Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/570

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joindre d’autres apports successifs. Il ne faut pas se contenter, dans cette question, de dire, comme un des physiciens, qu’il y a réunion des éléments, tourbillonnement dans le vide, sous l’influence de la nécessité, et que le corps ainsi produit s’accroît ensuite jusqu’à ce qu’il vienne se heurter contre un autre ; car cette doctrine est contraire aux apparences.

Le soleil, la lune et les autres astres se formèrent d’abord isolément et furent ensuite embrassés dans l’ensemble du monde. Tous les autres objets que renferme notre monde, par exemple la terre et la mer, se formèrent ainsi spontanément et s’accrurent ensuite par l’adjonction et le tourbillonnement de substances légères, composées d’éléments de feu ou d’air, ou même de ces deux principes à la fois[1]. Cette explication, du reste, est d’accord avec les données des sens.

Quant à la grandeur du soleil et des autres astres, elle est, au point de vue de la connaissance, ce qu’elle parait être. — [La même doctrine se trouve reproduite dans le onzième livre de la Physique, où il dit : « Si la distance lui faisait perdre de sa grandeur, à plus forte raison lui ôterait-elle son éclat ; car la couleur n’a pas, plus que la grandeur, la propriété de traverser sans altération la distance.[2]] » Mais, considéré en lui-même, le soleil peut être ou un peu plus grand ou un peu plus petit qu’il ne paraît, ou tel que nous le voyons ; car c’est précisément là ce qui a lieu pour les objets enflammés que les sens perçoivent à distance[3]. Du reste, toutes les difficultés sur ce point seront facilement résolues, si l’on s’attache à l’évidence des perceptions, comme je l’ai montré dans les livres sur la Nature.

Le lever et le coucher du soleil, de la lune et des autres

  1. Le texte reçu est inintelligible. Je rétablis celui des manuscrits qui donne du moins un sens raisonnable : Ἥλιός τε καὶ σελήνη καὶ τὰ λοιπὰ ἄστρα καθ' ἑαυτὰ γενόμενα, ὕστερον ἐμπεριελαμϐάνετο ὑπὸ τοῦ κόσμου· καὶ ὅσα γε δὴ σῴζει ἀλλα (scilicet ό κόσμος), εὐθὺς διεπλάττετο καὶ αὔξησιν ἐλάμϐανεν — ὁμοίως δὲ καὶ γῆ καὶ θάλαττα — κατὰ προσκρίσεις
  2. Je lis avec un manuscrit : Ἄλλῳ γαρ τούτῳ συμμετρώτερον διάστημα οὐθέν ἐστι.
  3. C’est-à-dire : ils paraissent ou un peu plus grands ou un peu plus petits qu’ils ne sont en réalité, ou bien avec leurs véritables dimensions.