Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/34

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chaînés, ce n’est plus une école, car elle n’a pas de dogmes.

Voilà ce que nous avions à dire sur les commencements et les parties de la philosophie, sur les diverses écoles et la succession des doctrines.

Dans ces derniers temps[1], Potamon d’Alexandrie a fondé une nouvelle école qu’il appelle éclectique ; sa méthode consiste à choisir dans toutes les autres doctrines ce qui lui paraît juste et raisonnable. Il admet, comme il le dit lui-même dans ses Principes, que la vérité a pour critérium, d’une part, la faculté qui juge, c’est-à-dire la faculté régulatrice ; de l’autre, ce qui est la base du jugement, à savoir une représentation exacte de l’objet. Les principes de toutes choses sont, selon lui : la matière, l’agent, l’acte[2] et le lieu ; c’est-à-dire ce dont et ce pourquoi les choses sont faites, comment et où elles sont. Il dit aussi que le but unique de tous nos efforts doit être une vie ornée de toutes les perfections, sans excepter les biens du corps, ceux du moins que comporte la nature, et les biens extérieurs.

Passons maintenant à l’histoire des philosophes, à commencer par Thalès.

  1. C’est-à-dire vers le commencement du troisième siècle de notre ère. Voyez l’Introduction.
  2. Ποίησις. Ce mot ne peut être pris ici que dans un sens passif ; il exprime l’effet par opposition à la cause ou à l’agent ; c’est à peu près ce qu’Aristote appelle « la réalisation de la forme dans la matière. »