Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/43

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aller, parce que le jour précédent on ne lui en avoit point su gré. Il marchait nu-pieds sur la neige, & faisait d’autres choses semblables, que nous avons rapportées. Il essaya même de manger de la chair crue, mais il ne continua pas. Ayant trouvé un jour l’Orateur Démosthène, qui dînait dans une taverne ; & celui-ci se retirant, Diogène lui dit, Tu ne fais, en te retirant, qu’entrer dans une taverne plus grande. Des étrangers souhaitant de voir Démosthène, il leur montra son doigt du milieu tendu, en disant, Tel est celui qui gouverne le peuple d’Athènes[1]. Voulant corriger quelqu’un qui avoit laissé tomber du pain, & avoit honte de le ramasser, il lui pendit un pot de terre au cou, et dans cet équipage le promena par la Place Céramique[2]. Il disoit, qu’il faisait comme les maîtres de musique, qui changeoient leur ton pour aider les autres à prendre celui qu’il fallait. Il disoit aussi que beaucoup de gens passoient pour fous à cause de leurs doigts, parce que si quelqu’un portait le doigt du milieu tendu, on le regardait comme un insensé ; ce qui n’arrivait point, si on portait le petit doigt tendu. Il se plaignait de ce que les choses précieuses coûtoient moins que celles qui ne l’étoient pas tant,




  1. C’est-à-dire qu’il étoit fou, comme cela est expliqué quelques lignes plus bas.
  2. On dit qu’on appelait ainsi plusieurs endroits d’Athènes, & entre autres un endroit où on enterrait ceux qui étoient morts à la guerre. Voyez le Trésor d’Etienne.