Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/539

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Épicure emploie toujours le mot propre, et Aristophane le grammairien blâme à ce sujet la vulgarité de ses expressions. Il tenait tellement à la clarté que dans son traité de Rhétorique il ne recommande pas d’autre qualité. À la formule réjouissez-vous, il substituait dans ses lettres : agissez bien — vivez honnêtement.

Quelques-uns de ses biographes prétendent qu’il avait composé le traité intitulé Canon, d’après le Trépied de Nausiphane, dont il avait été disciple, et qu’il avait aussi suivi, à Samos, les leçons de Pamphilus le platonicien. Ils ajoutent qu’il s’adonna à la philosophie dès l’âge de douze ans, et devint chef d’école à trente-deux. Il était né, suivant les Chroniques d’Apollodore, la troisième année de la cent neuvième olympiade, sous l’archontat de Sosigène, le huit du mois Gamélion, sept ans après la mort de Platon. À l’âge de trente-deux ans, il établit son école à Mitylène, puis à Lampsaque ; après avoir enseigné cinq ans dans ces deux villes, il passa à Athènes, où il mourut âgé de soixante-douze ans, la seconde année de la cent vingt-septième olympiade, sous l’archontat de Pytharate. Il eut pour successeur le fils d’Agémarque, Hermarchus de Mitylène. On lit dans les lettres de ce dernier qu’Épicure mourut de la pierre, après quatorze jours de maladie. Suivant Hermippus il se fit mettre dans un bain chaud et demanda un peu de vin pur ; lorsqu’il l’eut bu, il recommanda à ses amis de ne point oublier ses doctrines et mourut quelques instants après. J’ai fait à ce sujet les vers suivants :

« Adieu, souvenez-vous de mes doctrines. » Telles furent les dernières paroles d’Épicure mourant à ses amis ; il entra dans un bain chaud, prit un peu de vin pur et alla ensuite boire les eaux glacées du Styx.