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grec ou latin composé de six piés ; voyez Pied & Vers. Ce mot est grec, ἑξάμετρον, composé d’ἕξ, six, & μέτρον, pié ou mesure.

Les quatre premiers piés d’un vers hexametre peuvent être indifféremment dactyles ou spondées, mais le dernier doit être nécessairement un spondée, & le pénultieme dactyle. Tel est celui-ci d’Homere,

Εἰς ὕδωρ μ᾽ ἔῤῥιψας, ἔχει θεὸς ἔκδικον ὄμμα,


& celui-ci de Virgile,

Discite justitiam moniti & non temnere divos.

Les hexametres se divisent en héroïques, qui doivent être graves & majestueux : & en satyriques, qui peuvent être négligés comme ceux d’Horace. Voyez Héroique.

Les poëmes épiques, comme l’Iliade & l’Enéide, sont composés de vers hexametres ; les élégies & les épitres de vers hexametres & pentametres. Voyez Pentametre.

Quelques poëtes anglois & françois ont voulu faire des vers hexametres en ces deux langues, mais ils n’ont pû y réussir. Jodelle en fit le premier essai en 1553, par un distique qu’il fit à la louange d’Olivier de Magny, & que Pasquier regarde comme un petit chef-d’œuvre. Le voici :

Phœbus, Amour, Cypris, veut sauver, nourrir & orner
Ton vers & ton chef, d’ombre, de flamme, de fleurs.


Mais ce genre de poésie ne plut à personne. Les langues modernes ne sont point propres à faire des vers, dont la cadence ne consiste qu’en syllabes longues & breves. Voyez Quantité, Vers, &c. Dict. de Trévoux. (G)

HEXAMILLON, s. m. (Hist. mod.) nom d’une muraille célebre que l’empereur Emanuel fit bâtir sur l’isthme de Corinthe en 1413, pour mettre le Péloponnese à couvert des incursions des Barbares. Elle a pris son nom de ἕξ, six, & μίλιον qui en grec vulgaire signifie mille, à cause qu’elle avoit six milles de longueur.

Amurat II. ayant levé le siége de Constantinople en 1424, démolit l’hexamillon, quoiqu’il eût auparavant conclu la paix avec l’empereur grec.

Les Vénitiens le rétablirent en 1463, au moyen de 30000 ouvriers qu’ils y employerent pendant quinze jours, & le couvrirent d’une armée commandée par Bertold d’Est, général de l’armée de terre, & Louis Lorédaur, général de celle de mer.

Les infideles furent repoussés après avoir fait plusieurs tentatives, & obligés de se retirer de son voisinage. Mais Bertold ayant été tué peu de tems après au siége de Corinthe, Bertino Calcinato qui prit le commandement de l’armée, abandonna à l’approche du Beglerbey la défense de la muraille, qui avoit couté des sommes immenses aux Vénitiens, ce qui donna la facilité aux Turcs de s’en rendre maîtres, & de la démolir entierement. (G)

HEXAPLES, s. f. (Hist. eccles.) bible disposée en six colonnes, qui contient le texte & les différentes versions qui en ont été faites, recueillies & publiées par Origene ; voyez Bible. Ce mot est formé d’ἕξ, six, & ἁπλόω, j’explique, je débrouille.

Eusebe (hist. eccles. lib. VI. cap. xvj.) rapporte qu’Origene étant de retour d’un voyage qu’il fit à Rome sous Caracalla, s’appliqua à l’étude de l’Hébreu, & commença à ramasser les différentes versions des livres sacrés, & à en composer des tétraples & des hexaples. Il y a cependant des auteurs qui prétendent qu’il ne commença cet ouvrage que sous Alexandre, après qu’il se fut retiré de la Palestine en 231. Voyez Tétraples.

