dans lequel ils mettoient les langues des hautbois pour les conserver.

Cette machine consiste en un coffre où l’on étend la jambe ou la cuisse, au bas duquel il y a un tour, & à côté vers le haut deux poulies, une de chaque côté : on attache des courroies à plusieurs chefs au-dessus, & au-dessous de l’endroit où est la fracture, les courroies d’en bas sont attachées à l’essieu dont elles sont près ; celles d’en-haut après avoir passé par les poulies reviennent à l’essieu auquel elles sont aussi attachées ; de sorte que par le même mouvement en faisant agir le tour, on tiroit en-haut la partie de la jambe avec la cuisse qui est au-dessus de la fracture, & en-bas la partie qui est au-dessous. Voyez la figure dans Ambroise Paré. (Y)

Glossocome. terme de Méchanique, est un mot que Heron donne à une machine composée de plusieurs roües dentées, garnies de leurs pignons, qui sert à élever de grands fardeaux. Dictionnaire de Trévoux & Chambers.

GLOSSOIDE, s. m. (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes à des pierres qui ressembloient par leur figure à la langue d’un homme ; cette configuration ne peut être regardée que comme un effet du hasard, ou ce qu’on appelle un jeu de la nature. Voyez supplément de Chambers.