Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/600

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de grammaire, et il la tetait avec une telle avidité, qu’il lui déchirait les seins. À la fin cependant, ayant entendu dire qu’il était un enfant insupportable, il eut honte et cessa ses importunités. À l’âge de vingt-huit ans, il s’adonna à la philosophie et étudia sous les maîtres les plus renommés alors dans Alexandrie. Mais bientôt, peu satisfait de leur enseignement, triste et chagrin, il les quitta et fit part à un ami de ses déceptions. Celui-ci, comprenant les dispositions de son âme, le conduisit à Ammonius, qu’il ne connaissait pas encore. À peine l’eut-il entendu, qu’il dit à son ami : « Voila celui que je cherchais, » et, à partir de ce moment, il resta attaché à Ammonius. Il fit avec lui de tels progrès dans la philosophie, qu’il sentit le besoin d’aller plus loin encore, et résolut d’étudier les doctrines des Perses et la philosophie des Indiens. Dans ce but, il s’attacha à l’armée de Gordien qui partait alors pour une expédition contre les Perses. — Plotin avait à cette époque trente-neuf ans, étant resté onze années entières avec Ammonius. — Mais Gordien ayant été tué en Mésopotamie, il eut grand’peine à s’échapper et à atteindre Antioche. Il se rendit à Rome l’année suivante, à l’âge de quarante ans, sous le règne de Philippe.

Érennius, Origène et Plotin s’étaient mutuellement engagés à ne rien divulguer des doctrines secrètes qu’Ammonius leur avait dévoilées dans ses entretiens. Plotin resta fidèle à sa promesse ; il admettait, à la vérité, quelques amis à ses entretiens, mais il gardait religieusement le secret promis aux doctrines d’Ammonius. Érennius viola le premier la convention, et Origène suivit son exemple. Toutefois ce dernier n’écrivit rien, excepté un traité sur les Démons ; et, sous le règne de Galien, un livre intitulé : Que le roi seul