Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/598

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à fait à l’insu de Plotin, un portrait parfaitement ressemblant.

II.

Tourmenté par une maladie d’entrailles, il ne voulut jamais recourir aux lavements ; il ne faisait pas non plus usage de thériaque, sous prétexte qu’il s’abstenait même de la chair des animaux domestiques[1]. Il ne prenait point de bains ; mais chaque soir il se faisait frictionner chez lui. Cependant, lorsque ceux dont il employait les services eurent succombé aux ravages de la peste[2], il négligea même ces précautions, et l’absence de soins développa peu à peu chez lui le germe d’une esquinancie aiguë. Tant que je fus auprès de lui, je ne remarquai aucun symptôme de ce mal ; mais j’ai su par mon ami Eustochius, qui resta auprès de lui jusqu’à sa mort, qu’après mon départ la maladie fit de rapides progrès : sa voix, si claire et si sonore, s’éteignit ; l’enrouement survint ; sa vue s’obscurcit ; ses mains et ses pieds se couvrirent d’ulcères. Ses amis en vinrent à éviter sa rencontre, parce qu’il avait coutume d’appeler chacun d’eux à haute voix par son nom ; ce que voyant, il quitta Rome et se retira en Campanie, dans la maison de campagne de Zéthus, un de ses anciens amis, qui l’avait précédé au tombeau. Il avait pour subvenir à ses besoins les produits de l’héritage de Zéthus et ce qu’on lui envoyait de biens de Castricius, à Minturnes ; car Castricius avait là des propriétés. Je tiens d’Eustochius,

  1. Il entrait dans la composition de la thériaque de la chair de vipère.
  2. Il s’agit ici de la peste qui sévit à Rome l’an 262, sous le règne de Galien.