Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/560

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perceptible à l’intelligence, un mouvement continu dans une même direction, mais bien une série de mouvements oscillatoires desquels résulte en dernière analyse un mouvement continu perceptible aux sens. Si donc on supposait, en vertu du raisonnement sur les invisibles[1] que dans des intervalles de temps accessibles à la pensée les atomes ont un mouvement continu, on se tromperait, car ce qui est conçu par la pensée est vrai, tout aussi bien que ce qui est directement perçu[2].

Revenons maintenant à l’étude des affections et des sensations[3] ; ce sera le meilleur moyen de prouver que l’âme est une substance corporelle, composée de particules extrêmement déliées, répandue dans tous les membres du corps et offrant une grande analogie avec une sorte de souffle mêlé de chaleur, semblable enfin tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ces deux principes[4]. Il existe en elle une partie spéciale, douée d’une extrême mobilité par suite de la ténuité plus grande des principes qui la composent et par cela même en rapport de sympathie plus immédiat avec le reste du corps. C’est ce que démontrent suffisamment les facultés de l’âme, les passions, la mobilité de sa nature, les pensées, en un mot tout ce dont la privation est pour nous la mort. On doit admettre que c’est dans l’âme surtout qu’est le principe de la sensation. Toutefois, elle ne posséderait pas ce pouvoir si elle n’était enveloppée par le reste du corps qui le lui communique et le reçoit d’elle à son tour, mais seulement dans certaine mesure ; car il y a certaines affections de l’âme dont il n’est pas capable. C’est pour cela que, l’âme évanouie, le corps ne possède plus la


    construisons ainsi cette phrase, à l’aide des manuscrits de la Bibliothèque royale : Ἀλλὰ μὴν καὶ κατὰ τὰς συγκρίσεις οὐ θάττων ἑτέρα ἑτέρας ῥηθήσεται, τῶν ἀτόμων ἰσοταχῶν οὐσῶν, τῷ ἐφ' ἕνα τόπον φέρεσθαι τὰς ἐν τοῖς ἀθροίσμασιν ἀτόμους καὶ κατὰ τὸν ἐλάχιστον συνεχῆ χρόνον, εἰ μὴ ἐφ' ἕνα κατὰ τοὺς λόγῳ θεωρητοὺς χρόνους, ἀλλὰ πυκνὸν ἀντικόπτουσιν ἕως ἂν ὑπὸ τὴν… κ. τ. λ.

  1. Sur les choses qui ne sont pas directement perçues par les sens.
  2. Il faut ajouter, pour compléter le raisonnement : Et la pensée conçoit qu’il doit y avoir non un seul mouvement continu, mais une série de mouvements.
  3. Je rétablis le texte des manuscrits : Δεῖ συνορᾷν ἀναφέροντα ἐπὶ τὰς
  4. Souffle et chaleur.