Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/599

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qu’à l’époque de la mort de Plotin, il habitait lui-même à Pouzzoles, et arriva un peu tardivement auprès de notre maître commun : aussitôt que Plotin l’aperçut, il lui dit : « Je t’attendais ; maintenant je vais m’efforcer de réunir ce qu’il y a de divin en moi au Dieu universel ; » et à ces mots il rendit le dernier soupir. On vit à ce moment un serpent glisser sous le lit où il était couché et disparaître dans une fente du mur. Plotin avait alors soixante-six ans, à ce que m’a dit Eustochius ; l’empereur Claude régnait depuis deux ans. À cette époque, je me trouvais à Lilybée ; Amélius était à Apamée, en Syrie, et Castricius à Rome. Eustochius seul assista à ses derniers moments. Si, en partant de la seconde année du règne de Claude, on remonte soixante-six ans plus haut, on trouve que sa naissance correspond à la treizième année du règne de Sévère[1]. Du reste, il n’avait fait connaître à personne ni le mois ni le jour où il était né. Il ne voulait pas qu’on célébrât par des sacrifices et des festins l’anniversaire de sa naissance ; et cependant il offrait lui-même des sacrifices et recevait ses amis aux jours consacrés par l’usage pour l’anniversaire de Socrate et de Platon. Il avait même voulu que chacun de ses compagnons, — ceux du moins qui le pourraient, — lût dans ces réunions un travail de sa composition. Malgré le secret dont il environnait ses premières années, j’ai recueilli de sa propre bouche, dans nos nombreux entretiens, les détails suivants.

III.

Il n’avait pas encore quitté sa nourrice à l’âge de huit ans, lorsque déjà il suivait les leçons d’un maître

  1. Septime Sévère, l’an 205.