Pour comprendre ce que c’étoit que les hexaples d’Origene, il faut savoit qu’outre la traduction des

livres sacrés appellée la version des Septante, & faite sous Ptolomée Philadelphe, plus de 200 ans avant J. C. l’Ecriture avoit encore depuis été traduite en grec par d’autres interpretes. La premiere de ces versions, ou la seconde en comptant celle des septante, étoit celle d’Aquila, qui la fit vers l’an 140. La troisieme étoit celle de Symmaque, qui parut à ce que l’on croit sous Marc Aurele La quatrieme étoit celle que Théodotien donna sous Commode. La cinquieme fut trouvée à Jéricho, la septieme année de l’empire de Caracalla, 217 de J. C. La sixieme fut découverte à Nicopolis sur le cap d’Actium en Epire, vers l’an 228. Origene en trouva une septieme, qui ne comprenoit que les pseaumes.

Origene, qui avoit eu souvent à disputer avec les Juifs en Egypte & en Palestine, remarquant qu’ils s’inscrivoient en faux contre les passages de l’Ecriture qu’on leur citoit des Septante, & qu’ils en appelloient toujours à l’hébreu ; pour défendre plus aisément ces passages, & mieux confondre les Juifs, en leur faisant voir que les Septante n’étoient point contraires à l’hébreu, ou du moins pour montrer par ces différentes versions ce que signifioit l’hébreu, il entreprit de réduire toutes ces versions en un seul corps avec le texte hébreu, afin qu’on pût aisément & d’un coup d’œil confronter ces versions & le texte.

Pour cet effet, il mit en huit colonnes d’abord le texte hébreu en caracteres hébreux, puis le même texte en caracteres grecs, & ensuite les versions dont nous avons parlé. Tout cela se répondoit verset par verset, ou phrase par phrase, vis-à-vis l’une de l’autre, chacune dans sa colonne. Dans les pseaumes, il y avoit une neuvieme colonne pour la septieme version. Origene appella cet ouvrage hexaple, ἑξαπλᾶ, c’est-à-dire, sextuple, ou ouvrage à six colonnes, parce qu’il n’avoit égard qu’aux six premieres versions greques.

S. Epiphane, qui comptoit les deux colonnes du texte, a appellé cet ouvrage octaple, à cause de ses huit colonnes. Voyez Octaple.

Ce fameux ouvrage a péri il y a long-tems ; mais quelques anciens auteurs nous en ont conservé des morceaux, sur-tout S. Chrysostome sur les pseaumes, Philoponus dans son hexameron. Quelques modernes en ont aussi ramassé les fragmens, entr’autres Drusius & le P. Montfaucon.

Cependant comme cette collection d’Origene étoit si considérable que peu de personnes étoient en état de se procurer un ouvrage si cher dans un tems où l’on ne connoissoit encore que les manuscrits, Origene lui même l’abrégea ; & pour cet effet il publia la version des Septante, à laquelle il ajoûta des supplémens pris de celle de Théodotion dans les endroits où les Septante n’avoient point rendu le texte hébreu, & ces supplémens étoient designés par une astérique ou étoile. Il ajoûta de plus une marque particuliere en forme d’obélisque ou de broche aux endroits où les Septante avoient quelque chose qui n’étoit point dans l’original hébreu ; & ces notes ou signes qui étoient alors en usage chez les grammairiens, faisoient connoître du premier coup d’œil ce qui étoit de plus ou de moins dans les Septante que dans l’Hébreu, & par-là les Chrétiens pouvoient prévoir les objections des Juifs tirées de l’Ecriture ; mais dans la suite les copistes négligerent les astériques & les obélisques, ce qui fait que nous n’avons plus la version des Septante dans sa pureté. Voyez Septante & Version. Simon, hist. critiq. du vieux testam. Dupin, biblioth. des auteurs eccl. Fleury, hist. eccles. tom. II. liv. VI. n°. 11. p. 138. & suiv. (G)

HEXASTYLE, s. m. terme d’Architecture, qui a six colonnes de front. Ce mot est composé de ἕξ, six, & στῦλος, colonne.