Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/571

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astres peut tenir à ce qu’ils s’allument et s’éteignent alternativement et dans l’ordre que nous voyons. On peut aussi donner de ce phénomène d’autres raisons qui ne sont point contredites par les apparences sensibles : ainsi il peut s’expliquer par le passage des astres au-dessus et au-dessous de la terre ; car les données des sens s’accordent aussi avec cette supposition.

Quant à leur mouvement, on peut le faire dépendre du mouvement circulaire du ciel tout entier ; on peut supposer aussi que les astres se meuvent, le ciel étant immobile. Car rien n’empêche qu’à l’origine, lors de la formation du monde, ils aient reçu fatalement une impulsion d’orient en occident, et que maintenant le mouvement se continue par suite de leur chaleur, le feu se portant naturellement en avant, pour chercher l’aliment qui lui convient.

Les mouvements de conversion[1] du soleil et de la lune peuvent tenir, soit à l’obliquité fatalement imprimée au ciel à certaines époques déterminées, soit à la résistance de l’air, soit à ce que ces corps ignés ont besoin d’être alimentés par une matière appropriée à leur nature[2], et que cette matière leur fait défaut ; soit enfin à ce qu’ils ont reçu, à l’origine, une impulsion qui les force et se mouvoir ainsi en décrivant une spirale. L’évidence sensible ne contredit en rien ces diverses suppositions et toutes celles du même genre qu’on peut faire en ayant toujours égard à ce qui est possible, et en ramenant chaque phénomène à ses analogues dans les faits sensibles, sans s’inquiéter des misérables spéculations des astronomes.

Les phases de la lune peuvent tenir ou à un mouvement de conversion de cet astre, ou aux diverses formes qu’adopte l’air enflammé, ou bien à l’interposition d’un autre corps, ou enfin à quelqu’une des causes par lesquelles on rend compte des phénomènes analogues qui se passent sons nos yeux. À moins pourtant qu’on ne veuille adopter obstinément un mode exclusif d’explication, et que, faute de connaître ce qu’il est possible à l’homme d’expliquer et ce qui est inaccessible à son intelligence, on ne se jette dans des spéculations sans issue.

Il peut se faire aussi que la lune ait une lumière propre, ou qu’elle réfléchisse celle du soleil. Car nous voyons autour de nous beaucoup d’objets lumineux par eux-mêmes, et beaucoup d’autres qui n’ont qu’une lumière d’emprunt. En un mot,

  1. Le mouvement intertropical.
  2. Manuscrit : Ἐπιτήδειας ἐχομένοις ἐμπιπραμένοις.