Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/74

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Sosicrate prétend qu’il vint à Athènes vers la quarante-huitième olympiade, sous l’archontat d’Eucratès. Hermippe rapporte, de son côté, qu’il se présenta un jour chez Solon et lui fit annoncer par un serviteur qu’Anacharsis le Scythe était à sa porte, qu’il désirait le voir et lui offrait même de devenir son hôte, si cela était possible. Solon lui ayant fait répondre qu’il ne pouvait y avoir de rapports d’hospitalité qu’entre habitants d’une même patrie, il entra et dit qu’il était maintenant dans sa patrie, et qu’il pouvait dès lors s’unir par les liens de l’hospitalité. Frappé de l’à-propos de cette réponse, Solon l’admit et contracta avec lui une étroite amitié.

De retour en Scythie, il songeait à changer les lois du pays pour y substituer celles de la Grèce, lorsque son frère le perça d’une flèche dans une partie de chasse. Il s’écria en mourant que, grâce à la philosophie, il était sorti sain et sauf de la Grèce, pour venir dans sa patrie succomber aux traits de l’envie. D’autres prétendent qu’il fut tué au moment où il faisait un sacrifice selon le rite des Grecs. J’ai fait sur lui cette épigramme :

Anacharsis de retour en Scythie, après de longues pérégrinations,
Propose à ses compatriotes d’adopter les mœurs de la Grèce ;
Mais sa bouche n’a pas encore achevé cette parole
Qu’une flèche ailée le ravit à l’instant parmi les immortels.

Il disait que la vigne porte trois espèces de fruits : le plaisir, l’ivresse, le repentir. Il s’étonnait de ce que dans les concours, les Grecs fissent juger les artistes par des gens qui ne l’étaient pas. On lui demandait quel était le meilleur moyen de se garantir de l’ivrognerie : « C’est, dit-il, de se représenter la dégradation des gens ivres. »